Pour la 122e vendredi depuis la naissance du mouvement antirégime Hirak, plusieurs milliers de personnes sont de nouveau descendues dans la rue, au moment où le pouvoir accentue sa répression alors que la rue rejette les résultats des élections législatives. Ils dénoncent «une mascarade électorale», réclament «d'autres choix de société» et rejettent «un président faible qui puise dans le réservoir des pratiques de ses prédécesseurs» : les Algériens ont de nouveau manifesté, vendredi 18 juin, lors de marches devenues traditionnelles du mouvement populaire Hirak mais que le régime cherche à étouffer, au moment où le parti au pouvoir en Algérie, le Front de libération nationale (FLN), a remporté les élections législatives organisées avant une semaine, dans un contexte très tendu de très forte abstention (23 % de votants seulement) et de crise politique, selon l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE). Plusieurs milliers de personnes ont ainsi participé à la marche hebdomadaire surtout à Tizi-Ouzou fief de la contestation, ainsi qu'en province, notamment à Béjaïa, grande ville de Kabylie (nord-est), à Beni Ourtilane, près de Sétif, à Annaba et Constantine (nord-est), selon les réseaux sociaux et le CNLD, a constaté Barlamane.com. «Vendredi 122 : Stop Prévarication, Injustice et Répression», pouvait-on lire sur des pancartes, en référence à la 112e semaine depuis la naissance du mouvement prodémocratie, le 22 février 2019. Des protestataires ont également demandé la «liberté pour les prisonniers». Quelques détenus d'opinion, en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles, sont toujours incarcérés dans le pays, selon le site spécialisé Algerian Detainees. Plus d'une vingtaine observent une grève de la faim depuis une dizaine de jours. Les manifestations se sont déroulées au milieu d'un important déploiement des forces de l'ordre essentiellement devant les bâtiments officiels, selon nos sources. Mais aucune caméra d'organisme de presse n'a pu documenter l'avancement du cortège vendredi. De leur côté, les autorités continuent de viser opposants politiques, militants, journalistes et internautes, multipliant poursuites judiciaires et condamnations sommaires, tandis que les manifestants contestent la rhétorique complotiste du président qui accuse «des forces obscures qui veulent semer le chaos» en Algérie, dénonçant «des forces rétrogrades et des organisations occultes à la solde des puissances étrangères et des feuilles de route émanant d'outre-mer». Le Comité national de libération des détenus (CNLD), une association qui vient en aide aux prisonniers d'opinion, n'était pas mesure de préciser si des arrestations avaient eu lieu. Né en février 2019 du rejet massif d'un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, impotent et reclus, le Hirak réclame un changement radical du « système » politique en place depuis l'indépendance du pays, en 1962.