Pour la troisième semaine d'affilée, la marche du mouvement antirégime du Hirak a été bloquée vendredi à Alger, où un impressionnant dispositif policier a empêché toute velléité de manifester, selon les médias et les réseaux sociaux. Les Algériens ont de nouveau manifesté, vendredi 28 avril, lors de marches devenues traditionnelles du mouvement populaire Hirak et un casse-tête pour le régime. Des dizaines de policiers anti-émeutes, armés de boucliers, étaient déployés dès les premières heures de la matinée dans les principales artères du centre-ville où défilent habituellement les hirakistes pour mater les manifestations. Selon Ramdane Tazibt, un dirigeant du Parti des travailleurs (PT, trotskyste), «toutes les voies qui mènent à Alger étaient obstruées par d'innombrables barrages de police». Pour la 119e semaine depuis la naissance du mouvement prodémocratie Hirak, plusieurs milliers de personnes sont de nouveau descendues dans la rue, au moment où le régime intensifie sa répression à l'approche d'élections législatives. Seules quelques dizaines de personnes ont réussi à manifester après la prière du vendredi à El Harrach, dans la banlieue d'Alger, et à Aïn Benian, une autre commune de banlieue, selon des vidéos postées sur Facebook. «Pas de vote avec les bandes de maffieux», ont scandé les protestataires, réaffirmant leur rejet des élections législatives du 12 juin. En revanche, plusieurs milliers de personnes ont défilé à Tizi Ouzou et à Bejaïa, en Kabylie (nord-est), où les cortèges ont conspué le prochain scrutin et réclamé la libération des détenus du Hirak. Ailleurs, en provinces, les marches habituelles n'ont pas eu lieu. Pour empêcher la poursuite des marches du Hirak à l'approche des élections, le ministère de l'Intérieur a décidé d'obliger leurs organisateurs à «déclarer» au préalable les manifestations auprès des autorités, ce qui revient à les interdire. Depuis, les rassemblements du mouvement de contestation ont été empêchés à Alger et dans certaines villes, entraînant des vagues d'interpellation à travers le pays. Plus de 2 000 manifestants ont été interpellés, dont près d'une centaine ont été placés en garde à vue et une soixantaine sous mandat de dépôt, selon Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH). Une vingtaine ont été condamnés à des peines de prison ferme. Plus de 180 personnes sont actuellement incarcérées pour des faits en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles, selon le Comité nationale pour la libération des détenus (CNLD).