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Déclaration du 1er novembre 1954 : «Je persiste à croire que le régime algérien, bureaucratique et totalitaire, est allé à l'encontre des objectifs de la révolution algérienne», déclara le grand Abderrahim Bouabid
Le régime algérien «commémore», ce vendredi, la Déclaration du 1er novembre 1954 aussi connue sous le nom de manifeste du FLN, le Front de libération nationale. Après «une agression algérienne contre l'intégrité territoriale du Maroc et de la Mauritanie», en 1979, la grande figure de l'opposition socialiste Abderrahim Bouabid a déclaré que le pouvoir de Houari Boumédiène, d'où est issu le système actuel, «n'est pas du socialisme.» «Mais non, c'est un régime bureaucratique, totalitaire. Je persiste à croire que le régime algérien est allé à l'encontre des objectifs de la révolution algérienne. La gauche marocaine n'abdique pas. Nous nous dresserons contre l'Algérie de Boumédiène et son régime, quels qu'en soient les conséquences», a-t-il déclaré M. Bouabid a ajouté qu'il «n'y a pas de Polisario sans le régime algérien», lequel veut «créer un Etat fantoche, moyen commode pour l'Algérie de posséder un débouché sur l'Atlantique.» Il avait adopté une approche ferme envers Alger : «On ne peut pas rester comme ça, à attendre, passivement, pendant que l'on s'en prend au peuple marocain et à ses alliés. Je précise que nous ne souhaitons pas une guerre, qui serait stupide et destructrice pour le Maroc, pour la Mauritanie, pour l'Algérie. Mais le peuple marocain est prêt à la guerre. La gauche l'approuvera totalement», a-t-il clamé. L'existence d'une nation sahraouie ? «Il n'y a pas de peuple dans ce territoire ; il y a une population qui circule, qui va de l'est à l'ouest, du nord au sud, entre la Mauritanie, le Maroc et l'Algérie. C'est une erreur que de parler du peuple du Sahara occidental. En fait, il ne s'agit que d'une fraction d'une population nomadisée qui va du Mali à la Mauritanie», a-t-il clarifié. Trahison sur trahison Le régime algérien a consacré l'événement du du 1er novembre comme fondement de sa légitimité politique. Cette institutionnalisation, très critiquée, repose sur un discours où l'Etat se présente comme «l'héritier direct et exclusif des idéaux de libération nationale.» En détournant l'insurrection à des fins de légitimation, le pouvoir actuel se positionne comme le continuateur de la lutte révolutionnaire, bien que cette position s'avère contestable dans la mesure où les objectifs de la guerre d'indépendance – justice sociale, souveraineté populaire et intégrité nationale – ont souvent été érodés au profit de structures étatiques autoritaires. Cet événement est régulièrement évoqué dans le discours officiel pour rappeler l'importance de l'unité nationale et du soutien au régime, une invocation constante des valeurs révolutionnaires prend une dimension coercitive utilisée pour marginaliser les opposants et pour renforcer le contrôle social. Le régime actuel «monopolise les célébrations en orientant la mémoire collective, il a détourné le sens de l'insurrection de 1954 vers une interprétation officielle figée. Des programmes éducatifs aux médias d'Etat, la révolution est présentée comme une épopée héroïque achevée. Ce cadrage étatique de la mémoire a permis de neutraliser toute pluralité historique et de limiter la capacité de la société civile à interpréter de manière autonome l'héritage de l'insurrection», avait déclaré l'opposant Abdou Semmar. Capitalisation révolutionnaire Ce processus, qualifié par certains chercheurs de «capitalisation révolutionnaire», consiste à exploiter le capital symbolique de l'insurrection pour justifier des monopoles économiques et des privilèges au sein des élites militaires et politiques algériennes. Ce phénomène de privatisation des ressources contraste avec les principes de justice sociale et d'équité portés par les insurgés de 1954, révélant ainsi un détournement manifeste des objectifs initiaux fixés par les vrais militants. «Le détournement de l'insurrection de 1954 par le régime actuel en Algérie s'inscrit dans une stratégie de légitimation et de contrôle, où la mémoire révolutionnaire est invoquée pour justifier un pouvoir autoritaire et monopolistique pour modifier les interprétations historiques et pour canalisant les représentations collectives vers une vision officielle qui s'est mue en une forme de captation mémorielle au service des intérêts du régime», avait déploré Ferhat Mehenni, le grand dirigeant kabyle. L'opposition algérienne est unanime pour dire que «le régime algérien utilise le 1er novembre 1954 comme un outil de propagande pour se maintenir en place.» Karim Tabbou, ancien patron de l'Union démocratique et sociale (UDS) et figure importante du soulèvement de 2019, a critiqué le discours officiel sur l'indépendance et la révolution. Selon lui, «les dirigeants actuels manipulent les symboles de la guerre de libération pour justifier leur pouvoir, alors qu'ils se sont éloignés des valeurs de justice et de liberté portées par les révolutionnaires de 1954.» Tabbou dénonce ainsi une «captation de l'héritage de la révolution» au service d'un régime autoritaire. Quant à Lahouari Addi, sociologue et intellectuel algérien, qui a analysé cette instrumentalisation dans plusieurs de ses travaux, il affirme que «l'appareil d'Etat a pris en otage le récit de la révolution pour maintenir un monopole politique.» Pour Addi, ce phénomène «trahit les idéaux de liberté et de justice pour lesquels les Algériens se sont battus.»