Le régime algérien a provoqué l'hilarité des observateurs en affirmant que Rabat soutient le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), une organisation indépendantiste établie à Paris et qu'il tient pour responsable des feux de forêt. L'Algérie veut réviser les relations avec le Maroc. Le souvenir de scandales du régime, confronté à de multiples crises et la force de frappe de ses relais médiatiques jouent le rôle d'amplificateur de théories complotistes visant plusieurs parties. Cette décision a été prise lors d'une réunion extraordinaire du Haut Conseil de sécurité algérien présidée par Abdelmadjid Tebboune, et consacrée à l'évaluation de la situation après les gigantesques feux de forêt qui ont fait au moins 90 morts dans le nord du pays. Selon le président Tebboune, la plupart de ces incendies étaient d'origine «criminelle» – sans que ne soit présentée jusqu'à présent la moindre preuve. Sur les réseaux sociaux, plusieurs commentaires remettent en doute la vérité derrière l'arrestation d'«un réseau criminel classé comme organisation terroriste » derrière les incendies parlent «d'aveux fabriqués de ses membres arrêtés, dont certains seraient proches des renseignements algériens». Au-delà des pertes humaines et matérielles et des théories de complot diffusées par les relais du régime – les Algériens ont été profondément outrés des carences des pouvoirs publics mises en lumière lors de ces incendies – et du lynchage et l'immolation d'un homme accusé à tort de pyromanie en Kabylie, région berbérophone du nord-est du pays ravagée par les feux. Soixante-et-un suspects ont été arrêtés depuis le meurtre de Djamel Bensmaïl, le 11 août. Les dirigeants algériens, face à l'ampleur du choc, ont accusé le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), une organisation indépendantiste, d'être responsable des incendies et de la mort ignominieuse du jeune homme, une hypothèse aussi improbable que mensongère. Alger ne s'est pas contenté de cela mettant également en cause le mouvement islamo-conservateur Rachad, établi à Londres. Ces deux mouvements, bêtes noires du pouvoir algérien, sont interdits en Algérie, où ils ont été classés comme «organisations terroristes» le 18 mai. «Assisterons-nous à une chasse à l'homme ? La Ligue algérienne de défense des droits de l'homme [LADDH] appelle à la retenue, la clairvoyance et la sagesse», s'est inquiété son vice-président, Saïd Salhi, dans un communiqué.