Les autorités algériennes ont annoncé, lundi, 27 arrestations parmi le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK, indépendantiste), cible d'une vindicte sans précédent du régime. Les autorités algériennes ont annoncé lundi l'arrestation de 27 personnes membres du MAK, principâlement à Kherrata, berceau du Hirak. Les personnes interpellées sont accusées d'avoir «tenté de semer la discorde et la terreur», de «trouble à l'ordre public», d'«incitation au rassemblement» et d'«atteinte l'unité nationale», selon la même source. Elles sont aussi accusées de «tenter de réactiver des cellules dormantes de cette organisation terroriste, sur injonction de parties à l'étranger», selon un communiqué diffusé ce 6 septembre. Des membres de ce «groupe ont eu recours à des agressions et à des cambriolages de magasins de citoyens», a indiqué la même source sans plus de précision et sans fournir de preuves. Basé à Paris, ce mouvement, illégal en Algérie, né dans le sillage du «Printemps kabyle» de 2001, est une des bêtes noires du régime qui l'accuse de visées «séparatistes». La Kabylie est une région berbérophone du nord-est de l'Algérie traditionnellement frondeuse vis-à-vis d'un Etat très contesté. Elle est un des fiefs du Hirak. Le Hirak est aujourd'hui faussement accusé par le pouvoir d'être infiltré par des activistes du mouvement islamo-conservateur Rachad et des militants du MAK, qui chercheraient à entraîner le Hirak dans la confrontation violente, selon les autorités, qui peinent à appuyer ces allégations. En mai, le Haut-Conseil de sécurité (HCS), qui regroupe les principaux hauts responsables de l'Etat, notamment le premier ministre, le ministre des affaires étrangères, son collègue de l'intérieur et le chef d'état-major de l'armée et le patron de la gendarmerie a émis un texte qui vise spécifiquement le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK, indépendantiste), interdit, et le mouvement islamo-conservateur Rachad, qui n'a pas d'existence légale en Algérie, les déclarant organisations «terroristes». Rachid Ouaissa, politologue et professeur en sciences politiques à l'université de Marburg, en Allemagne déclaré récemment que les accusations d'Alger à l'encontre du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK) est un «procédé [qui] est la signature même des Etats autoritaires. Le principe est systématiquement de chercher à accuser une personne ou une organisation pour détourner le regard de l'ingérence catastrophique de l'Etat.» Selon lui, «la grande peur du pouvoir est la reprise du Hirak (NDLR : mouvement pacifique de protestation), tout est fait pour le scinder.» Le chercheur avait également indiqué que «le MAK souhaite l'indépendance mais le débat autour du fédéralisme est né en partie grâce à ce mouvement. La Kabylie est l'une des régions qui a le plus souffert pour l'indépendance de l'Algérie, il est difficile d'imaginer que la grande majorité des Kabyles soient favorables à une telle entreprise.»