Un président algérien qui exclut le recours au FMI et affirme préférer emprunter «auprès des citoyens» ? Kaïs Saïed, le président tunisien, n'invente rien, mais il écoute trop la pernicieuse musique d'un certain Abdelmadjid Tebboune, au risque de voir son pays sombrer dans le chaos. Début juin, le président tunisien Kaïs Saïed a proposé la création de taxes supplémentaires ciblant les plus riches afin de permettre au pays, qui traverse une grave crise économique, de passer outre un prêt du Fonds monétaire international (FMI), une organisation dont il rejette les «diktats.» Sauf que Saïed, d'après les informations de Barlamane.com, subit des «diktats» d'un autre genre : ceux d'Abdelmadjid Tebboune, qui veut vassaliser définitivement la Tunisie. Le président algérien, avant son homologue tunisien, a refusé, en 2020, l'idée de contracter des prêts auprès du Fonds monétaire international (FMI) et des organismes financiers internationaux malgré l'affadissement des réserves d'argent et la chute des cours du pétrole. Malgré un déficit parmi les plus élevés de la région, Tebboune a affirmé «préférer emprunter auprès des Algériens que d'aller vers le FMI ou d'autres banques étrangères» car «lorsque nous empruntons auprès de banques étrangères, on ne peut parler ni de la Palestine ni du Sahara [occidental]», une explication qui a halluciné les observateurs de tous les bords. Au même moment, nul ne sait le sort d'«un prêt d'un montant de 300 millions de dollars» que l'Algérie aurait accordé à la Tunisie fin 2021 ni le devenir des échanges commerciaux entre les deux pays, limités à environ 1,2 milliard de dollars. En octobre 2022, au moment où la Tunisie commence à tourner le dos au FMI, Kaïs Saïed a accueilli, à la surprise générale, le chef du Front Polisario avant un forum Japon-Afrique organisé pendant 48 heures. Si la Tunisie a invité «unilatéralement» Brahim Ghali à ce sommet «contre l'avis du Japon et en violation du processus de préparation», c'est uniquement parce que l'Algérie a exercé de lourdes pressions sur un Kaïs Saïed sans boussole et sans vergogne. Si «la Tunisie s'est permise de toucher à une cause sacrée pour tous les Marocains», personne ne peut prédire ce que deviendra le pays de Bourguiba, devenu une passoire pour un régime algérien discrédité. Kaïs Saïed vend la Tunisie à la découpe Saïed, qui a rejeté en avril 2023 les recommandations du FMI, conditionnant l'octroi de fonds à la Tunisie à des réformes économiques majeures, préside un pays endetté à environ 80 % de son PIB. Alors que le gouvernement tunisien avait un accord de principe du FMI pour obtenir un prêt de près de deux milliards de dollars (1,85 milliard d'euros), Saïed, sous l'insistance du régime algérien, s'est désengagé des discussions avec le FMI et a exclu la restructuration des cent entreprises publiques tunisiennes lourdement endettées en plus de réviser les fonds consacrés à certains produits de base. En somme, l'Algérie est l'un des facteurs responsables des pénuries chroniques de produits alimentaires de base en Tunisie et du blocage «des réformes très profondes» qui devraient réduire le poids de la fonction publique dans le pays qui vit «sa plus grave récession depuis l'indépendance» (en 1956), en plus «des déficits budgétaires et une dette publique (près de 100% du PIB fin 2021) qui se sont aggravés». En Tunisie, rien ne peut résorber un taux de chômage qui dépasse désormais les 19%, et ce n'est pas sûrement une Algérie mortifiée par une crise sociale qui perdure, qui va résorber le «poids important» de la fonction publique tunisienne (16% du PIB), ni les salaires des 650 000 fonctionnaires engloutissant plus de la moitié des dépenses annuelles de l'Etat.