L'Algérie a intensifié son lobbying à Washington ces deux dernières années pour aider à faire valoir ses arguments concernant le Sahara marocain et attirer les investissements américains dans son industrie pétrolière et gazière à la traîne. Mais les bouleversements politiques dans le pays ont affecté durement ces plans. Le régime a embauché le cabinet d'avocats américain Curtis, Mallet-Prevost, Colt & Mosle en juin 2018, ainsi que d'autres cabinets de conseil pour faire entendre sa voix. Maigres succès. L'Algérie a accordé une attention particulière à son lobbying à Washington ces deux dernières années pour l'aider à faire valoir ses arguments concernant le Sahara marocain et attirer les investissements américains dans son industrie pétrolière et gazière souffrante. Sauf que les contestations populaires dans le pays ont jeté un ombre sur ces plans. L'Algérie, affaiblie par un leadership en déficit de légitimité, a engagé le cabinet d'avocats américain Curtis, Mallet-Prevost, Colt & Mosle en juin 2018, ainsi que d'autres consultants, pour l'aider à rédiger une nouvelle loi sur l'énergie visant à renforcer la confiance des investisseurs. Deux mois plus tard, la société publique d'énergie Sonatrach a embauché le groupe de lobbying Washington International Policy Solutions pour 25 000 dollars par mois afin de mener du lobbying au nom de l'Algérie et de l'entreprise elle-même. International Policy Solutions compte six agents, dont le fondateur et président David Jory et l'ancien représentant Steve Southerland, R-Fla., ancien membre du comité des ressources naturelles de la Chambre des députés. Selon des sources bien informées, ces lobbyistes ont rencontré des représentants du Département du commerce et de l'US Geological Survey peu après la conclusion du contrat avec l'Algérie. Ils ont également contacté des législateurs clés, notamment le président du comité des affaires étrangères de la Chambre et le président du panel sur l'énergie et le commerce. En novembre 2018, le gouvernement algérien a embauché David Keene, ancien membre de la National Rifle Association et son épouse Donna Wiesner pour 30 000 dollars par mois. Le contrat conclu est de pousser Keene Consulting Services à «promouvoir les opportunités d'affaires, de commerce et d'investissement intéressant l'Algérie». Au cours de ses six premiers mois de travail pour l'Algérie, Keene a rencontré plusieurs responsables républicains, dont le conseiller à la sécurité nationale déchu John Bolton, le juge en chef John Roberts, et une demi-douzaine de législateurs, dont le représentant Mario Diaz-Balart, réputé pour ses positions anti-marocaines. John Bolton a fait plaisir à Alger en décembre 2018 lorsqu'il a réaffirmé son soutien à un référendum d'indépendance relatif au Sahara. Pendant ce temps, Foley Hoag, qui mène du lobbying pour Alger depuis 2007, continue de représenter le gouvernement du régime pour 35 000 dollars par mois. Après la victoire des démocrates à mi-parcours en 2018, la firme a notamment contacté plusieurs députés, en plus des alliés d'Alger dans les affaires étrangères. La campagne de lobbying n'a remporté, cependant, que quelques maigres réalisations, dont une visite en février 2019 de six législateurs d'États pétroliers et gaziers – la première délégation du Congrès en Algérie depuis 2017. Ce groupe a rencontré le Premier ministre d'alors Ahmed Ouyahia, – jugé pour corruption – et d'autres responsables, selon les médias algériens. Ils auraient également visité un camp de réfugiés à Tindouf. L'Algérie mène depuis longtemps une bataille d'influence contre Rabat pour obtenir des dispositions favorables dans la législation annuelle sur les crédits d'aide étrangère. Les événements sur le terrain risquent cependant de retarder tout progrès à Washington. Des manifestations de masse ont expulsé Abdelaziz Bouteflika après que le président malade s'est présenté pour un cinquième mandat aux élections d'avril 2019, qui ont connu l'élection d'un autre président actuellement hospitalisé, Abdelmadjid Tebboune. La contestation populaire a poussé vers une purge des alliés de Bouteflika, sapant les efforts de lobbying du régime. Ouyahia, l'ancien Premier ministre, a été arrêté pour corruption quatre mois après sa rencontre avec les législateurs américains. Et le PDG de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour, un ingénieur formé aux États-Unis qui dirigeait les efforts visant à réduire la bureaucratie et à améliorer la transparence, a été licencié en avril – Abdelmadjid Tebboune, lui, demeure dans un état incertain.