L'Union européenne a suspendu mardi 9 novembre des dispositions visant à faciliter la délivrance de visas pour les fonctionnaires du régime biélorusse, en réaction à «l'attaque hybride» lancée par Minsk, accusé d'organiser un afflux de migrants aux frontières de l'UE. La décision annoncée des Vingt-Sept entérine une proposition soumise par la Commission européenne fin septembre. Elle intervient au moment où la tension monte à la frontière avec la Pologne, qui bloque le passage de groupes de migrants venus de la Biélorussie et a déployé des milliers de soldats, et alors que l'UE envisage de nouvelles sanctions à l'égard du régime d'Alexandre Loukachenko. La mesure approuvée mardi «n'affectera pas» les citoyens biélorusses «ordinaires, qui continueront à bénéficier, en vertu de l'accord visant à faciliter la délivrance de visas, des mêmes avantages que ceux dont ils bénéficient actuellement», précise un communiqué du Conseil, institution représentant les Etats membres. «Nous condamnons et rejetons fermement la poursuite de l'instrumentalisation de la migration par le régime biélorusse. Il est inacceptable que la Biélorussie joue avec la vie d'êtres humains à des fins politiques», a déclaré le ministre slovène de l'Intérieur Ales Hojs, dont le pays occupe la présidence tournante de l'UE. «La décision prise aujourd'hui témoigne une fois de plus de notre volonté commune de continuer à lutter contre cette attaque hybride en cours», a-t-il ajouté. Des sanctions économiques depuis fin juin Les dispositions facilitant la délivrance de visa en matière notamment de pièces justificatives et de réduction des droits sont suspendues pour les membres de délégations officielles biélorusses, les membres des gouvernements et Parlements nationaux et régionaux ainsi que des Cours suprême et constitutionnelle «dans l'exercice de leurs fonctions». L'UE accuse Minsk d'avoir orchestré depuis juin le transit de migrants vers l'UE, par la Lituanie, la Lettonie et la Pologne, en représailles aux sanctions imposées par l'UE à la suite de la répression de l'opposition en Biélorussie. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé lundi les Etats membres à approuver de nouvelles sanctions contre les autorités biélorusses et à envisager des mesures à l'encontre des compagnies aériennes qui acheminent des migrants en Biélorussie. Les nouvelles sanctions doivent être discutées lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères lundi. De premières sanctions économiques adoptées fin juin ont frappé les secteurs clés de la potasse, du pétrole et du tabac. Les sanctions individuelles de l'UE contre des responsables du régime biélorusse visent actuellement 166 personnes, dont le président Loukachenko et deux de ses fils.