«Notre système de santé est le meilleur au Maghreb et en Afrique», a déclaré Abdelmadjid Tebboune en juin 2020. Mais la réalité est plus cruelle. La crise sanitaire met de nouveau en lumière la vétusté du système de santé algérien, alors que la colère publique monte contre le manque de préparation du gouvernement face à cette vague épidémique. Sur les réseaux sociaux, des images circulent, montrant des patients à même le sol dans des hôpitaux débordés dans la capitale ou dans des régions du nord, comme Tlemcen. Confronté à un effondrement économique et à une propagation du coronavirus, l'Algérie connait une sévère pénurie de médicaments et d'oxygène. L'Algérie, pays des contrastes. Alors que les autorités ont indiqué que le gouvernement a presque quadruplé sa production d'oxygène médical pour la porter, selon le ministre de l'industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, à 430 000 litres d'oxygène liquide par jour (soit près de 390 millions de litres d'oxygène gazeux), les pouvoirs publics ont réquisitionné, ces dernières semaines, des entreprises exerçant dans le transport et la production de l'oxygène liquide, au moment où les concentrateurs d'oxygène et autres dispositifs médicaux manquent dans les hôpitaux algériens, affectant les performances du «meilleur système de santé au Maghreb et en Afrique» comme l'a affirmé le président Tebboune, qui a été transféré le 28 octobre 2020 en Allemagne pour se soigner après avoir contracté la Covid-19. La faiblesse des ressources dans les hôpitaux, où des patients ont péri du fait des pénuries d'oxygène, était montrée du doigt par certains tweets émanant d'internautes désabusés mais aussi d'élus de l'opposition. Le variant Delta, plus contagieux, contribue à la flambée galopante de l'épidémie en Algérie (70 % des cas recensés). La vaccination, elle, se montre poussive (moins de 6 % de la population a reçu sa première dose, selon le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies). Pour certains professionnels de la santé alarmés, les chiffres officiels des contaminations et de la mortalité, qui ne tiennent compte que de ceux procédé à une analyse PCR, sont en-deçà de la réalité. Au cours du mois de juin, les bilans journaliers tournaient autour de 400 contaminations et 14 morts par jour. Ils ont grimpé ces derniers jours à plus de 1 600 contaminations et 30 décès. Le gouvernement avait décidé d'étendre le couvre-feu de 20 heures à 6 heures dans 35 des 58 wilayas (préfectures) du pays, dont Alger, selon un communiqué publié récemment à l'issue d'un conseil des ministres. Cette décision s'accompagne d'une nouvelle salve de décisions restrictives visant les activités de loisirs, en pleine saison d'été et au moment où l'Algérie connaît une forte canicule.