L'Algérie va produire dès septembre le vaccin russe Spoutnik V contre la Covid-19, a annoncé mercredi le ministre de l'Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed. «En septembre, nous serons prêts (pour) produire un vaccin algérien», a déclaré le ministre à la radio publique francophone. Les critiques s'intensifient en Algérie, qui s'apprête à prolonger ses restrictions anti-Covid, contre la stratégie vaccinale jugée, jusqu'au sein du gouvernement, lente et trop dépendante de facteurs étrangers. De nombreux observateurs pensent que la Russie s'engage dans la diplomatie vaccinale pour renforcer son influence au Maghreb. Le 12 février, l'Algérie a annoncé qu'elle recevrait 40 millions de doses du vaccin Spoutnik V; en parallèle, Moscou a accordé aux autorités algériennes une licence pour fabriquer le vaccin sur son sol. Le vaccin sera fabriqué par le groupe public Saidal en partenariat avec le laboratoire russe Gamaleïa qui a mis au point le produit, a précisé le ministre. Ce projet verra le jour grâce au transfert technologique assuré par les Russes via une plateforme numérique accessible aux experts algériens, et qui rassemble toutes les données nécessaires pour la fabrication du Spoutnik V. «Trois comités englobant des experts de Saidal, des universitaires, des centres de recherches, l'institut Pasteur et des cadres du ministère, travaillent actuellement d'arrache-pied sur le transfert de la technologie» offert par la Russie, a assuré M. Benbahmed. La production se fera avec la participation d'un laboratoire indien, leader mondial en la matière, a-t-on ajouté de même source sans dévoiler le nom du laboratoire. À ce jour, l'Algérie a reçu 80 000 doses du vaccin Spoutnik V avec lequel il a lancé sa campagne de vaccination le 30 janvier. Elle doit recevoir 920 000 doses du vaccin russe avant la fin du mois d'avril, avait indiqué la semaine dernière le ministre de la Santé, Abderahmane Benbouzid. Alger a également reçu 50 000 doses du vaccin britannique AstraZeneca et 200 000 doses du vaccin Sinopharm, un don de la Chine, partenaire de longue date de l'Algérie. Et jeudi, plus de 364 000 doses du vaccin AstraZeneca sont arrivées dans le pays dans le cadre du mécanisme Covax d'aide aux nations défavorisées. Près de 118 000 contaminations, dont 3112 décès, ont été officiellement enregistrées en Algérie depuis le recensement du premier cas le 25 février 2020, selon le dernier bilan du ministère de la Santé. Hamza Meddeb, chercheur non-résident au Malcolm H.Kerr Carnegie Middle East Center, a déclaré : «La pandémie de coronavirus a révélé la faiblesse de la coordination au niveau mondial et l'intensité de la concurrence entre les grandes puissances pour exploiter la crise sanitaire pour gagner une influence grâce à la soi-disant diplomatie des masques (en référence à la livraison de masques faciaux) plus tôt, et actuellement par le biais de vaccins. La Russie a réussi à fournir à l'Algérie des vaccins contre le Spoutnik V, tandis que le Maroc a choisi très tôt de s'appuyer sur les vaccins chinois, tout comme l'Egypte. La Tunisie, quant à elle, a attendu les vaccins de l'initiative Covax supervisée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS)» Il a ajouté: «La crise sanitaire mondiale a révélé la faiblesse de l'OMS en tant que cadre de coordination internationale. Cela a poussé la Russie à jouer sa carte diplomatique partout où elle constate un manque à gagner. Moscou se précipite pour répondre aux besoins en vaccins des pays et, ce faisant, en récolte des avantages, y compris certains qui ne sont pas nécessairement liés à l'épidémie.»