La présidence algérienne a annoncé mercredi sa décision de reconsidérer ses relations avec Rabat, qu'elle accuse d'être impliqué dans les incendies meurtriers qui ont ravagé le nord du pays. La politique en Algérie côtoie toujours des écueils invisibles, quand elle ne finit pas par tourner à la comédie au détriment du pays. Le régime algérien et l'obsession du Maroc, c'est son programme et son unique raison d'être. Jusqu'à ces dernières années, l'Algérie n'avait pas coutume d'occuper le monde de sa politique intérieure. La récente dérive complotiste du pouvoir a excité quelque curiosité à l'échelle internationale, surtout que les dignitaires du régime sont aux prises avec des difficultés qui ne font que s'accroître. Le régime algérien ne donne plus l'idée d'un pouvoir sérieusement constitué décidé à détendre un peu la situation du pays, à relever la politique, les finances et l'économie. Il est en train de sombrer comme dans un de ces typhons où les navires se perdent quelquefois enveloppés par la tempête. En réalité, la crise du régime n'est peut-être pas ce qu'on pourrait appeler une crise de santé ; elle a surtout ce dangereux caractère de laisser voir certaines faiblesses dans ses différentes composantes, des conflits de tendances, une volonté hésitante et timorée là où l'on s'était plu d'abord à supposer l'émergence d'une pensée nette et fixe. La preuve la plus sensible de cet embarras intime, c'est le discours mis dans la bouche du président Tebboune. La grande affaire du moment, la question des relations bilatérales, le pouvoir algérien la traite par sous-entendu. «Que l'Algérie réponde à la main tendue du Maroc en reconsidérant ses relations avec Rabat, injustement accusée d'être impliquée dans les immenses incendies qui ont balayé le nord du pays, est vraiment surprenant. Mais en même temps, il révèle la profondeur de la crise dans laquelle vit le régime algérien, qui le met dans un état de confusion chronique. Ce dernier a été fondé par Houari Boumediene en 1965, et depuis, un groupe d'officiers a dilapidé les ressources d'un pays riche mais mal dirigé» écrit le site Al-Arab. «Est-ce la faute du Maroc si l'Algérie ne dispose pas, comme lui, d'avions dédiés à la lutte contre les incendies ? Les accusations du régime algérien envers Rabat n'est que l'expression de l'impuissance et de l'affaissement du régime d'une part, et de la profondeur du gouffre qui existe entre lui et le peuple algérien d'autre part. La rupture du régime algérien est avec son peuple et en aucun cas avec le Maroc. C'est juste qu'il a peur que les Algériens se rendent au Maroc pour découvrir comment s'est construit un pays sans richesse pétrolière» rapporte la même source. «Le régime algérien essaie de provoquer une crise majeure avec le Maroc, peut-être que cela le dispensera d'une véritable réconciliation avec le peuple algérien. Aucune crise artificielle avec le Maroc ne résoudra ses problèmes. Rien que parce que le peuple algérien n'est pas aussi naïf qu'il le pense. Si le peuple algérien était naïf, Abdelaziz Bouteflika n'aurait pas été contraint de démissionner après avoir tenté d'obtenir, par l'intermédiaire de son entourage, un cinquième mandat» rappelle-t-on. «Ce système ne peut pas créer une menace externe qui n'existe pas en premier lieu. Ce qui existe vraiment, c'est la maladie dont souffre le régime, qui refuse d'admettre qu'il est politiquement, économiquement et intellectuellement en faillite et qu'il devrait profiter du Maroc et coopérer avec lui au lieu de continuer à jouer un jeu qu'il ne connaît autre que. Le nom de ce jeu est d'exporter la crise interne algérienne hors des frontières» précise-t-on. Le Maroc, sous les directives du roi Mohammed VI du Maroc, a déjà proposé la contribution de ses avions à l'extinction des incendies en Algérie. Le régime a ignoré l'offre, tout comme il a ignoré les assurances du monarque marocain quant à son empressement à rouvrir les frontières fermées entre les pays «jumeaux». Les frontières sont fermées depuis 1994. Au lieu de solliciter l'aide du Maroc, toujours soucieux des intérêts du peuple algérien et de l'Algérie elle-même, le régime a eu recours à la location d'avions européens pour éteindre les incendies. En plus de tout cela, toutes sortes d'accusations ont été portées contre le Maroc. Ces accusations comprenaient les relations que le Maroc a reprises avec Israël dans le cadre d'une politique équilibrée qui sert l'intérêt du peuple palestinien et sa cause. Cela a peut-être provoqué la colère de l'Algérie que le Maroc ait reçu Ismail Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, puis Yair Lapid, le ministre israélien des Affaires étrangères. Tout ce que le Maroc fait, il le fait à table. Le Maroc n'a jamais marchandé avec la cause de la Palestine. La déclaration émise par une réunion extraordinaire du Haut conseil de sécurité (HCS) présidée par le président algérien Abdelmadjid Tebboune a retenu l'attention. La réunion était consacrée à l'évaluation de la situation générale du pays à la suite des immenses incendies qui ont fait au moins 90 morts dans le nord de l'Algérie, c'est-à-dire dans les zones tribales qui souffrent des pratiques du régime depuis des années. Le communiqué précise que «les actions hostiles répétées du Maroc contre l'Algérie (nécessitaient) une révision des relations entre les deux pays et l'intensification de la surveillance sécuritaire aux frontières occidentales». Le peuple algérien n'est pas naïf Ce qui est encore plus emblématique, c'est que l'Algérie «accuse» le Maroc d'encourager les menées d'un groupe séparatiste en Algérie. Cette accusation n'est rien d'autre qu'une tentative ouverte pour justifier la guerre que l'Algérie a menée indirectement contre le Maroc depuis sa restauration pacifique de ses provinces du Sud. Le régime algérien n'a jamais su que tout encouragement à une quelconque sécession dans un pays voisin sera catastrophique pour lui. «La crise en Algérie est interne. C'est la crise d'un régime malade qui pense que l'escalade avec le Maroc est la solution, alors que la solution est ailleurs. La solution est d'adopter l'humilité, le réalisme, et d'avoir le courage de mener une démarche d'autocritique et en même temps de se débarrasser du complexe marocain» a-t-on noté. La seule option du régime pour sauver les meubles est d'acquérir une véritable légitimité populaire. Le régime n'a aucune légitimité quand le peuple boycotte le référendum sur la constitution et avant cela les élections présidentielles et dernièrement les élections législatives. Il n'y a pas de légitimité pour un régime, quand c'est l'armée qui décide qui est le président de la république et quelles sont ses prérogatives, et qui doit agir dans un cadre précis qui lui est prédéterminé. Il n'y a aucune légitimité pour un régime qui n'a rien à voir avec ce qui se passe sur le sol algérien, un régime qui croit pouvoir créer une cohésion nationale en brandissant simplement une menace marocaine qui n'existe pas. Le régime algérien ne fait qu'entretenir des illusions depuis 1962. Ce sont la révolution agricole, l'illusion de la révolution industrielle, l'illusion de l'arabisation et l'illusion de la victoire pour le droit à l'autodétermination des autres peuples. Mais il a oublié le droit à l'autodétermination du peuple algérien. «Quand le peuple algérien obtiendra-t-il le droit à l'autodétermination ?» se demande-t-on. «En pratique, le régime a vécu dans l'illusion que l'Algérie dispose d'un modèle qu'elle exporte hors de ses frontières. Avec le temps, et avec la dissipation des richesses pétrolières et gazières, il est devenu clair que le régime algérien n'a rien à exporter d'autre que sa crise dans un jeu qui a survécu à son temps. Lorsque le chef d'état-major algérien, Saïd Chengriha, évoque le fait que les incendies en Algérie font "partie d'un complot global" sans fournir aucune preuve de ce qu'il dit, le moins qu'il soit censé admettre est que s'il s'agit d'un complot contre l'Algérie, c'est le régime lui-même qui est derrière ce complot» a-t-on conclu.