Dans un entretien à «Barlamane.com», Zakaria Essad, directeur délégué de Toogo, application spécialisée dans la mobilité de Heetch Maroc S.A., évoque la nécessite de s'interroger sur la règlementation urgente des nouvelles offres numériques, tout en prenant en considération les intérêts des professionnels de taxi, les notions de service public et le droit administratif. Né en 1988 à Casablanca, M. Essad dirige un acteur majeur dans le secteur des véhicules de transport avec chauffeur (VTC) intermédié par les plates-formes numériques. Il plaide pour une régulation collective dans ce secteur fragmenté relativement précaire. Pour lui, un puissant cadre règlementaire guidant l'activité des entreprises de VTC et celle des plates-formes de mobilité est nécessaire. Après 7 ans d'activité au Maroc, la nouvelle application de Heetch Maroc – Toogo – est lancée en juin 2023. Elle vient enrichir le secteur la mobilité au Maroc. Elle offre des solutions sur mesure, telles que des trajets en moto, un service dédié aux femmes, et des fonctionnalités pratiques comme les trajets multi-arrêts et le paiement par carte. L'objectif de Toogo est de rendre les déplacements des marocains plus pratiques et plus fiables. En somme, Toogo renforce le service public de transport tout en respectant les normes sociales et écologiques en vigueur. La dérégulation du secteur traditionnel constitué autour des prérogatives des taxis ne sera qu'un pas en avant. Quels sont les atouts de Toogo ? Nos services sont sollicités par un public divers et technophile. Nos tarifs ainsi que la commodité de l'usage par application mobile plaident en notre faveur. Nous avons lancé les services Heetch au Maroc en 2017. Heetch, le prédécesseur de Toogo, a été lancé officiellement en février 2018 en partenariat avec le syndicat national des taxis marocains de l'UMT. L'application a connu un succès rapide, réunissant 250 taxis à Casablanca dès son premier mois d'activité et envisageant une expansion vers d'autres grandes villes marocaines. Comment élargissez-vous vos offres ? L'expansion des services de Toogo au Maroc continue, nous mettons en avant le recours à des chauffeurs particuliers pour diversifier l'offre. Ceux-ci doivent remplir les critères (dits «subjectifs») de fiabilité et d'aptitude commerciale et professionnelle. Nous insistons sur l'importance d'une régulation claire pour assurer des courses sûres, abordables et fiables, tout en offrant de nouvelles opportunités de travail aux Marocains. Des milliers de chauffeurs opèrent dans la clandestinité, privés d'un cadre légal, ce qui suscite l'irritation des taxis. La concurrence déloyale avec les taxis traditionnels est également soulignée, avec des menaces et agressions envers les chauffeurs VTC. La question de la sécurité des passagers est également soulevée, avec des préoccupations quant à l'absence de cadre réglementaire pour protéger leur intégrité physique. Le rôle clé des VTC lors des événements internationaux à venir, comme la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030 est crucial, qu'en pensez-vous ? Les implications potentielles d'une réglementation VTC au Maroc, dans ces échéances majeures, ne peuvent être évoquées sans mentionner les avantages sociaux, économiques et environnementaux : revenus accrus pour l'Etat, sécurité sociale renforcée pour les chauffeurs, stabilité financière améliorée, meilleure qualité de transport, circulation décongestionnée, image améliorée du pays, et promotion de l'écologie. La situation des professionnels de VTC au Maroc est complexe et caractérisée par plusieurs défis. Nous avons célébré récemment l'arrivée de 14,5 millions de touristes au Maroc, mais il faut insister sur l'importance de garantir des expériences positives pour chaque visiteur, par la réglementation des VTC pour améliorer l'expérience globale. Les évolutions autour des nouveaux concepts de mobilité doivent à mon avis rassurer tous les acteurs du marché. Nos chauffeurs opèrent dans un environnement non réglementé, ce qui signifie qu'ils travaillent sans cadre légal clair pour encadrer leur activité. Cette absence de régulation pose des problèmes de sécurité tant pour les chauffeurs que pour les passagers, avec des risques d'agressions de la part des taxis traditionnels. Malgré ces défis, des dizaines de milliers chauffeurs VTC continuent à exercer leur activité pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille, espérant une réglementation qui clarifierait leur statut, améliorerait leur sécurité et offrirait des conditions de travail plus stables et équitables. Les inégalités en termes de mobilité appellent des solutions systémiques, crédibles et rapides. Officiellement, que prévoit le gouvernement ? Le Maroc a tant besoin d'un projet de loi désignera les VTC comme des prestataires de services publics. Une réflexion est menée à l'heure actuelle pour reconsidérer l'activité de transport par chauffeur, dans le cadre des principes de libre initiative et de libre concurrence. La compétence réglementaire et le contrôle des transports privés individuels de voyageurs sont au centre des points qui seront abordés à plusieurs niveaux. Il est important que les opérateurs de plates-formes de VTC voient la pérennité de leurs activités garanties par le pouvoir exécutif et législatif en concertation avec les organisations syndicales et associatives, Selon Mustapha Baïtas, porte-parole du gouvernement, «ce sujet a déjà fait couler beaucoup d'encre et suscité maintes discussions au sein de la société. La question a été soulevée à plusieurs reprises, et je tiens à assurer que le ministère du transport et de la logistique en a bien pris note». Pour lui, «le ministère de tutelle a déjà initié une étude approfondie sur ce sujet crucial. Cette enquête a mobilisé des ressources considérables afin d'explorer les diverses dimensions de la problématique. Nous avons évalué les avantages potentiels d'une telle application, ainsi que les défis et les préoccupations qu'elle pourrait soulever», a-t-il précisé.