Dans un rapport explosif, Zineb El Adaoui, présidente de la Cour des comptes, a dévoilé que les hausses répétées des carburants ne reflètent pas les fluctuations des marchés pétroliers mondiaux. Elles sont principalement liées à des failles internes, notamment la faiblesse des infrastructures de stockage qui ne permettent qu'une autonomie de soixante jours, et le manque de diversité dans les réseaux d'approvisionnement. Le Maroc a subi, vendredi 17 janvier, une nouvelle hausse des prix des carburants. Un rapport accablant de la Cour des comptes vient rappeler les profondes failles structurelles qui gangrènent ce secteur stratégique. Dans un contexte marqué par une flambée généralisée du coût de la vie, les pratiques du lobby pétrolier, dominé par des intérêts privés, continuent de peser lourdement sur les ménages. Parmi les acteurs majeurs de ce marché, le groupe Akwa, propriété du chef du gouvernement Aziz Akhannouch, détient à lui seul 60 % des parts. Des hausses décorrélées des marchés internationaux Selon les conclusions de la Cour des comptes, les augmentations répétées des prix des carburants ne peuvent être exclusivement imputées aux fluctuations des marchés mondiaux du pétrole. Le rapport met en lumière des dysfonctionnements internes graves : une capacité de stockage limitée, ne permettant qu'une autonomie de soixante jours et une dépendance excessive à un nombre restreint de fournisseurs. Ces lacunes exposent le marché marocain à une volatilité exacerbée au détriment des consommateurs. Le rapport souligne également que cette situation résulte d'un manque de vision stratégique. Alors que les marges bénéficiaires des acteurs du secteur atteignent des niveaux significatifs, peu d'investissements ont été réalisés pour renforcer les infrastructures ou diversifier les approvisionnements. Une gestion que la Cour des comptes qualifie de court-termiste, négligeant les impératifs de sécurité énergétique et de stabilité économique. Un poids insupportable pour les ménages Dans un pays où l'inflation grignote le pouvoir d'achat, les hausses continues des prix des carburants ont des répercussions directes sur l'ensemble de l'économie. Les secteurs du transport et de l'agriculture, particulièrement sensibles aux variations des coûts énergétiques, enregistrent des hausses de prix qui se répercutent sur les biens de première nécessité. Les ménages, déjà affectés par une situation économique tendue, se retrouvent pris dans une spirale inflationniste qui aggrave les inégalités sociales, une vérité exposée dans des rapports officiels. Les conclusions de la Cour des comptes soulignent par ailleurs l'absence de mécanismes de régulation efficaces. Malgré la libéralisation des prix des carburants en 2015, censée favoriser la concurrence et stabiliser les coûts, le marché reste dominé par une poignée d'acteurs économiques, consolidant ainsi une situation de quasi-monopole. Des responsabilités politiques en question La position du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, propriétaire d'une des plus grandes entreprises du secteur pétrolier, suscite des critiques croissantes. De nombreux observateurs dénoncent un conflit d'intérêts évident rendant impossible toute action officielle pour réguler un marché qu'il contrôle partiellement. Dans ce contexte, le silence des autorités face aux pratiques des grands groupes pétroliers apparaît comme une abdication de leurs responsabilités envers la population marocaine. Le rapport appelle à une réforme structurelle du secteur, incluant une augmentation significative des capacités de stockage, une diversification des sources d'approvisionnement et la mise en place de mécanismes de contrôle plus rigoureux. Ces mesures sont présentées comme essentielles pour garantir une certaine justice sociale et limiter le poids des hausses de prix sur les plus vulnérables.