Selon les banques et les cabinets conseil, l'introduction de l'euro ne s'est pas traduite par des incidents majeurs chez les entreprises marocaines qui ont adopté la monnaie unique européenne. Après 45 jours de l'entrée en vigueur de l'euro fiduciaire, les entreprises semblent parfaitement s'accommoder à cette nouvelle donne monétaire. Du moins, si l'on en juge par les propos recueillis auprès de plusieurs banques et de cabinets conseil de la place. «Aucun de nos clients nous a fait part depuis l'introduction de l'euro, de ses doléances à propos des complications relatives à la gestion quotidienne de cette monnaie», constate Sophia Guessous, directrice de mission chez le cabinet Masnaoui Mazars conseil. Un avis partagé par Patrick Lebuffe, secrétaire général adjoint auprès de la SGMB qui indique qu'aucun incident majeur n'a été signalé jusqu'à présent. Faire le point sur le degré d'adaptation des entreprises marocaines s'explique du fait que celles-ci ont affiché leurs inquiétudes avant l'introduction effective de la monnaie unique. Ces craintes ont été dissipées grâce à la campagne de mobilisation menée par l'ensemble des acteurs concernés ». Il faut reconnaître que ces inquiétudes sont légitimes dans la mesure où les conséquences au niveau comptable et fiscal sont de taille. Sur le plan comptable, les responsables de Masnaoui Mazars soulignent que la comptabilisation des créances et dettes en monnaies étrangères demeure régie par les dispositions prévues par le Code général de normalisation comptable. Sur le volet fiscal, les gains et pertes de changes, latents et définitifs dégagés par les entreprises marocaines sur leurs transactions avec des intervenants de l'euroland sont appréhendés à la fiscalité du Maroc, selon les règles du droit commun, indique le cabinet. En d'autres termes, la perte de change latente fait l'objet d'une provision fiscalement dédu-ctible du résultat fiscal. Dans une étude qui vient d'être publiée par Masnaoui Mazars, le cabinet explique que le gain de change latent est soumis à l'impôt sur les sociétés (IS) ou à l'impôt général sur le revenu (IGR) après avoir fait l'objet d'une réintégration extra-comptable sur le tableau de passage du résultat comptable au résultat fiscal. L'étude constate que la perte de change définitive est déductible du résultat fiscal tout en précisant que le gain de change définitif est imposable, après déduction des gains de change latents des exercices antérieurs. Notons par ailleurs que les fiscalités des pays de la zone euro restent les mêmes, particulièrement les règles relatives à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) qui restent soumises à la législation propre à chaque pays de la zone euro.