Alors que l'ancien rédacteur en chef du quotidien proche des islamistes Akhbar al-Yaoum, soupçonné d'agression sexuelle, reste en détention préventive, sa victime présumée, le militant pour les droits des personnes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuelles, trans), Muhammad Adam, a exprimé dans un post Facebook son exaspération de l'exploitation que connaît son dossier, «tout cela est du battage» regrette-t-il. Tandis que le journaliste Soulaiman Raissouni, en détention pour «attentat à la pudeur avec violence et séquestration» reste en détention en attendant sa prochaine audition prévue le 2 mars à Casablanca, sa présumée victime, le militant Adam Muhammed, a estimé que «l'accusé ne peut pas être au-dessus de la loi juste parce qu'il est journaliste», dénonçant l'instrumentalisation de son affaire par de supposés défenseurs des droits humains qui avaient appelé à la remise en liberté de Raissouni. Sur Facebook, M. Adam décrit une campagne médiatique de «diffamation acharnée» contre lui, qui vise à «le discréditer», laquelle affecte sa situation «personnelle et morale» «Personnellement, je suis las des théories promues çà et là, disant que je ne suis qu'un outil de l'establishment et que mon dossier a été fabriqué pour piéger [Soulaiman Raissouni]. Je suis las d'être dépeint comme "un individu obscur" dénué d'identité. Ce qui me bouleverse et me rend confus, c'est que ceux qui promeuvent ces allégations sont des défenseurs des droits humains et des journalistes, et c'est ce violent courant d'opinion qui affirme aujourd'hui à qui veut l'entendre, à travers ses affirmations, que quiconque était journaliste ou une voix critique, est au-dessus des lois, et s'il est confronté à la justice, cela est dû au fait de ses options», a écrit le militant LGBT dans un post Facebook, mercredi 10 février. «J'ignore tout des tentatives de réduire mon affaire à un simple règlement de comptes» affirme le jeune homme. «Il y a ceux qui , avec la plus étrange fantaisie, s'efforcent à politiser mon affaire, la dépeignant comme une vengeance politique et une vendetta. Je suis outré et sans mots face à des communiqués de toutes les nuances, qui rivalisaient de polémiques injurieuses contre moi et cette levée de boucliers lancée par des comités et des organisations nationales et internationales, qui saisissent toutes les opportunités disponibles pour servir leurs agendas politiques depuis le début de l'affaire, en profitant leur qualité de défenseurs des droits de l'homme.» «Ces officines (hormis quelques exceptions) ne se sont pas démenées pour récolter ma version et adopter la neutralité qui s'impose» s'indigne M. Adam, affirmant qu'il ne permettrait jamais que «[s]on dossier soit exploité, ou lié à des personnes ou à des événements dont [il est] étranger, et ce par quelque partie que ce soit» Pour rappel, de supposés défenseurs des droits humains avaient appelé à la remise en liberté de Raissouni via une pétition signée par plus de 130 personnes ; une dizaine de militants et de sympathisants ont participé à un «sit-in» de soutien au journaliste devant la cour d'appel de Casablanca, brandissant des pancartes frappées de slogans sans relation avec l'affaire. En même temps, les autorités marocaines insistent sur le respect des procédures judiciaires et sur l'indépendance de la justice, tandis que la victime de Soulaiman Raissouni cherche à faire entendre sa voix que plusieurs soutiens de Raissouni veulent étouffer.