Dans un précédent article paru le 8 août 2024, Boughtate le Marocain levait le voile sur un jugement rendu par le tribunal administratif de Cologne en date du 30 novembre 2023, jugement dans lequel la Cour affirmait que le voyage entrepris au Pakistan en 2009 par l'ancien terroriste Mohamed Hajib avait un objectif terroriste et que Hajib projetait d'intégrer le djihad armé en Afghanistan. Aujourd'hui, nous allons vous révéler, encore une fois, avec des documents officiels à l'appui, les dessous d'un jugement récent évoqués par Hajib et son porte-parole médiatique Ali Lmrabet, et nous allons éclairer d'un jour nouveau leurs desseins de détournement, de mensonge et de travestissement flagrants de ce jugement, dans le but de tromper l'opinion publique. Lire l'article en arabe : ici. Il s'agit donc d'un jugement rendu par le tribunal administratif de Cologne en date du 17 octobre 2024, portant sur une action en justice intentée par Mohamed Hajib contre l'Office fédéral de protection de la constitution (ou BfV). Cet organisme, en fait l'appareil de renseignement interne allemand, était attaqué par Hajib qui demandait aux juges de prononcer l'illégalité de l'envoi par le BfV à la DGST marocaine d'informations le concernant, au motif que cela le mettait en danger de mort. Mais avant d'entrer dans le détail de ce jugement dont Boughtate le Marocain détient la copie intégrale, avec ses attendus et ses considérants, il convient d'abord et avant tout d'exposer les fausses allégations colportées par Mohamed Hajib et Ali Lmrabet sur ce verdict, qu'ils ont détourné en dissimulant plusieurs éléments cruciaux cités et retenus par les juges. Il est important aussi de citer cet autre élément du jugement, à savoir qu'en allant en Afghanistan en 2009, Mohamed Hajib projetait d'y rejoindre le courant jihadiste armé dans ce pays. Dans une vidéo datant du 18 octobre 2024 et diffusée sur sa chaîne Youtube, Ali Lmrabet dit que le tribunal administratif de Cologne avait émis le 17 octobre un jugement en faveur de Mohamed Hajib, aux termes duquel l'Office fédéral de protection de la constitution avait reçu l'interdiction formelle et définitive de communiquer à l'avenir toute information concernant Mohamed Hajib à la DGST marocaine. Il a même allégué que la cour de Cologne avait blâmé le BfV en ces termes : «Vous étiez informés des tortures infligées à Mohamed Hajib par la DGST.» Dans une autre vidéo du 25 octobre 2024, Ali Lmrabet est encore revenu à ce jugement et il a encore redit que la justice allemande avait interdit aux services de renseignement de fournir des informations à leurs homologues marocains sur Mohamed Hajib. De son côté, et dans une vidéo postée le 23 octobre sur sa chaîne YouTube, Mohamed Hajib affirme, reprenant le jugement cité plus haut, que les informations transmises par le BfV allemand au renseignement marocain, et en particulier à la DGST, ont été illégalement communiquées. Et Hajib de redire que la justice allemande a interdit aux services de renseignement de transmettre quelque information que ce soit sur Mohamed Hajib aux Marocains, car cela serait une menace sur sa vie. Il a également prétendu que le tribunal allemand a fondé son jugement sur plusieurs rapports, de la Commission des Nations Unies de lutte contre la torture, du consulat allemand et d'autres organismes de défense des droits. Il est à noter que Mohamed Hajib et Ali Lmrabet ont qualifié ce jugement comme étant une victoire absolue, un triomphe sans précédent, le présentant aussi comme une grave et très sérieuse condamnation des services allemands et marocains. Mais Boughtate le Marocain sait pertinemment – comme tout le monde d'ailleurs – que les deux individus dénommés Ali Lmrabet et Mohamed Hajib ont fait de la tromperie et de la falsification un métier, surtout quand il s'agit d'affaires judiciaires les impliquant ; alors il lui appartient d'apporter la vérité et de faire la lumière sur la question... Et ainsi, à l'issue d'une longue et minutieuse enquête journalistique qui nous a conduit au texte intégral du jugement, et après examen détaillé et exhaustif, il nous est apparu que la version racontée par Hajib et Lmrabet sur ce jugement est entièrement tronquée et faussée, les deux individus ayant entre autres occulté bien des détails importants exprimés par le tribunal dans son jugement. Et maintenant, chers lecteurs, à vous de découvrir l'entière vérité de ce jugement du tribunal de Cologne. UN : Le jugement prononcé par le tribunal administratif de Cologne le 17 octobre 2024 n'est pas définitif ; il est encore susceptible d'appel et de cassation... et de ce fait, en criant qu'il s'agit d'un triomphe historique et d'un extraordinaire succès, Hajib et Lmrabet essaient de tromper l'opinion publique et de tout simplement mentir à leurs abonnés sur les réseaux sociaux. DEUX : En aucune manière et d'aucune façon, le jugement de Cologne ne parle d'une quelconque «interdiction», ainsi que colporté par Hajib et Lmrabet. Dans le jugement rendu le 17 octobre, la Cour n'a jamais interdit aux services de renseignement allemands et en particulier le BfV de transmettre des informations à leurs homologues marocains ou à d'autres services étrangers, que cela soit sur Mohamed Hajib ou sur toute autre personne susceptible de représenter une menace ou d'en être suspectée. Le jugement ne dit absolument rien en ce sens, contrairement aux mensonges de Hajib et Lmrabet... pour la simple et bonne raison que la législation sur la protection de la constitution, celle-là même qui encadre l'action du BfV, autorise expressément ce dernier à communiquer les informations personnelles à d'autres services nationaux ou étrangers sur tout individu suspect, si cela est de nature à prémunir d'un danger identifié ou à empêcher qu'un crime soit commis. TROIS : Dans le corps du jugement, il est rapporté que le 8 septembre 2022, le plaignant Mohamed Hajib, ayant appris que des informations le concernant ont été transmises par l'Office fédéral de protection de la constitution, avait demandé un engagement que cela ne se reproduirait plus et qu'aucune information sur lui ne pourrait plus être adressée à des autorités étrangères, et particulièrement aux autorités marocaines, comme la DGST. Le 29 décembre 2022, l'Office avait refusé cette requête, avec cette précision que la transmission de données ne peut être effectuée que si les conditions légales en sont réunies. Remarquons que la Cour de Cologne ne s'est jamais expressément opposée à ce refus de l'Office fédéral... ce qui signifie qu'aucune « interdiction » n'a jamais été explicitement exprimée aux services allemands de communiquer des informations sur Hajib aux renseignements marocains... et cela confirme une fois de plus le mensonge de Hajib et de Lmrabet sur cette « interdiction ». QUATRE : Et abstraction faite de toute tromperie, falsification ou mensonge, le jugement qui a été émis concernait exclusivement la transmission d'informations sur Mohamed Hajib par le BfV à la DGST marocaine aux dates du 22 mais 2020 et du 29 juin 2020. Ces deux transmissions ont été jugées non légales, aux termes de l'article 19, alinéa 3 de la loi sur la protection de la constitution fédérale (dans son ancienne version) ... Cela signifie que la plainte et le jugement qui s'en est suivi portaient exclusivement sur la légitimité de la transmission de données sur Hajib en mai et juin 2020, ni plus ni moins... et absolument pas sur l'ensemble des informations que se sont échangées ou que s'échangeront les deux services de renseignement marocain et allemand, contrairement aux allégations de Mohamed Hajib et de son porte-parole médiatique Ali Lmrabet... Précision importante : le BfV a déclaré devant le tribunal qu'il se devait, qu'il était tenu de prendre en considération et au sérieux les soupçons de la DGST au sujet de Hajib, entre autres son engagement et son implication dans des activités extrémistes, étant entendu que Hajib a déjà un précédent établi en la matière, en l'occurrence son voyage au Pakistan, en 2009, pour des objectifs terroristes. CINQ : Dans les attendus de son jugement « non définitif », le tribunal administratif de Cologne a justifié sa décision de non légitimité de la transmission des informations sur Hajib à la DGST marocaine par le non-respect du fondement principal de ce type de communication de données à un service étranger, à savoir « l'équilibre à maintenir entre l'intérêt général et l'intérêt particulier du concerné ». Quant aux allégations de tortures qu'auraient subi Mohamed Hajib, rien ne permet ni ne conduit à les confirmer, pas plus que cet élément n'a servi d'argument décisif au jugement. Cela a été seulement cité comme allégations et absolument et définitivement pas comme preuve. En outre, ces mêmes allégations étaient réduites dans l'espace et dans le temps à l'action de rébellion violente conduite par Hajib dans la prison de Salé en 2011, ces crimes contre les forces de l'ordre dont il se vante encore aujourd'hui et pour lesquels il affiche sa fierté. Le jugement n'évoque nullement des actes de torture qui auraient été commis par la DGST, ainsi que le rapporte mensongèrement Ali Lmrabet dans sa vidéo mis en ligne le 18 octobre 2024 (voir vidéo, de 3':49'' à 4':23''), sachant en outre que les investigations menées sur Hajib en 2010 avaient été le fait de la Brigade nationale de Police judiciaire (BNPJ) et non de la DGST. Le tribunal administratif de Cologne ne cite donc aucun acte de torture durant cette investigation, mais évoque uniquement des allégations de brutalités pendant le séjour en prison de Hajib et aussi durant son action de rébellion violente. Les juges allemands, en évoquant les actes de torture, se sont fondés exclusivement sur les propos tenus par Hajib ainsi que sur un rapport établi par deux fonctionnaires consulaires en 2011, document qui reprend les allégations de Hajib sur sa supposée torture et qui constate des marques sur les poignets et les chevilles de Hajib, remontant à 2011, c'est-à-dire à l'époque de la rébellion de cet individu dans la prison de Salé, qui avait occasionné des blessures de gravité diverses à des centaines d'éléments des forces de l'ordre, outre bien évidemment les dégâts matériels très importants subis par les bâtiments, infrastructures et installations de l'établissement pénitentiaire. Il fat ajouter qu'à cette même période, et suite à une plainte déposée par le père de Hajib, ce dernier avait subi une série d'examens médicaux qui avaient définitivement établi et finalement conclu que Hajib n'avait subi aucune forme de torture. Quant aux cicatrices relevées, elles sont dues aux affrontements provoqués par Hajib et conduits par lui. Mais malgré cela, le tribunal a retenu ces allégations, non pas parce qu'elles auraient été décisives, prouvées et incontestables, mais parce qu'au regard de la loi sur la protection de la constitution fédérale, tout doute sur l'éventualité ou la probabilité d'une atteinte aux droits de la personne bénéficie à l'individu si l'intérêt général ou sécuritaire n'est pas établi ou qu'il n'est pas démontré qu'il est plus fort que l'intérêt individuel. Or, c'est là que le bât blesse, car conformément au jugement, le BfV n'avait pas pu établir la primauté de l'intérêt général sur l'intérêt individuel, non pas en raison de doutes sur la fiabilité et la sincérité des services marocains ou parce que Hajib serait au-dessus de tout soupçon, mais uniquement du fait de « la règle de la tierce partie » qui empêche de détailler les requêtes de la DGST, auxquelles le BfV avait donné une suite favorable en mai et juin 2020. En conséquence, le tribunal ignorant l'importance des éléments exposés par les services marocains et soulignés devant la Cour par le BfV, et comme le stipule la loi fédérale sur la protection de la constitution, les juges ont privilégié l'intérêt individuel de Hajib, jusqu'à preuve du contraire apportée par les services allemands. SIX : Concernant cette même preuve du contraire et considérant la crédibilité de la DSGT et la légalité des informations collectées antérieurement par le BfV sur Mohamed Hajib, le tribunal de Cologne a fait mention d'un autre jugement rendu par lui-même le 30 novembre 2023 et considéré comme l'une des raisons du litige entre Hajib et le BfV. Ce verdict que nous avons publié en son temps établissait la légalité et la légitimité des alertes émises par les services de renseignement allemands sur la dangerosité de Mohamed Hajib et sur ls menaces qu'il représente pour la sécurité nationale de la République fédérale, aussi bien après son voyage au Pakistan en 2009 qu'au lendemain de sa sortie de prison du Maroc et de son retour en Allemagne ; ces alertes, fondées sur des éléments probants et incontestables, mentionnaient clairement et explicitement que cet individu était dangereux pour la sécurité nationale allemande du fait de ses desseins terroristes et de son fameux voyage au Pakistan, préparé et effectué pour assurer l'engagement de Hajib dans le jihad armé en Afghanistan. Et parmi les éléments importants établis par ce jugement rendu le 30 novembre 2023 par le tribunal administratif de Cologne, il y a cette conclusion considérant: -PRIMO, que Hajib avait intégré une organisation terroriste lors de son séjour au Pakistan et en Afghanistan. -SECUNDO, qu'après sa libération au Maroc et son retour en Allemagne, il continuait de servir cette organisation. -TERTIO, que le jugement du tribunal marocain constituait une preuve matérielle quant à l'existence de doutes sérieux sur sa culpabilité... et donc cette conclusion suffisait à affirmer que l'alerte sécuritaire lancée contre Hajib était parfaitement légale. Autrement dit, il apparaît avec la plus grande clarté que la légalité des alertes et la transmission des informations se fondent essentiellement sur la pertinence et le degré du danger sécuritaire représenté par Hajib, quand bien même des soupçons existeraient sur une éventualité de non-respect de ses droits. Plus encore, dans le cas ou la pertinence et le degré de la menace sécuritaire ne pourraient être prouvés, cela ne signifie aucunement que l'individu faisant l'objet de telles alertes sur la sécurité nationale ou de ces transmissions d'informations ne représente ni ne constituerait un danger à l'avenir. Et donc, à la lumière de ce qui précède, ce qu'il faut bien comprendre est que Mohamed Hajib fait tout son possible pour établir un lien de causalité entre d'une part l'échange d'informations à son sujet entre les services allemands et marocains et d'autre part les allégations de torture. Son but est d'abord de casser et annuler l'accusation de terrorisme émise contre lui par les Marocains et ensuite de réussir à convaincre la justice que les services allemands font tout pour le mettre en prison. A partir de là, Hajib pourrait ainsi réclamer une indemnisation importante. Il faut aussi bien comprendre que Hajib travaille à la jonction de ses affaires anciennes avec les actuelles, et même celles qui l'ont concerné à sa sortie de prison et à son retour en Allemagne. Dans son esprit et selon sa logique, cela lui permettrait d'établir son innocence des accusations portées contre lui par la justice marocaine et également de casser les soupçons qui lui sont imputés par les services allemands, lesquels le considèrent comme un individu dangereux menaçant la sécurité intérieure et extérieure de la République fédérale... En d'autres termes, le fait qu'il pourrait être lavé des accusations portées contre lui aujourd'hui, cela ne signifie pas pour autant qu'il était innocent hier. Quant aux mensonges, falsifications et travestissement des faits par le duo Mohamed Hajib et Ali Lmrabet, nous leur disons ici : «Faites comme vous l'entendez et agissez comme vous le voulez, mais Boughtate le Marocain vous met au défi de publier le texte intégral du jugement du tribunal administratif de Cologne.»