La couverture médiatique des événements dans les territoires palestiniens proposée par la Deutsche Welle (DW, service international de diffusion de l'Allemagne) clarifie les modalités de la sélection et de la hiérarchisation de l'information consacrée aux atrocités commises à Gaza. Deux éléments du cadre médiatique du conflit agissent comme filtres de l'information concernant : le soutien fondamental à Israël et la qualification de Hamas en tant qu'organisation terroriste. Et l'on se rappelle la complaisance de DW envers un extrémiste notoire résidant sur le sol allemand : Mohamed Hajib. L'analyse de la couverture médiatique des événements à Gaza par la Deutsche Welle, service international de diffusion de l'Allemagne, démontre un biais pour Israël et contre le Hamas, ainsi que des «éléments de langage» (mots clés, phrases, argumentaires préparés à l'avance), peu neutres. Depuis le 10 mai, 200 Palestiniens ont été tués, dont au moins 59 enfants, et plus de 1 300 blessés. Selon une note interne relayée sur les réseaux sociaux, le traitement de ce conflit par DW se lie potentiellement à la légitimation des politiques de l'Etat d'Israël, donc à la relation controversée entre l'antisionisme et l'antisémitisme. Les représentations du conflit israélo-palestinien par l'institution allemande sont considérées comme non séparables de celles des relations entre Berlin et Tel-Aviv. La chaîne a établit des lignes rouges à ne pas franchir lors de la couverture d'événements en Israël et en Palestine. Selon DW, les éléments de langage à marleter sont par exemple «le Hamas est un groupe terroriste», «l'Allemagne a des responsabilités envers l'Etat israélien et ne peut donc pas débattre ou remettre en question le droit d'Israël de déclarer son Etat», «évoquer le Holocauste et rappeler les atrocités perpétrées par les nazis» etc. Selon la note, un réflexe «in dubio d'Israël» prime chez DW au détriment de légitimité des aspirations étatiques palestiniennes. L'analyse des formes linguistiques récurrentes utilisées par la chaîne semble traduire un biais pro-israélien. Par exemple, la phrase «pris dans le feu croisé», relative aux victimes, indiquerait – tout en l'atténuant – la responsabilité israélienne ; le terme «Occupation» aurait disparu des reportages, et celui d'«implantations israéliennes» aurait été camouflé. Tout cela sans aucune contextualisation historique ou géographique. Pour la DW, ce sont les Palestiniens qui sont jugés responsables du déclenchement de la violence à laquelle les Israéliens répondraient. Il ne s'agit pas d'une occupation militaire qui a souvent été dénoncée comme illégale. Aussi porte-t-on beaucoup plus d'attention aux victimes israéliennes qu'aux victimes palestiniennes. DW a été un des supports médiatiques ayant tenté de blanchir le terroriste Mohamed Hajeb. De telles réactions ont eu pour corollaire, voire pour fonction, une mise à distance de toute suspicion sur lui, alors qu'il est établi que Hajib est in individu violent et dangereux, extrême dans ses actes et ses revendications. Les nombreux observateurs se sont surtout penchés sur l'utilisation audacieuse et sans scrupule de la qualification «activiste politique» pour décrire Hajib, ainsi que sur la nature de ses spots et de son langage, empreinte d'un background radicalisé. Formule réductrice et quelque peu malheureuse, puisqu'elle laisse immédiatement sous-entendre que l'Allemagne pourrait faire d'une tolérance prolongée aux agissements de Mohamed Hajib une règle. Le caractère extrêmement polémique de ce concept d'«activiste politique» est rendu encore plus évident par le fait que Hajib est passé, quasiment instantanément, du statut peu enviable de terroriste condamné aux yeux l'opinion publique à celui d'interlocuteur légitime, au point que les renseignements lui ont fourni des détails secrets sur sa situation actuelle. Les méthodes de DW impliquent une discussion de la légitimité des pratiques journalistiques de cette institution. Ainsi en est-il de l'objectivité journalistique envers les protagonistes. L'accusation d'antisémitisme est devenue un obstacle pour ceux qui veulent critiquer la politique israélienne. Manichéisme, diversion, silence sur les exactions d'une tuerie presque unilatérale, fabrication implicité de faux, toutes les recettes classiques du dévoiement de la vérité ont été utilisées par DW. Cette dernière apparait souvent coupable d'entretenir le phénomène terroriste, en offrant à Hajib (par exemple) une tribune sans laquelle il n'aurait pas de raison d'être. Hajeb se sert des moyens de communication très influents afin de favoriser la mobilisation des militants et de l'opinion publique à son égard, mais sans succès.