L'horreur a atteint son paroxysme à la mi-juillet quand l'oxygène a commencé à manquer dans les hôpitaux où plusieurs dizaines de personnes sont mortes en quelques heures, ont indiqué des médecins algériens dans l'effarement. Ce mois, le virus a tué en moyenne 20 personnes par jour. En Algérie, face à la montée du nombre de cas de Covid-19 due à la propagation du variant Delta, le gouvernement a imposé de sévères restrictions sanitaires. À Sétif, devenue l'épicentre de la nouvelle vague de contagions, les hôpitaux n'arrivent plus à faire face au rythme de contamination. Les experts en santé publique pointent du doigt de nombreuses grandes erreurs commises par les autorités locales, ainsi que des années de sous-investissement et de corruption endémique qui ont laminé le système de santé publique algérien, sous-équipé en structures sanitaires. L'Algérie, débordée, fait face à une nette hausse des contaminations depuis plusieurs semaines, tandis que les services hospitaliers sont excédés et le personnel médical au bord du gouffre. Même les grands hôpitaux manquent d'oxygène en raison notamment de problèmes de gestion de stock, de logistique et de distribution. Vous vous souvenez ? Juillet 2020. #Algerie https://t.co/LZSd2RjFrW — Leïla Beratto (@LeilaBeratto) July 29, 2021 Oran a aussi affronté une hausse soudaine des contagions, provoquée par le variant Delta. L'hôpital public principal de la ville; qui compte une centaine de lits, a vu la demande dépasser désormais largement ses capacités. Cruelle situation alors que le ministère de l'Industrie pharmaceutique, qui a déclaré que l'Algérie devrait commencer à produire localement le vaccin chinois Sinovac dans une usine du groupe pharmaceutique étatique Saidal, à Constantine (nord-est), a été sous le feu des critiques, face à une campagne de vaccination d'une lenteur d'escargot. Tous les lieux de récréation ont été fermés dans 35 préfectures alériennes depuis lundi. Cafés et restaurants ont été limités à la vente à emporter. Enfin, les transports urbains publics et privés ont été suspendus durant les week-ends sur l'ensemble du territoire. Des témoignages décrivent la mort de proches sans qu'ils aient pu recevoir d'oxygène. Pour les autorités sanitaires, cette nouvelle vague s'explique non seulement par la propagation du variant Delta mais aussi par la réticence de la population à porter des masques et à respecter la distanciation sociale. Le principal problème est que l'oxygène médical n'atteint pas les lits d'hôpitaux à temps. Ce retard est le produit de l'emplacement des unités de production, d'un réseau de distribution très inefficace et de ce que les critiques ont qualifié de mauvaise planification chronique. Plusieurs hôpitaux algériens, qui n'ont pas de capacité de production d'oxygène significative, ont lancé des appels publics frénétiques cette semaine à la recherche d'approvisionnements urgents. Le variant Delta a causé en Algérie 71% des infections totales pour juillet, selon le centre de recherche d'Etat Institut Pasteur. L'Algérie, qui est à la traîne dans la vaccination collective, a reçu à ce jour 7,7 millions de doses de vaccins – russe (Spoutnik V), suédo-britannique (AstraZeneca) et chinois (Sinovac et Sinopharm) – pour une population de 43,8 millions d'habitants. Les épidémiologistes estiment qu'il faudrait vacciner au moins 20 millions d'Algériens pour arriver à l'immunité collective. Officiellement, quelque 165 300 cas de coronavirus et plus de 4 120 décès ont été enregistrés en Algérie depuis le début de l'épidémie fin février 2020. Tous les rassemblements publics – notamment les manifestations politiques – restent interdits partout sur le territoire.