À l'occasion de la journée internationale des droits de l'homme, l'association marocaine des droits des victimes (AMDV) a organisé, le 14 décembre à Casablanca, une conference-debat sous le thème : «les droits des victimes face au corporatisme politique», modérée par la journaliste Aziza el Aouni, avec la participation d'un nombre d'acteurs associatifs, d'activistes humanitaires et d'avocats, marocains et étrangers. Dans son mot d'ouverture, Aïcha Guellaa (avocate et présidente de l'AMDV, a mis en relief les efforts déployés par l'association en matière de défense des droits des victimes d'agressions sexuelles, dont le nombre ne cesse d'augmenter selon les statistiques officielles, ajoutant que certains milieux, réputés pour leur mauvaise foi, tentent, par tous les moyens, de blanchir les personnes impliquées dans ce genre de crimes abjects, allant jusqu'à instrumentaliser, à des fins politiciennes, ce genre d'affaires pour servir certains agendas déstabilisateurs a l'égard de l'état et de ses institutions. Les déclarations lors de ce rendez-vous étaient nombreuses. Mustapha Sehimi (politologue) : il est temps d'adapter l'arsenal juridique national aux standards internationaux en matière d'abus sexuels. De surcroît, la réparation des victimes de ces abus nécessite, outre la facilitation de l'accès à la justice à travers des procédures rapides et non couteuses, la mise en place d'un «fonds national d'aides aux victimes». Certains milieux cherchent à stigmatiser les victimes, comme en témoigne une conférence prévue pour le 16 décembre (il s'agit de la conférence-débat devant être organisée par « le comité France de soutien à Maati Monjib, Omar Radi et Soulaiman Raissouni, sous le titre : «Pour la liberté de la presse au Maroc», en présence de personnes connues pour leur acharnement contre le Maroc et son intégrité territoriale, à l'image du journaliste français Edwy Plenel. Certains comités de soutien, à l'image de ceux de Toufik Bouachrine, Omar Radi et Soulaiman Raissouni se livrent à des campagnes hostiles, alors que les trois personnes précitées ont été jugées coupables pour harcèlement sexuel, d'autant plus que les campagnes de diffamation menées sur les réseaux sociaux à l'encontre des victimes d'agressions sexuelles sont tout à fait indignes. On évoque, sournoisement, une atteinte à la liberté de presse dans le cas de certaines affaires de mœurs au Maroc, alors que le royaume est le pays maghrébin et arabe qui garantit le plus de liberté dans ce domaine, en comparaison, à titre d'exemple, avec l'Algérie ou 70 journalistes sont actuellement incarcérés. Pour le journaliste Naim Kamal, «il est toujours facile de dire que les journalistes Omar Radi et souleiman raissouni, poursuivis pour abus sexuels, ont été cibles en raison de leur travail journalistique. Toutefois, un journaliste, des lors qu'il se présente en moralisateur et en donneur de leçon, devrait s'immuniser contre tout comportement répréhensible. Au Maroc, on tente de transformer le coupable en victime et vice-versa. Les journalistes ne sont pas au-dessus des lois. Leurs soutiens tentent de mettre en doute la crédibilité de la justice.» Le cas de Hajar Raissouni, qui était victime d'une loi scélérate sur le droit de la femme à disposer de son corps, a été corrige par une grâce royale. La société bouge dans le bon sens. L'abrogation des dispositions juridiques pénalisant l'avortement n'est qu'une question de temps. Certains pays et ONG hostiles au Maroc, qui s'inscrivent dans une logique déstabilisatrice, tentent de mettre le Maroc dans une situation de «protectorat», en témoigne la conférence précitée prévue pour le 16 décembre. Malheureusement, une partie des médias fait de la profession du journalisme un moyen de chantage. Nouzha Skalli, activiste associative et ex-ministre: «la moudawana et le programme tamkine ont permis une meilleure coordination entre la dgsn, la gendarmerie royale et le ministère de la justice, afin de lutter contre les violences faites aux femmes. Toutefois, les dernières études en l'objet ont démontré que seulement 3% des femmes victimes d'agressions sexuelles, décident de porter plainte, ce qui est très problématique.» «Lorsque l'agresseur dispose d'un statut social élevé, de politicien, de journaliste, de professeur universitaire, sa victime devient, systématiquement, coupable, au moment où l'agresseur se transforme en victime. Le CNDH a été la cible d'une campagne diffamatoire, après avoir publié un rapport sur l'affaire de deux journalistes (en référence a Omar Radi et Soulaiman Raissouni), accusés pourtant d'agressions sexuelles» a-t-elle indiqué. Mohamed Taoussi (avocat de Mohamed Adam): «la tentative de viol sur Mohamed Adam a eu lieu au domicile de l'accusé (Souleiman Raissouni). Quand mon client résistait aux assauts de son agresseur, ce dernier le laissa partir, mais continua à le contacter par téléphone. D'ailleurs, il existe des traces audio de leurs échanges, dans lesquels on entend clairement l'accuse en train de s'excuser.» «Ce n'est qu'après deux ans, que mon client a exprimé son malaise dans une publication sur son compte Facebookpersonnel, dans laquelle il indique avoir fait l'objet d'abus sexuel, sans donner de précisions quant à l'auteur de cet acte, suite à quoi il fut contacté par la police judiciaire, qui a fini par convoquer l'accuse, lequel a nié toute connaissance de la victime, avant qu'il ne soit confronté à des preuves techniques irréfutables le compromettant.» Selon l'avocat belge Stalisnas Eskenazi : «les tabous touchant à l'intimité des personnes suscitent toujours la peur, notamment chez les victimes qui hésitent, souvent, à dénoncer leurs agresseurs, ce qui rend difficile l'application des lois et règlements en vigueur. Malheureusement, certains milieux corporatistes protègent leurs membres accuses d'agressions sexuelles, en violation des normes de l'état de droit qui doit, en principe, assurer la protection de l'ensemble des citoyens contre toute forme d'abus. En effet, cette situation exige, plus que jamais, l'adoption de jurisprudences de nature à consacrer l'adhésion des sociétés aux aspirations des victimes à la protection juridique.» «Les réseaux sociaux, qui constituent un moyen permettant aux victimes d'agressions ou de harcèlements sexuels de faire part de leurs souffrances, sont exploites, également, par les soutiens des agresseurs, à travers des commentaires partiaux, dans l'objectif de dénaturer les faits et blanchir les agresseurs» a-t-il mentionné. Selon l'avocat Abed Benjador : «la protection des droits des victimes d'abus sexuels dans le cadre des procès impliquant des personnes de renommée attirent l'attention de l'opinion publique dans plusieurs pays du monde, dont le Maroc.» «Les acteurs judiciaires et institutionnels concernes sont appelés a œuvrer pour ne pas laisser le statut des célébrités constituer un obstacle à la parole et aux témoignages des plaignants et plaignantes.» Selon le psychanalyste Xavier Nkoumou : «la protection des droits des victimes des abus a caractère sexuel sont au centre des préoccupations des différentes sensibilités politiques et associatives, y compris les membres de la communauté LGBT. Les expériences cliniques ont révèle que plusieurs personnes parmi les victimes peuvent souffrir de crises de panique, de troubles de sommeil et d'instabilité psychique.» Lors du débat, les présents ont été unanimes à souligner la nécessite de faciliter l'accès des victimes à la justice, sujet à propos duquel l'avocat Mohamed el haini a déploré les limites de l'arsenal juridique national en l'objet, d'où l'impératif du législateur de remédier aux lacunes contenues dans les dispositions de la loi relative à la traite des êtres humains et aux abus sexuels de son cote, Abdelfattah Zahrach a fustigé les milieux assurant la protection des violeurs (allusion a Omar Radi et Soulaiman Raissouni), tandis que l'artiste Najlaa el Fayçal (établie aux Emirats-arabes-unis) a réitéré ses accusations contre Mohamed Ziane, qui prétend être filmé par certaines «parties» proches du pouvoir, ajoutant que cet avocat controversé lui avait envoyé des photos a caractère sexuel, après avoir accepté de prendre en charge l'affaire de ses litiges judiciaires aux Emirats-arabes-unis.