Les conditions de travail des agents de sécurité au Qatar, «y compris dans des projets liés à la Coupe du Monde de football 2022», sont comparables à du «travail forcé», dénonce l'ONG Amnesty International dans un rapport jeudi 7 avril. Des milliers d'agents doivent être recrutés d'ici au Mondial, qui se tient du 21 novembre au 18 décembre, quand 1,2 et 1,4 million de personnes visiteront l'émirat. Trente-quatre actuels et anciens employés de huit sociétés de sécurité privées, des travailleurs migrants originaires principalement du Kenya et d'Ouganda, décrivent des journées de travail de plus de 12 heures, 7 jours sur 7 (soit 84 heures par semaine), parfois sans ombre ou eau potable durant les mois les plus chauds. Pourtant, la loi qatarie prévoit un maximum de 60 heures de travail hebdomadaires et un jour de repos, le minima fixé par l'Organisation internationale du travail. Les travailleurs qui prennent ce congé ou un arrêt maladie «risquent (…) des retenues arbitraires sur leur salaire», poursuit Amnesty International, qui constate également des heures supplémentaires insuffisamment payées, sans opportunité d'être défendu par un syndicat. «Tu ne peux pas te plaindre, sinon tu es licencié et expulsé», affirme l'un des employés interrogés entre avril 2021 et février 2022. Les conditions de travail et les salaires varient selon leur origine, les travailleurs d'Afrique subsaharienne étant les plus maltraités, assurent ces employés. Une grande partie d'entre eux ajoute avoir vécu dans des logements «surpeuplés et insalubres». Ces migrants ont notamment travaillé pour trois entreprises engagées pendant des tournois de la Fifa au Qatar (Coupe du monde des clubs et Coupe arabe). L'instance dirigeante du foot mondial et le Comité suprême d'organisation du Mondial-2022 n'ont pas renouvelé leurs contrats avec deux d'entre elles et les ont signalées au ministère qatari du Travail, indique l'ONG. Mais elle estime que cela ne s'est pas produit «dans un délai opportun». Certaines entreprises essaieront toujours de «contourner le système», a répondu le Comité suprême, qui s'engage à rectifier les abus, à Amnesty International. «Le Qatar a pris des mesures immédiates pour remédier aux cas particuliers d'actes répréhensibles», a assuré le ministère du Travail, selon qui «la prévalence des entreprises qui enfreignent les règles a et continuera de diminuer». Critiqué depuis qu'il s'est vu attribuer en 2010 le premier Mondial de foot dans un pays arabe, le Qatar a mené d'importantes réformes, abolissant le système de parrainage faisant des salariés des quasi-propriétés de leur employeur et instaurant un salaire minimum horaire.