Des Etats-Unis au Royaume-Uni en passant par la Russie, des pays qui s'estimaient jusque-là épargnés ont décidé samedi de passer à la vitesse supérieure face à la propagation inexorable de la pandémie. Les Etats-Unis ont instauré vendredi l'état d'urgence tandis que l'Organisation mondiale de la santé déclarait l'Europe nouvel « épicentre » de la pandémie de coronavirus et que de nombreux pays continuaient de se replier sur eux-mêmes en fermant leurs frontières. Au lendemain de la décision du président Donald Trump de déclarer l'état d'urgence, la Chambre des représentants a approuvé samedi un plan de bataille contre le coronavirus. Point de départ de l'épidémie, la Chine, où le virus a fait 3.189 morts, semble l'avoir désormais surmontée, faisant état samedi de seulement 11 nouvelles contaminations et 13 décès supplémentaires en une journée. Mais l'épidémie, qui a déjà fait plus de 5.402 morts dans le monde, progresse quasiment partout ailleurs : un premier cas a été diagnostiqué au Rwanda et les pays scandinaves recensent trois décès. Face à cette propagation implacable, la Russie, qui a enregistré 45 cas et aucun décès, s'est résolue à passer à la vitesse supérieure. Dès dimanche, ses frontières terrestres avec la Norvège et la Pologne seront fermées aux étrangers. Celle avec la Chine l'était déjà. Critiqué pour sa lenteur à réagir, dans un pays qui ne recense officiellement que 798 cas dont 10 mortels, le gouvernement britannique de Boris Johnson s'apprête à revoir son approche et interdire les rassemblements de masse. Le tournoi de tennis de Wimbledon ou de grandes courses hippiques comme la Royal Ascot pourraient en faire les frais. Même le Maroc, qui ne recense que huit cas, a fermé subitement ses frontières et pris des mesures sévères de confinement : fermeture des écoles, des universités, des cinémas, des salles de spectacle et de sports, et interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes. Dernières mesures en date samedi : l'Uruguay, après ses 4 premiers cas, ferme partiellement ses frontières et impose une quarantaine aux voyageurs de neuf pays. A Rio de Janeiro, au Brésil, les portes resteront closes pendant sept jours dans les écoles et pendant deux semaines dans les théâtres, stades et salles de concert. La Mauritanie réduit ses liaisons aériennes avec la France, le Gabon limite les visas touristiques, les cinémas nord-américains réduisent la capacité de leurs salles, la Colombie limite les entrées d'étrangers et ferme sa frontière avec le Venezuela, qui a déclaré l'état d'alerte après ses premiers cas et fermé tous ses établissements d'enseignement. En Espagne, deuxième pays le plus affecté en Europe avec 5.753 cas dont plus de 1.500 depuis vendredi soir, le système de santé public de la région de la capitale est débordé. La situation est très dure, il y a plus de patients que de lits. Il est « impossible » de prévoir quand aura lieu le pic de l'épidémie, a averti l'OMS. La pandémie a contaminé plus de 143.400 personnes dans 135 pays et territoires. Les pays les plus touchés après la Chine sont l'Italie avec 1.266 morts, l'Iran (611 morts), l'Espagne (136 morts) et la France (79 morts). Partout, cette épidémie bouscule la vie quotidienne, affectant indifféremment toutes les classes sociales et vidant les rues.