La guerre d'Algérie occupe ces derniers temps les devants de la scène médiatique, alors la connaissance historique de cette période progresse. L'ouverture d'une grande partie des archives publiques, pourtant, ne permet pas de dévoiler un véritable éclairage sur le rôle du FLN, sur lequel le journal Le Figaro revient. Si les témoignages sont nombreux et si quelques enquêtes et articles ont été publiés, l'histoire de la guerre d'Algérie reste à écrire. De la légalité à l'illégalité, et dans les revendications mises en avant, Gilles-William Goldnadel, avocat et essayiste, dénonce ce qu'il appelle «la repentance unilatérale de la France» qui, selon lui, «relève d'un dangereux masochisme» Il cite Jean Sévillia, auteur des «Vérités cachées de la guerre d'Algérie» (Fayard 2018) qui écrit : «C'est justement là où se trouve tout le problème du rapport Stora, car à aucun moment il ne reconnaît que le FLN était à cette époque une organisation terroriste, ces faits sont pourtant connus et documentés aujourd'hui: en 1956 et 1957, le FLN a tué presque tous les jours à Alger des Européens et bombardait constamment les populations civiles.» Le pouvoir algérien a réclamé le 8 février «la reconnaissance des crimes coloniaux» de la France, par la voix de son porte-parole Ammar Belhimer, après la publication du rapport de l'historien français Benjamin Stora sur la réconciliation mémorielle entre les deux pays, qui a soulevé une avalanche de critiques dans les deux pays, notamment pour ne pas avoir recommandé des «excuses» de Paris. Emmanuel Macron, qui a confié en juillet 2020 à l'historien Benjamin Stora une mission sur «la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie», en vue de favoriser «la réconciliation entre les peuples français et algérien», a été sévérément critiqué par le régime algérien qui avait nommé à la même période Abdelmadjid Chikhi, directeur général du centre national des archives algériennes, pour mener un travail de «vérité» sur les questions mémorielles entre les deux pays. Pour rappel, la vie politico-partisane algérienne reste dominée par le Front de libération nationale (FLN) qui peine à se dégager de la tutelle militaire. Les autres groupements politiques ne parviennent pas à remettre en cause son hégémonie et sa dissolution est au nombre des changements voulus par les protestataires algériens depuis 2019. Il est accusé d'avoir contribué à asseoir et pérenniser le régime d'Abdelaziz Bouteflika, de soutenir la généralisation de la corruption et du clientélisme en Algérie, l'arbitraire, et la disgrâce des classes (politique, administrative et judiciaire). L'alternance en Algérie est en réalité un changement cosmétique de majorité. Rien ne pourrait mieux expliquer la poursuite des manifestations populaires malgré le départ de Bouteflika que cette aspiration des Algériens à être représentés et dirigés par de nouvelles élites. La recherche des intérêts personnels gangrène tant la vie que mène un FLN moribond. Il s'agit d'un constat sans appel rendant nécessaire un renouveau politique en Algérie, alors que la France, qui s'oppose à «la présentation d'excuses à l'Algérie pour les massacres commis» pendant la période coloniale. Goldnadel affirme que «l'Etat algérien s'est bâti essentiellement et négativement sur le ressentiment à l'égard de son ancienne puissance coloniale.»