En réponse à la déclaration de la diplomatie marocaine, Pedro Sánchez a évoqué (encore une fois) le déferlement sans précédent de Marocains candidats à l'exil dans la ville de Sebta avant deux semaines, au moment où les tensions diplomatiques entre Rabat et Madrid restent fortes. Une sortie pour se dispenser d'aborder l'essentiel, le procès de Brahim Ghali. Quelques heures avant le lancement du procès de Brahim Ghali, Pedro Sánchez préfère se voiler la face. Lors d'un point de presse, il a évoqué la marrée migratoire qu'a connue Sebta avant deux semaines à la suite d'un relâchement des contrôles frontaliers. Le Maroc partenaire traditionnel dans la lutte contre la migration illégale avait dénoncé le «double langage» et les «intimidations» de Madrid. Le chef du gouvernement espagnol se soustraire au sujet principal, le procès de Brahim Ghali qui commence mardi pour «tortures», «violations de droits humains» ou «disparition forcée». «C'est un test pour le partenariat stratégique» liant Rabat et Madrid notamment en termes de lutte contre la migration clandestine, a mis en garde Nasser Bourita. Pedro Sánchez a ainsi répondu au communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères diffusé ce 31 mai, dans lequel il a affirmé que la crise diplomatique ouverte avec l'Espagne n'est pas uniquement à l'accueil du chef de la Front Polisario, Brahim Ghali, et a demandé à l'exécutif de Pedro Sánchez «quelle aurait été sa réaction si ceux qui avaient été reçus au palais royal marocain étaient des séparatistes catalans» note l'agence Europa Press. Dans sa réponse, Pedro Sánchez a réitéré que l'Espagne envisage sa relation avec le Maroc d'un point de vue «stratégique» et que Rabat «ne peut oublier qu'il n'a pas d'alliance plus grande ou meilleure au sein de l'UE que l'Espagne». Il a ajouté que l'Espagne est un «interlocuteur privilégié et essentiel pour le Maroc» au sein de l'Union européenne. En ce sens, Pedro Sánchez a indiqué que le respect et cette confiance «ne se construisent pas si l'on dit qu'en raison d'un désaccord de politique étrangère, on autorise l'entrée massive de migrants dans la ville de Sebta». «La longue et sévère déclaration du ministère marocain des Affaires étrangères a surpris le chef de l'exécutif espagnol. Le Maroc y a souligné que la crise ouverte par l'accueil après l'accueil de Brahim de Ghali, admis dans un hôpital de Logroño avec sa contamination à la Covid-19, soulève une question de cohérence» rapporte Europa Press. La diplomatie marocaine a fait valoir que Rabat avait choisi dès le début de la crise catalane «de se ranger du côté de l'intégrité territoriale et de l'unité nationale» de l'Espagne et a demandé au gouvernement «quelle aurait été la réaction de l'Espagne si un représentant du séparatisme espagnol avait été reçu au Maroc ?» «Le bon voisinage n'est pas à sens unique», avait souligné le chef de la diplomatie marocaine, estimant que le Maroc «n'a pas l'obligation d'être le gendarme de l'Europe». Depuis 2017, Rabat «a démantelé plus de 4 000 réseaux et bloqué 14 000 tentatives irrégulières» alors que la contrepartie financière de l'Europe, «d'une moyenne de 300 millions d'euros par an» ne représente «pas 20 %» de ce qu'il engage, selon Nasser Bourita.