A l'initiative de la Fondation diplomatique à Rabat L'Association marocaine des droits des victimes (AMDV) a rencontré, mercredi à Rabat, des membres du corps diplomatique accrédité dans le Royaume. Cette rencontre a été l'occasion pour les diplomates de s'informer sur l'action menée par l'Association en matière de défense des victimes des agressions sexuelles, en leur fournissant l'accompagnement judiciaire et le soutien psychologique et moral. Lors de cette rencontre, organisée par la Fondation diplomatique à Rabat, l'Association, la première du genre au Maroc, a donné un aperçu sur les motifs derrière sa création, ainsi que sur les actions menées par ses membres pour défendre les victimes d'agressions sexuelles des deux sexes et de différentes tranches d'âge. Les membres du corps diplomatique ont également pris connaissance de l'action de l'Association visant à permettre aux victimes de déposer leurs plaintes et d'entamer la procédure judiciaire, ainsi qu'à défendre l'indépendance de la justice en luttant contre l'impunité et toutes les formes de politisation des affaires de droit commun. A cette occasion, la présidente de l'Association, Aicha Kelaâ, a fait savoir que cette structure a été créée à la suite d'un débat qui a duré plus de deux ans entre des militants des droits de l'Homme et des acteurs de la société civile sur le manque enregistré sur les plans juridique et social en termes de protection des victimes des violences sexuelles. L'association vise à lutter contre les violations des droits des victimes, outre leur accompagnement sur le plan judiciaire, en leur offrant le soutien psychologique et moral et en luttant contre tout ce qui peut porter atteinte à leur dignité, a-t-elle précisé. Selon Mme Kelaâ, avocate au barreau de Casablanca, l'AMDV vise à combler le vide juridique et à plaider devant les pouvoirs publics pour l'actualisation du système juridique et son adaptation aux conventions internationales y afférentes. Elle oeuvre aussi à mettre en place des centres d'écoute des victimes pour briser les tabous au sujet de ce genre de crimes, a-t-elle dit. Mme Kelaâ a également indiqué que l'association agit avec force devant toutes les formes de politisation des dossiers judiciaires et toutes les tentatives visant à porter atteinte à l'indépendance et à l'intégrité du système judiciaire. Elle a abordé à ce sujet les dossiers de Taoufik Bouachrine, Omar Radi et Souleimane Raissouni poursuivis dans des affaires de droit commun dont le viol, l'attentat à la pudeur et la traite d'êtres humains, alors que leurs défenses tentent de politiser ces affaires purement juridiques pour encourager l'impunité et porter atteinte à la notoriété de l'Etat marocain et aux acquis réalisés en matière des droits de l'Homme. Il s'agit aussi de la manipulation de certaines parties étrangères, dans une tentative de faire pression sur la justice et de porter atteinte à l'Etat de droit et des institutions, a-t-elle poursuivi. A cet égard, le secrétaire général de l'Association, Mohamed El Haini, a mis l'accent sur l'indépendance de la justice marocaine, faisant observer que la Constitution de 2011 a consacré l'indépendance des institutions judiciaires. M. El Haini, avocat au barreau de Tétouan, a relevé que certains journalistes poursuivis dans des affaires de droit commun, considèrent que leur qualité professionnelle leur accorde une certaine immunité judiciaire, notant que les citoyens marocains sont égaux devant la justice. Il a, en outre, relevé que les victimes de Bouachrine, Radi et Raissouni font l'objet d'une attaque acharnée menée par certaines parties, en tentant de porter atteinte à leur dignité. De son côté, Mme Meryem Jamal Idrissi, chargée des affaires judiciaires au sein de l'Association, a affirmé que l'indépendance du pouvoir judiciaire et sa collaboration avec les autres pouvoirs est un projet moderniste et progressiste qui concerne la société marocaine dans son ensemble, notant que l'association fait face à tout ce qui peut entraver la justice. Mme Jamal Idrissi, avocate au barreau de Casablanca, a aussi indiqué que la victime d'agressions sexuelles n'est généralement pas soutenue par son entourage, de même qu'elle souffre du regard de la société, appelant à garantir un procès équitable aux victimes de ce genre de crimes, notamment lorsque l'accusé est une personne connue ou un agent d'autorité. Cette rencontre, à laquelle ont pris part 23 ambassadeurs et chargés d'affaires, a été marquée par un témoignage émouvant de Sara El Mars, victime dans l'affaire du journaliste Taoufik Bouachrine, qui a évoqué ses souffrances matérielles, psychologiques et sociales suite à son agression sexuelle. Elle a exprimé sa satisfaction quant à la création de cette association en vue d'apporter le soutien moral nécessaire aux victimes de ce genre d'agressions. L'Association marocaine des droits des victimes (AMDV) a tenu, en avril dernier à Rabat, son assemblée générale constitutive sous le thème "Pour une protection juridique et sociale des victimes". L'association vise, selon ses statuts, "à soutenir les droits des victimes de crimes, conformément aux conventions internationales pertinentes et aux bases constitutionnelles et nationales, et à défendre les droits des enfants, des femmes et de toutes les catégories vulnérables", tout en œuvrant à faire entendre la voix des victimes et à leur procurer le soutien juridique, psychologique, sanitaire et social, et à lutter contre l'impunité, qui s'apparente à une atteinte aux droits des victimes et bafoue le principe de l'égalité des citoyens devant la loi.