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On a lu le dernier livre de Javier Otazu sur le Maroc, un dépotoir de tous les poncifs
Publié dans Barlamane le 14 - 11 - 2021

Javier Otazu, en voulant accabler le Maroc, démontre une vérité inconstable : Un pays muni d'une volonté qui pense, maître de ses destinées, qui refuse de batailler contre des moulins à vent. On a lu son dernier livre, qui rejette systématiquement dans l'ombre une part de la réalité.
Ah! les plumes rancunières, dont la sottise déclamatoire n'a pas des intermittences. Commençons par les mots larmoyants d'Ignacio Cembrero, grand sophiste fanatique devant l'Eternel, qui a démissionné un certain 30 avril 2014 d'El País. Un courriel tonitruant : «Je m'en vais parce que, pour utiliser un euphémisme, je ne me suis pas senti soutenu par la direction depuis que le gouvernement du Maroc a annoncé qu'il portait plainte contre moi en Espagne pour apologie du terrorisme» a-t-il écrit. «Je leur ai demandé d'attendre que la plainte soit archivée, mais la direction m'a donné trois jours pour changer de poste, en me disant que ma mutation était urgente», raconte Ignacio Cembrero, devenu un pestiféré qui n'a que faire des distinctions, qui mène une croisade contre le Maroc depuis maintenant sept ans, obsédé par la manie de ne regarder le royaume que par ses plus vilains côtés, souvent inventés, tant il est vrai que la critique partiale est aveugle.
Il y a aussi le cas Ali Lmrabet, traîné avant quelques années en diffamation après une plainte déposée par le porte-parole de l'Association des parents des Sahraouis victimes de la répression dans les camps de Tindouf (Pasverti), après des déclarations polémiques de l'ex-journaliste à l'hebdomadaire marocain Al-Moustaqil, et selon lesquelles les réfugiés saharouis de Tindouf (sud-ouest algérien) «n'ont aucune envie de rentrer au Maroc» – et qu'ils n'auraient au demeurant «aucune difficulté» à le faire, via la Mauritanie. Depuis, c'est sur Twitter que la légèreté si hardiment injurieuse de ce controversiste fait florès. La vérité et l'éthique, voilà deux choses qui ne se réunissent pas chez Ali Lmrabet sans difficulté. Cela dit, ce dernier est très mal placé pour évoquer (depuis Barcelone) ces vertus que rien ne remplace : l'amour de la patrie, l'attachement au sol natal, la gratitude pour le passé, le respect de la tradition, surtout lorsqu'on démontre l'hostilité la plus âpre et la plus agissante les intérêts suprêmes du Maroc.
Dernier cas en date, Javier Otazu, journaliste à EFE, qui vient de sortir un livre de 128 pages, truffé de grands sentiments faux, de renseignements glanés un peu de toutes parts, de formules toutes faites et un étalage de dissertations morales, où l'on trouve, sans y chercher malice, à reprendre et blâmer autant ou plus qu'à louer. Barlamane.com s'est sacrifié, et a lu, le livre, préfacé par… Ignacio Cembrero. Voilà où mène le compagnonnage douteux. Pourquoi ce livre ? Parce que Javier Otazu a été empêché, fin 2020, de se rendre au Sahara. Comme ça, un livre pour épuiser «sa frustration». Le quatrième de couverture, dans son emphase, promettait beaucoup de choses. Mais comme il s'agit d'une plume compromettante ; le mauvais esprit de M. Otazu s'est incliné à se rabattre à des considérations moins fastueuses et plus générales.
Bien qu'en faillite, le roman antimarocain essaie encore de survivre ; à peu près tué sous la forme de racontars, et n'arrivant plus qu'à grand'peine à quelques révélations sans importance, il se morcelle et rompt ; il se divise, se brise et s'émiette en chapitres sans consistance, bourrés d'arguments à tiroirs. Des gaspillages intéressés, sans humilité. Il y a des détails insignifiants, il y a des détails bas, il y a surtout des détails incorrects.
Cherchons nous-mêmes dans ce mélange de paradoxes et de banalités que M. Otazu nous a donné, je ne dis pas une phrase, ou même un mot, qui commande l'attention et qui se grave dans la mémoire, mais seulement une idée nette, établie, nettement exprimée. Le Maroc, donc, dit Javier, est «un pays où la liberté de la presse brille par son absence», qu'il faut «éviter de franchir certaines lignes rouges sous peine d'être expulsé ou, plus vraisemblablement, de vous faire retirer votre accréditation» au risque de ne plus «couvrir l'actualité qui y est générée.» La liberté au Maroc «est une denrée rare», et le pays connaît une «frénésie répressive». Le cas Cembrero ? Le but est de «l'intimider, même en dehors du Maroc.»
Javier Otazu, comme Ignacio Cembrero, comme Ali Lmrabet, «raconte le vrai Maroc», allègue-t-il, car «il en sait plus sur ce pays que plusieurs ambassades européennes réunies.» Il y a, dit-il «une érosion» des libertés. La preuve ? à cause de certains individus «emprisonnés pour crimes sexuels» et certaines décisions majeures «non-discutées». Les crises diplomatiques déclenchées par Rabat avec Berlin et Madrid ? «Les autorités marocaines ont retiré leur masque et ont agi, pour la première fois ouvertement, comme un Etat hooligan.» «L'image du Maroc a sombré» en mai, après la crise migratoire, et l'Espagne qui a hospitalisé à Logroño, en cachette, le 18 avril 2021, Brahim Ghali, un criminel de guerre ? Aucun commentaire.
Notons que «la liberté» pour M. Otazu, est incarnée par des individus condamnés pour «traite d'êtres humains», «abus de pouvoir à des fins sexuelles», «viol et tentative de viol», «atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat», d'avoir reçu des «financements étrangers» en lien avec «des services de renseignement» et, enfin, pour «des faits d'attentat à la pudeur avec violence et séquestration». Comment quelque charitable conseiller éditorial ne lui a-t-il pas fait comprendre qu'il s'agit ici d'une flagrante ingérence dans la justice marocaine ? Le grand danger de la manière d'écrire d'Otazu, qui déforme les objets, c'est qu'elle déforme les sujets aussi.
M. Otazu évoque également «les révélations» de Forbidden Stories, bien sûr en ne mentionnant pas le fait que le Maroc a affirmé «rejeter catégoriquement» les «allégations infondées» faisant état de son usage du logiciel Pegasus. Le royaume a nié également être client de NSO Group, lequel a contesté les conclusions du «Projet Pegasus», les qualifiant «pour beaucoup de théories non corroborées». M. Otazu, chantre de la question de moralité ou d'immoralité !
«Les relations extérieures du Maroc sont parsemées de provocations (sic !) restées sans réponse» comme «la fermeture unilatérale du bureau de douane commercial de Melilla, en août 2018» et «l'approbation, en janvier 2020, d'une zone économique exclusive qui chevauche celle demandée par l'Espagne pour les îles Canaries». Rabat «a pris ces initiatives sans consulter l'Espagne». «L'Espagne n'a pas été la seule puissance à avoir subi ces humiliations» fulmine-t-il.
Le correspondant de EFE note notamment le dépôt d'une convocation délivrée par la justice française à la résidence de l'ambassadeur du Maroc à Neuilly concernant M. Abdellatif Hammouchi, laquelle avait entraîné la suspension de la coopération judiciaire entre les deux pays. Paris, en plus de s'excuser, ce qu'omet d'évoquer le valeureux M. Otazu, a loué «l'expertise» et «l'efficacité» du Maroc «dans l'échange de renseignement», évoquant «un partenaire-clé» et saluant «l'action menée» par la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), dont le «rôle est déterminant dans la coopération contre le terrorisme». Malgré cela, Rabat a exigé une refonte des règles de coopération judiciaire.
Le plus terrible, c'est que M. Otazu évite de dire qu'un criminel sanguinaire condamné à une lourde peine par la justice et proche du Polisario, Ennaâma Asfari, a été soutenu par une douteuse ONG, qui a profité de la présence en France du patron du contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi, pour saisir la justice. Un «incident regrettable», avait déploré Paris.
M. Otazu a également mentionné avec ménagement les énormes dérapages verbaux en 2016 de l'ex-secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, lors d'une visite en Algérie destinée à relancer les négociations sur le Sahara, alors qu'il était censé garder une neutralité sur ce dossier. Rabat a décidé à la suite de cela de réduire ses effectifs dans la Mission de l'ONU pour le Sahara (Minurso) et d'annuler la contribution financière qu'il lui versait pour assurer son fonctionnement. M. Otazu tombe dans le piège de Ali Lmrabet et Ignacio Cembrero : ne plus enfanter que des pensées véritablement et foncièrement basses ; au risque de s'abaisser beaucoup au-dessous de la réalité.
«Le Maroc se comporte souvent comme un petit tyran de plein air qui n'est arrêté par personne, sauf dans des cas extrêmes» phosphore M. Otazu. Sûrement il aurait aimé un pays qui soit une matière molle que les circonstances façonneraient au gré du hasard de leurs combinaisons. Singulière façon que de prêter au Maroc des préjugés d'un autre âge. Le livre de M. Otazu reflète une certaine façon de penser vulgaires, qui serait plus exactement nommée une façon de ne pas penser. La haine est une vermine qui ronge les livres antimarocains, et c'est par là justement qu'il périssent. C'est une de ces impressions sous lesquelles il faut laisser le lecteur.


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