Les dons provenant de pays du Golfe, d'Algérien de la diaspora et de simples citoyens affluent pour permettre à l'Algérie frappée de plein fouet par la Covid-19 et le variant Delta d'éviter une impasse sanitaire, selon des professionnels de santé. L'appel à l'aide a retenti. Les dons affluent en Algérie, que ce soit des pays du Golfe ou de la société civile, pour éviter une impasse sanitaire à cause de la Covid-19. Le variant Delta est à l'origine de 72 % des cas selon l'Institut Pasteur d'Algérie. Dans des régions comme Constantine, Sétif, Skikda et Jijel, dans l'Est, et Tlemcen, dans l'Ouest, les hôpitaux ont atteint le seuil critique. Depuis plusieurs jours, le rebond soudain de l'épidémie a fait imploser le système de santé du pays, qui manque de matériel pour juguler la déferlante de morts et de contaminations. L'Algérie a annoncé plus de 1 203 nouvelles contaminations et 46 morts vendredi, dernier record d'une triste série alors que le personnel de santé et les familles de malades sont désespérément en quête d'approvisionnement en oxygène et de places dans les hôpitaux. D'après les données fournies par la Banque mondiale, seulement 7,9 % des Algériens ont reçu à ce jour une première dose de vaccin. Au total, 9 millions de doses de vaccins Spoutnik V, AstraZeneca, Sinovac et Sinopharm ont été livrées. Selon le pouvoir central, près de 9,2 millions de doses supplémentaires sont attendues en août, une annonce rencontrée avec un certain scepticisme. Plusieurs cagnottes ont été lancées et ont récolté des milliers d'euros. Un avion-cargo Air Algérie a par ailleurs débarqué à Alger, avec 20 tonnes de matériel médical neuf collecté par l'Association franco-algérienne de pneumologie (AFAP), basée en France. Mais cela ne réduit pas la colère publique. Amina Afaf Chaieb, membre du mouvement citoyen et politique Ibtykar, issu du Hirak, est remontée. «Cette solidarité est à l'honneur des citoyens qui, par toutes les crises qu'a traversées l'Algérie, ont su être au rendez-vous. Mais le constat c'est qu'en face on a un Etat complètement défaillant, qu'on dénonçait bien avant le Covid. Toutes les sorties et mesures prises ont été mal pensées ou pas à la hauteur des enjeux» a-t-elle déclaré à la presse. Les associations et la diaspora ne sont pas en reste pour envoyer de l'aide, mais le fait que les dons récoltés soient sous la supervision des autorités inquiète. Des algériens tunisiens partagent des photos et des vidéos de familles désemparées car ne trouvant pas de lit pour leur proche, de soignants craignant la pénurie d'oxygène, et de corps entassés dans des conditions intenables dans des morgues. Les hôpitaux publics, déjà démunis en temps normal à cause d'une mauvaise gestion chronique, d'une corruption endémique et d'un manque de moyens, ont à nouveau appelé à l'aide au début de l'été pour obtenir notamment des équipements de protection et des outils pour la réanimation. Un hôpital de campagne fourni par les Etats-Unis en mai a ainsi été installé récemment, un autre offert par le Qatar n'est toujours pas fonctionnel faute de source d'oxygène. Mais cela ne suffira pas dans les conditions actuelles : les mesures de prévention restent mal respectées et les luttes de pouvoir au sommet de l'Etat désorganisent les pouvoirs publics.