Le journaliste et lanceur d'alerte algérien Noureddine Tounsi, qui a dénoncé des affaires de corruption, a été condamné mercredi à un an de prison ferme par un tribunal oranais, a indiqué un de ses avocats. En détention depuis septembre 2020, le journaliste avait rapporté dans des publications sur les réseaux sociaux des malversations au port d'Oran (nord-ouest). Le journaliste «a été condamné à un an de prison ferme par le tribunal de Fellaoucen à Oran», a indiqué sur sa page facebook Me Farid Khemisti. Il était notamment poursuivi pour «offense au président de la République» et «atteinte à la vie privée d'autrui», selon les médias locaux qui n'ont pas précisé à quoi exactement se référaient les faits reprochés. En revanche, M. Tounsi a été blanchi de l'accusation d'«intelligence avec des agents d'une puissance étrangère», qui lui aurait valu un renvoi devant une cour criminelle, selon les médias. Lors du procès le 14 avril, le procureur avait requis un an de prison ferme. Plusieurs journalistes ont été poursuivis en justice, condamnés, voire emprisonnés, comme le reporter indépendant Khaled Drareni, depuis le début du soulèvement populaire du Hirak en février 2019. Ainsi, Rabah Karèche, correspondant du journal francophone Liberté à Tamanarasset, dans l'extrême sud de l'Algérie, a été placé lundi en détention provisoire pour diffusion de fausses informations pouvant porter «atteinte à la sécurité publique» après un article sur un mouvement de protestation de la population touarègue dans cette région. Le quotidien Liberté a dénoncé des «accusations fallacieuses qui cachent mal une volonté de faire taire le journaliste et l'empêcher d'accomplir en toute objectivité son travail». Dans un communiqué, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé à New York, a réclamé la «libération immédiate et l'abandon de toutes les charges» contre Rabah Karèche. L'Algérie figure à la 146e place (sur 180) du dernier classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans Frontières (RSF). Par ailleurs, 66 détenus d'opinion, poursuivis en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles, sont actuellement incarcérés en Algérie, selon le site spécialisé Algerian Detainees.