Après l'épisode de Sebta, le Parlement européen s'apprête à voter une résolution qui pourrait condamner le Maroc pour «violation du droit international». Une initiative aux allures d'acharnement qui suscite l'étonnement au Royaume. C'est une sorte de « bataille juridique » que les eurodéputés comptent livrer contre le Maroc après la fin des événements de la ville occupée de Sebta, qui s'est soldé par l'afflux massif et soudain de quelque 10.000 migrants en provenance du Maroc.Dans une démarche qui s'apparente à une escalade, le Parlement européen a fixé dans son calendrier, une séance de débat sur les évènements de Sebta, pour examiner si le Maroc a enfreint les conventions des Nations-Unies relatives aux droits de l'enfant, en exploitant les mineurs dans la crise migratoire. Cette séance, prévue jeudi 10 juin, pourrait déboucher sur le vote d'une résolution condamnant le Maroc. En clair, l'Instance législative européenne semblerait vouloir porter la responsabilité de ce qui s'est passé à Sebta au Maroc, nonobstant la vraie raison de la crise actuelle entre le Maroc et l'Espagne qu'est l'entrée frauduleuse d'un individu séparatiste à l'espace Schengen, muni d'un faux passeport et, de surcroit, accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Un acharnement étonnant Au Maroc, ce nouveau geste « jugé hostile », n'a pas manqué de susciter la sidération, sachant qu'il intervient au moment où plusieurs actions de bons offices sont menées par des pays européens pour apaiser la tension entre Rabat et Madrid, dont les relations risquent la rupture après l'exfiltration de Brahim Ghali en Algérie, sans jugement, et ce malgré les mises en garde du Maroc. Le président de la Chambre des représentants Lahbib El Malki a été parmi les premiers à réagir. Il a fait part de son étonnement et de sa déception de l'initiative du Parlement de Strasbourg. «L'instrumentalisation de la question migratoire, et notamment de la question des mineurs non accompagnés dans ce contexte, s'apparente clairement à une manoeuvre qui vise à européaniser une crise bilatérale», a-t-il déclaré, ajoutant qu'il déplore l'exploitation « d'un incident exceptionnel dans un partenariat où le Maroc joue un rôle exemplaire ». A cet égard, le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita a bien démontré que le Maroc n'est pas le gendarme de l'Europe, mais qu'il agit en partenaire dans un partenariat qui ne lui est pas tout à fait bénéfique. Les 300 millions d'euros que l'UE verse au Royaume pour contenir les flux migratoires ne constituent même pas 20% du vrai coût assumé. Si l'UE condamne le Maroc, même par simple résolution, ce n'est que l'affirmation d'un soutien ostensible à l'Espagne, qui continue de vouloir détourner l'attention publique du fiasco dans l'affaire de Brahim Ghali, par des déclarations martiales. Le Chef de l'Exécutif espagnol Pedro Sanchez a accusé le Maroc d'attaquer ses frontières. Bruxelles ne s'est nullement prononcée sur l'affaire Brahim Ghali. Etonnant de la part d'une organisation d'habitude très pointilleuse lorsqu'il s'agit de l'Etat de droit. Rappelons que plus 10.000 migrants clandestins ont tenté, du 17 au 19 mai, de franchir la frontière de Sebta, dont plus de 8000 ont été refoulés, à l'exception de mille mineurs qui ont été pris en charge en l'attente de leur renvoi. Plusieurs ONG ont dénoncé quelques cas de violences et de maltraitance à leur égard, ce à quoi l'UE ferme toujours les yeux.