« Est-ce que l'Espagne, souhaite sacrifier sa relation bilatérale pour le cas Brahim Ghali », Nasser Bourita a opté pour EFE pour adresser un message à Madrid, suite à l'hospitalisation du leader des séparatistes en Espagne. Une interview où le chef de la diplomatie a rappelé la position du Royaume lors de la crise catalane, comme le refus du Royaume d'être le gendarme de l'Europe pour la question migratoire. Dans une interview accordée à l'agence EFE, Nasser Bourita ministre des Affaires étrangères est revenu sur l'affaire Ghali en précisant notamment que cet épisode représente « un test sur la fiabilité de notre relation, sa sincérité et surtout s'il représente autre chose que des slogans ». Pour le chef de la diplomatie marocaine, la question qui s'impose suite à cette affaire, reste « est-ce que l'Espagne souhaite sacrifier sa relation bilatérale pour le cas Brahim Ghali ». Le ministre des Affaires étrangère a également précisé que le Royaume, n'avais toujours pas reçu de réponses satisfaisantes aux questions qui avaient été adressées à Madrid, le 25 avril dernier après la fuite sur l'hospitalisation du leader des séparatistes en Espagne. Un transfert d'Algérie vers un hôpital de la petite localité de Logroño qui avait été justifié après coup par des « raisons humanitaires ». « L'on ne manœuvre pas dans le dos de nos partenaires ! » Le choix de Madrid de tenter la carte clandestine pour accueillir « discrètement » Ghali, allant jusqu'à accepter son entrée sur son territoire sous une fausse identité a été comparée par Bourita avec la posture adoptée par Rabat, lors de la crise catalane de 2017. « Lorsque l'Espagne affrontait le séparatisme catalan. Le Maroc a maintenu une position claire et sans équivoque jusqu'au plus haut niveau, refusant tous contacts ou interactions avec les séparatistes catalans, tout en informant nos partenaires espagnoles ». Bourita a également précisé, qu'en cas de demande d'audience des responsables catalans au ministère, les diplomates marocains exigeaient que l'ambassade d'Espagne soir représentée durant l'entrevue. « L'on ne manœuvre pas dans le dos des nos partenaires, notamment pour une question aussi fondamentale pour le Maroc », a souligné le chef de la diplomatie. Ce dernier a par ailleurs, insisté que le gouvernement marocain attend toujours de son homologue espagnol « de la clarté, il faut déjà que les choses soient clarifiées ». Des explications qui seraient selon la dépêche, un préalable avant le choix d'une nouvelle date pour la Réunion de Haut Niveau. Le chef de la diplomatie a par ailleurs, rappelé que le partenariat entre les deux Royaumes reste « global regroupant les volets politiques, économiques, commerciales, humains et sécuritaires », avant d'ajouter « il ne faut pas s'imaginer que c'est une relation à la carte. Quand l'Espagne décide de manigancer avec l'Algérie et le Polisario, le Maroc sort du radar, mais quand il faut parler d'émigration ou de terrorisme, nous redevenons importants ». Cette interview a également été l'occasion pour le ministre de rappeler les accusations portées à l'encontre de Brahim Ghali au niveau de la justice espagnole. « La responsabilité historique de l'Espagne, un prétexte qui ne tient plus » Rappelant au passage, « la duplicité » du front Polisario dont les dirigeants disposent d'avions particuliers et de fausses identités pour se faire soigner hors des campements de Tindouf, alors que la population otage des camps ne disposent ni de masques, ni de gel hydroalcoolique alors que le COVID touche de plein fouet les camps et ce dans l'indifférence la plus totale. La fameuse « responsabilité historique », brandie à plusieurs fois par Madrid a également été critiquée par Bourita qui considère cet argument comme « un prétexte qui ne tient plus ». Pour étayer ses propos, le ministre a souligné le fait que l'Espagne « agit normalement » à Sidi Ifni et au Nord du Maroc, des zones qui faisaient également partie du protectorat espagnol. Bourita a ainsi profité de cette interview pour rappeler que le Maroc refuse d'être le « gendarme » de l'Union européenne sur la question migratoire. « L'émigration nécessite un traitement global, non seulement financier, nous devons être associés à la mise en œuvre des stratégies en la matière et non seulement requis pour leur exécution contre de l'argent ». Pour le ministre, la gestion de la question migratoire par l'Europe se limite aux questions politiques, rythmées par les sondages, les pressions et les échéances électorales. Ce qui pousse les européens à favoriser des considérations à court-termes. « Il ne faut pas diaboliser le phénomène migratoire ».