Dans un point de presse organisé au siège de la plus ancienne association des droits humains du Maroc, la Ligue marocaine de défense des droits, Najlae Faisal, de son nom d'artiste Ghaya Al Faisal, s'exprime sur sa démarche dans le procès qui l'oppose à Maitre Ziane, qu'elle accuse de harcèlement sexuel et de diffamation. Ce lundi 31 janvier, 17h, la presse est au rendez-vous dans ce lieu hautement symbolique de la lutte pour les droits humains, pour écouter et questionner Najlae Faisal ainsi que son avocat, Maître Hatim Beggar. Les représentants des associations qui soutiennent la plaignante sont également là pour expliquer leurs démarches. Ces associations sont au nombre de trois : la Ligue marocaine de défense des droits (LMDD), la Ligue marocaine pour la citoyenneté et les droits de l'homme (LMCDH) et Adala-Justice « Pour le droit à un procès équitable ». Entrée en scène de Ziane L'histoire est simple : alors résidente aux Emirats arabes unis où elle dirige une maison de production à succès, la mère de Najlae, souffrante, souhaite mourir dans son pays natal le Maroc. Elle ne peut quitter le pays pour une banale histoire juridique qu'elle gagne mais dont l'application du jugement tarde. On est en 2019 et pressée par la demande de sa mère, Najlae frappe à toutes les portes, associations, autorités marocaines et avocats, dont Maitre Mohamed Ziane pour son CV d'ex-batonnier, d'ex-ministre des droits de l'Homme, et pour être à la tête du Parti Marocain Libéral. Ce dernier exige qu'elle rentre au Maroc pour discuter des modalités. Elle s'exécute et c'est là que commence une série de harcèlements sexuels auxquels elle ne cède pas. Pendant deux ans, sa mère est au plus bas de son état et décède en 2021. N'étant plus en position de faiblesse, une fois sa mère disparue, Najlae soutenue par la LMDD, este en justice et choisit Maître Hatim Beggar pour représenter ses intérêts. L'histoire aurait pu rester méconnue jusqu'au jugement. Mais maître Ziane ne l'entend pas de cette oreille. Après chaque séance au tribunal, il fait des déclarations la diffamant, la qualifiant de chanteuse et danseuse sous-entendant qu'elle est une femme de petite vertu. Ses déclarations sont reprises sur les plateformes internet et certains sites électroniques dont systématiquement Alhayatalyaoumia, qui lui appartient. Respectant le droit et ne réagissant pas de la même manière, Najlae Faisal en réfère en plus de la LMMD, à la LMCDH et à Adala, qui étudient son dossier. D'un commun accord avec elle et avec maître Beggar, la pression médiatique de diffamation orchestrée par Ziane augmentant à la veille du procès du mercredi 2 février, un point de presse est décidé au siège de la LMDD. L'objectif est que chacun explique sa démarche et dénonce la campagne de diffamation de Ziane, jugée comme obstacle au déroulement serein du procès en cours. Un procès de droit commun Le point de presse commence par la plaignante qui relate son histoire. Ensuite Maître Beggar annonce qu'il n'est pas question de révéler les éléments du procès en cours ce qui serait contraire à la loi, mais que les éléments à charge sont sérieux et révélateurs. Il précise également qu'il s'agit d'un procès de droit commun et non d'un procès politique. Il dénonce vivement ce pli que voudrait lui voir prendre Ziane. Il explique que ce dernier associe cette affaire judiciaires à d'autres dans lesquelles l'ex-ministre des droits de l'Homme est partie prenante et qui, insiste l'avocat de Najlae, n'ont aucun lien avec cette affaire. Il rappelle que le cours des événements doit suivre celui de la justice qui tranchera en toute indépendance. Les amis du cousin du roi Adil Tchikito, de la LMDD, donne le ton en affirmant que Ziane avait maquillé la vérité en déclarant qu'il ne connaissait pas Najlae au moment du dépôt de sa plainte à son encontre. Dès lors, la LMDD ne pouvait qu'écouter la plaignante et étudier son dossier qui se révèle truffé de données à charge. Tchikito rebondit sur la nature du procès et précise que si une orientation politique devait être donnée à cette affaire ce ne serait pas celle voulue par Ziane. Il souligne qu'il faudrait, dans ce contexte, se poser la question suivante : pourquoi depuis le début de l'instruction de ce procès, des déclarations de pseudo -« cyber-militants » tombent en même temps que celles de Ziane ? Celles de Zakaria Moumni, Mohamed Hajib et Dounia Filali ? Pour lui le discours est orienté et vise à faire pression et à manipuler l'opinion publique. Plus tard, à la fin de la conférence, en commentant cette sortie de Tchikito, un activiste ayant requis l'anonymat, demande pourquoi certains militants avérés qui ont des démêlées avec la justice ont cherché à influencer les associations de soutien de Najlae, comme Maati Monjib pour faire pencher la balance en faveur de Ziane ? Le même fait une révélation tonitruante : le seul point commun avéré entre tous ces militants avérés comme les pseudo dont Moumni, Hajib et le couple Filali, est leur amitié avec un cousin du roi. Réseautage et observateurs du procès Adala-Justice « pour un procès équitable » a d'emblée affirmé que dans son soutien à la plaignante, il ne s'agit pas de pointer Ziane en tant que personnage, mais de prendre en charge une affaire concernant la diffamation (qui n'est plus à prouver dans cette affaire) et le harcèlement sexuel (et/ou viol) des femmes, un des axes qui intéressent l'association. Il s'agit d'un autre côté de s'élever contre la diffamation. L'association a réaffirmé que l'une de ses prérogatives est de s'assurer de l'impartialité d'un procès et que la victime désignée par le tribunal à l'issue d'un procès équitable obtienne réparation. De l'autre côté, sa tâche consiste à dénoncer fermement le procédé de diffamation qui vise à banaliser la question de la femme, à banaliser les scandales dans des affaires judiciaires, et à faire systématiquement de la victime, dès qu'il s'agit d'une femme, la coupable. Adala rappelle également que la diffamation persistante est sujette à procédure judiciaire. Adala a donc affirmé que son action sera double : la lutte contre la diffamation tout en désignant des observateurs tout le long du procès qui établiront un rapport à la fin et la prise en charge du réseautage avec d'autres associations des droits de la femme et des droits humains. Quant à la LMCDH, tout en convergeant avec le discours des deux autres associations, elle a dénoncé les attaques contre la femme en tant que genre. Car elles visent à mettre en doute sa probité ou ses aptitudes, des attaques jamais dirigées contre les hommes qu'ils soient plaignants ou présumés coupables.