Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a affirmé le 9 juin que le gouvernement espagnol «tente d'européaniser une crise exclusivement bilatérale» entre le Maroc et l'Espagne et qui «n'a pas pris fin le 1er juin avec le départ du territoire espagnol de Brahim Ghali». «La crise est là parce que ses causes profondes perdurent. Madrid se dérobe de ses responsabilités», a affirmé Nasser Bourita, qui s'est exprimé lors d'un point de la presse en marge la visite de son homologue hongrois, Péter Szijjártó. Le ministre des relations économiques extérieures et des affaires étrangères de Hongrie effectue ce mercredi une visite au Maroc. Nasser Bourita a réitéré que «la crise est bilatérale» et «politique», tandis que l'Espagne, qui agit par compensation, «essaye de l'européaniser et de la détourner de ses causes connues, lesquelles sont de plus en plus reconnues», a-t-il dit. «C'est avant tout une crise de confiance mutuelle, liée à une attitude que le Maroc considère contraire à l'esprit du partenariat : la substance est la cohérence entre les actes et les propos sur le séparatisme (car) le séparatisme ne peut pas être interdit dans votre pays et le promouvoir chez le voisin» a renchéri le chef de la diplomatie marocaine. En de précédentes occasions, Nasser Bourita lui-même a rappelé que Rabat était toujours étrangère aux manifestations du séparatisme catalan, et a accusé l'Espagne d'avoir, en retour, agi de connivence avec les séparatistes sahraouis, notamment en autorisant l'arrivée et l'hospitalisation de Brahim Ghali dans un hôpital de Logroño pour être soigné pour de la Covid-19. Mais Nasser Bourita a répété que «la crise n'a pas commencé avec l'arrivée du chef du Polisario et ne se terminera pas avec son départ». «Européaniser cette crise est une fuite en avant, un moyen de détourner l'attention», a déclaré Bourita, pour qui «le Maroc est satisfait de ses relations avec l'Union européenne et de sa coopération multiforme avec elle», et a cité les récentes déclarations de deux responsables européens louant les bonnes relations nouées avec Rabat. Il a également évoqué la question de l'immigration : «Nous n'avons aucune leçon à recevoir, nous agissons en tant que partenaires», a-t-il déclaré en référence aux accusations espagnols d'un relâchement supposé ayant conduit la marrée migratoire qu'a connue Sebta, le 17 mai.