L'Association marocaine des droits des victimes (AMDV) a dénoncé, devant un parterre de représentants diplomatiques, les interférences extérieures dans quelques affaires judiciaires qui ne font que rendre plus difficiles encore les efforts de rendre justice. Les procès de Soulaiman Raissouni et Omar Radi ont été renvoyés au 29 juin. La présidente de l'AMDV, Me Aïcha Guellaa, a présenté le mardi 22 juin 2021, un exposé circonstancié sur cette association, devant une assistance composée de 22 ambassadeurs et chargés d'affaires accrédités au Maroc. «Sous le couvert de l'innocence présumée des deux détenus, certaines parties, sans trop se préoccuper de méconnaître ainsi le principe de l'indépendance de la justice, ont pu se permettre bien des choses ; ils se sont laissé entraîner à bien des procédés douteux dont nous pouvons espérer que le faisceau sera rompu. On cherche d'accabler ces affaires sous un fastueux amas de déclarations invérifiées» a déclaré l'avocate qui a contesté la politisation des dossiers de Omar Radi et Soulaiman Raissouni et les pressions exercées sur les institutions marocaines. «Certains faits sont un mirage qui s'évanouit dès qu'on en approche. En réalité, plusieurs personnes se sont jetées à corps perdu dans ces deux affaires. Que voulait-il, et que voulaient ceux qui l'ont suivi ? Ils s'attendaient bien à provoquer, à soulever des indignations factices, à porter atteinte à la sécurité de l'Etat marocain et à mettre en doute l'indépendance du pouvoir judiciaire : c'est précisément ce qu'ils désiraient. Ils espéraient aboutir par ces moyens indirects, obscurs, et coupables. N'ayant pas réussi à poser la question sur le terrain juridique, ils prétendaient la poser sur un autre, et ces les empiètements sont inacceptables» a affirmé Aïcha Guellaa avant d'ajouter que «les nécessités de la polémique sont inadmissibles. Il s'agit de protester contre l'emploi de moyens qu'aucune fin, même la plus légitime, ne pouvait excuser.» Tout en dénonçant les manœuvres du camp des accusés, Mme Guelaa a affirmé «ces exercices de voltige sur la corde raide finissent par lasser. La situation est trop grave pour n'être pas prise très au sérieux et il y a des victimes qui souffrent. «Les grèves de la faim, historiquement, étaient un moyen de protestation et de revendication des droits, mais, malheureusement, aujourd'hui, des gens en détournent la symbolique, notamment l' Association marocaine pour les droits humains (AMDH), sachant que de graves crimes de droit commun pèsent sur les détenus en question. Soulaiman Raissouni veut que son affaire prenne un caractère extrajudiciaire en faisant appel à des organisations internationales.» Le secrétaire général de Reporters sans frontières Christophe Deloire, venu à Casablanca pour assister au procès de Raissouni et à celui de Radi. Ce dernier est en détention préventive pour des accusations de viols et d'espionnage. La visite de Deloire a provoqué une vive polémique sur les réseaux sociaux. Le procès de Raissouni a débuté en février, avec depuis des renvois systématiques d'audience. La semaine dernière, le parquet a estimé que ces reports étaient liés à sa stratégie de défense, avec des reports «à sa demande pour des motifs différents, soit pour préparer sa défense, soit pour des raisons de santé».