Le Sommet arabe doit tenir ses assises au mois de mars 2022 à Alger et le régime militaire en manipule déjà les contours. Un rendez-vous qui sert à montrer ce qu'il y a de désarroi dans le pouvoir algérien, obsédé par le Maroc, et qui mène une vie factice et toujours incertaine. La fin des travaux du colloque qui a réuni les chefs de missions diplomatiques et consulaires algériens a connu des déclarations surréalistes de la part de Ramtane Lamamra, patron de la politique extérieure algérienne. Victime collatérale annoncée : le prochain Sommet arabe, prévu en 2022 à Alger, à en juger par les discours, les déclarations et les confidences que Ramtane Lamamra prodigue depuis quelques jours. Sur le dossier Libyen : l'Algérie est «un acteur important dans l'effort visant le règlement du conflit libyen. Elle préside le groupe des pays voisins, elle est chargée d'assurer la coordination pour asseoir un mécanisme politique permettant aux Libyens de trouver une solution consensuelle à leur crise à travers un dialogue inclusif» assène Lamamra. En même temps, il annoncé que «l'Algérie prendra part à la conférence» internationale sur la Libye qui sera tenu le 12 novembre à Paris, «mais pas au niveau du président de la République», Abdelmadjid Tebboune. «Les conditions ne sont pas réunies pour qu'il participe personnellement à cette conférence, en dépit de son attachement au rôle actif de l'Algérie aux côtés des frères libyens ainsi qu'au règlement pacifique et démocratique escompté de la question libyenne», a ajouté Lamamra à l'issue de ladite rencontre à Alger des chefs de missions diplomatiques et consulaires algériennes. Ou quand le dossier libyen obéit aux humeurs du régime algérien, conditionné aux brouilles diplomatiques d'Alger. C'est le règne des idées fausses, des intentions insincères, des passions meurtrières et des expériences hasardeuses tentées aux dépens de la sécurité et de la paix régionales. À propos de l'ouverture provisoire ou d'urgence entre l'Algérie et le Maroc, après que les autorités marocaines ont décidé de livrer des personnes poursuivies judiciairement par les autorités algériennes, Lamamra n'a trouvé rien de mieux que de dire que «le Maroc a participé d'une manière saillante dans la provocation de l'Algérie, en allant jusqu'à s'ingérer dans les affaires du pays.» Là où Lamamra déraille, c'est quand il démontre que le régime algérien décide seul de l'esprit que prendra le prochain Sommet arabe : «l'Algérie aura un grand rôle à jouer lors du Sommet arabe prochain. Elle déploiera tous ses efforts pour asseoir des décisions consensuelles. La Syrie retrouvera sa place dans la Ligue arabe en tant qu'Etat membre. Nous alors rapprocher les vues et les positions et trouver des solutions aux conflits qui rongent les pays arabes». Et d'ajouter: «Le Sommet arabe prochain sera le Sommet de la solidarité interarabe et le soutien de la cause palestinienne et du peuple sahraoui». Ramtane Lamamra paraît ne plus pouvoir contenir sa rage et son impatience à viser le Maroc depuis qu'il est revenu aux commandes. Il pérore sur le Maroc, sur la région maghrébine, et avec cette abondance dont il ne peut se défendre, il est peut-être en train de se créer plus d'une difficulté. Il avertit tout le monde sans consultation qu'il entend se servir du prochain Sommet arabe pour en découdre avec les prétendus ennemis de son pays. Un homme qui ne s'est signalé jusqu'ici que comme un médiocre politique veut compromettre les intérêts arabes pour assouvir les rancunes du régime qu'il représente. Ces préliminaires autorisent certes tous les doutes. Le régime algérien poursuit son œuvre de partialité et de dissolution jusque dans les rangs du Sommet arabe. Il essaye de souffler la division par d'indignes méthodes. Ramtane Lamamra répète sans cesse la même chose, les mêmes récriminations contre le Maroc, et c'est assurément la plus dangereuse des chimères de se figurer qu'on peut réussir en procédant comme il le fait, en favorisant des idées avec lesquelles il n'y a pas d'entente possible. Les capitales arabes ne doivent pas tout laisser passer, car à ce triste jeu rien ne se fonde. Tous les ressorts s'usent, la force intime de la région arabe s'épuise, le sens moral s'éclipse ou s'émousse avec de tels agissements. Les positions de Ramtane Lamamra éclairant d'une lumière sinistre un état moral toxique que le régime algérien a contribué à créer. La difficulté reste toujours à Alger, où le pouvoir s'est montré résolu à n'écouter aucun conseil ; il n'a pas seulement décliné la proposition d'une médiation, il a redoublé d'ardeur dans ses préparatifs de guerre politique et médiatique contre le Maroc, et il a paru même impatient de se jeter tête baissée dans la lutte.