Le sud de l'Algérie, riche en pétrole et en gaz, est une dangereuse poudrière. Les jeunes d'Ouargla et de nombreuses autres villes sont descendus dans la rue, incendié des pneus et bloqué des routes lors de violentes manifestations après que leurs appels à l'emploi et à de meilleures conditions de vie soient tombés dans l'oreille d'un régime sourd. Les troubles ne sont pas nouveaux à Ouargla où la population déplore des décennies de marginalisation. La région se trouve sur les plus grandes réserves de gaz et de pétrole d'Algérie, mais la population se plaint que ces ressources sont investies dans le nord, laissant les jeunes sans emploi. Les médias sociaux algériens regorgent de vidéos montrant des jeunes en colère et désenchantés se heurtant à la police anti-émeute. Ils déplorent le gaspillage des richesses pétrolières et gazières de leur région. Les manifestations sont intervenues après une série de manifestations contre la dégradation des conditions économiques et du niveau de vie en Algérie. La région agitée de la Kabylie, Jijel et d'autres villes ont été secouées par des manifestations selon lesquelles le régime craint de conduire à un nouveau Hirak. Ces manifestations ont lieu deux semaines avant le deuxième anniversaire du mouvement pro-démocratie algérien qui exige une rupture nette avec un régime militaire perçu comme inefficace et corrompu. Sud agité L'Algérie a hérité d'un régime fortement centralisé qui a concentré toutes les richesses et les institutions du pays dans les villes du nord. En tant qu'État sans antécédent dans l'histoire, les frontières actuelles de l'Algérie ont été héritées de la France coloniale, qui a attaché le désert du Sahara à Alger au mépris de nations comme les Touaregs et de régions historiquement marocaines. Lorsque l'autonomie a été proposée aux Touaregs du Mali pour régler le soulèvement de 2013, Alger s'est opposée à l'idée par crainte d'un débordement. L'Algérie, en tant qu'Etat centralisé, redoute le réveil de sa population touareg pour exiger l'autodétermination, un principe dont l'Algérie a souvent utilisé pour déstabiliser le Maroc. En plus de la province de Tamanrasset, les villes agitées du sud algérien de Ouargla et Laghouat ont été témoins dans le passé récent de violents affrontements entre les forces de sécurité et les manifestants qui accusent le gouvernement de voler la richesse du gaz et d'investir dans le nord tout en laissant leurs provinces pauvres et sous-développé. La ville de Ghardaia, également dans le sud, a été secouée par des affrontements en raison d'un héritage de discrimination du régime contre les habitants amazighs. Le sud algérien est également un havre de paix pour la criminalité transfrontalière, le terrorisme et les trafiquants, ajoutant l'insécurité au sous-développement et aux investissements inégaux. La porosité des frontières et la connivence du régime avec certains groupes armés ont amplifié les menaces sécuritaires pour les voisins de l'Algérie au Sahel qui se plaignent des objectifs hégémoniques de l'Algérie et de son ambiguïté dans la lutte contre le terrorisme. 2021 : Alerte Algérie ! Plusieurs pays, organisations internationales et médias ont tiré la sonnette d'alarme concernant la situation explosive dans ce pays d'Afrique du Nord. Après que le Département d'État américain a récemment relevé le niveau de son avertissement aux voyageurs américains souhaitant se rendre en Algérie au niveau 4, le plus haut niveau de son ampleur d'insécurité, la Coface, grande organisation économique française, évalue le niveau des «risques pays» dans le monde entier, a averti que 2021 risquait d'être une année compliquée en termes de stabilité en Algérie. Concernant le risque algérien en 2021, la Coface note que le pays est exposé au danger de «la prévalence de la pauvreté, du manque d'opportunités d'emploi et du contexte économique difficile, exacerbé par la crise sanitaire». Pourtant, selon la Coface, l'autre élément dangereux qui fait de l'Algérie un pays à haut risque est «le sentiment que rien ne change vraiment dans la gouvernance». Ce sentiment pourrait probablement alimenter le mécontentement populaire, prévient l'organisation française. La tolérance militaire et gouvernementale face aux troubles pourrait diminuer et les mesures de sécurité renforcées. Par ailleurs, le rôle majeur joué par les militaires sur la scène intérieure pourrait s'accroître à l'étranger, dans un contexte marqué par des infiltrations de djihadistes de Libye et du Mali. La Coface qui insiste sur la fragilité de la situation politique en Algérie note que cette fragilité menace directement sa capacité à résister à la crise économique et financière déclenchée par la pandémie COVID-19.