Le projet devait être réalisé à Marrakech par un groupement d'investisseurs du Golfe avec comme tête de file le célèbre conglomérat bahreïni Gulf Finance House (GFH). 7,5 milliards DH d'investissements, 3 hôtels de luxe de 770 chambres, un complexe équestre sur 180 hectares, un parcours de golf sur 187 hectares, 4.000 emplois directs à créer… Des chiffres qui donnent le vertige. C'est ce qui devait ressembler à un des plus grands complexes touristiques, résidentiels et équestres de la région mais qui est resté, malheureusement, au stade de simple maquette et de dessins depuis six années. Le projet devait être réalisé à Marrakech par un groupement d'investisseurs du Golfe avec comme tête de file le célèbre conglomérat bahreïni Gulf Finance House (GFH). Selon les premières annonces faites en 2006 par le groupement d'investisseurs, les premières unités résidentielles devaient être livrées en 2011. Mais force est de constater que la crise est bien passée par là. GFH avait signé une convention d'investissement avec le gouvernement en décembre 2006. Et depuis, rien ou presque n'est encore sorti de terre. Pourtant, ladite convention, paraphée par pas moins de six ministres à l'époque, accordait aux investisseurs concernés un délai de réalisation de 36 mois. Lequel délai supporte une seule prorogation conditionnée de 24 mois. Ce qui nous amène à 60 mois qui ont déjà expiré en décembre 2011. Et toujours rien. Un gros retard qui ne compromet pas seulement l'investisseur mais également beaucoup d'autres partenaires à commencer par les banques. C'est que pour la réalisation du projet les promoteurs bahreïnis ont levé un prêt de 850 millions DH. Un crédit qui a été accordé par un consortium de trois banques marocaines que sont la BMCE Bank pour 500 MDH, le Crédit Agricole du Maroc pour 206 MDH et, enfin le Crédit du Maroc pour 90 MDH. Et à ce jour, selon des sources à la BMCE, sur les 850 MDH accordés, plus de 400 millions DH ont déjà été consommés par l'investisseur qui a apporté par ailleurs quelque 500 MDH en fonds propres. Cet apport avait servi dans un premier temps à finaliser, entre autres, l'achat de la parcelle de terrain qui devait abriter le projet. Selon un banquier qui a participé à l'accompagnement du projet, les responsables de GFH sont de bonne foi et tiennent toujours à réaliser leur projet qui n'est d'ailleurs pas le seul au Maroc (voir encadré page 5). Sauf qu'ils ont dû revoir leur business plan à cause de la crise. «Ils étaient en visite au Maroc il n'y a pas longtemps et nous avons tenu des séances de travail pour faire avancer le projet», rassure le banquier. Ce dernier confie par la même occasion que «les promoteurs du projet avaient vu trop grand à l'époque et voulaient tout réaliser d'un seul coup». Mais la crise qui a sévi en 2008 et 2009, et qui a touché les pays du Golfe, les a contraints à revoir la programmation du projet. A en croire une source à la BMCE Bank, GFH a décidé de procéder par tranches. Mais il n'y pas que ça. Le problème se pose aussi pour l'Etat qui avait cédé à la société Royal Ranches Marrakech une assiette foncière relevant du domaine privé de l'Etat. La parcelle cédée totalisait une superficie de 310 hectares que les Bahreïnis avaient achetée en 2006 pour le prix dérisoire de 40 DH le mètre carré. Ce prix bas représente une participation de l'Etat au projet à condition qu'il se fasse dans les temps. Or aujourd'hui ce n'est pas le cas. Et, enfin, l'investisseur est visiblement en difficulté vis-à-vis de prestataires marocains. Pour les premiers travaux réalisés sur le site, deux entreprises notamment avaient été sélectionnées. Elles ont réalisé certaines opérations mais, à ce jour, n'ont pas encore été payées. Aujourd'hui elles réclament leur dû par voie de justice. L'une réclame près de 40 MDH et a mandaté, pour cela, un cabinet d'avocats parisien. Tandis que la deuxième a carrément demandé à la justice marocaine de prendre des sanctions vis-à-vis des responsables de Royal Ranches Marrakech notamment une interdiction de sortie du territoire. Une requête à laquelle la justice marocaine n'a apparemment pas encore donné de suites. Malgré nos multiples tentatives, aucun responsable de la société Royal Ranches Marrakech, basée dans la ville ocre, n'a pu être joint au seul numéro de téléphone connu de cette entreprise. GFH avait promis d'investir 11 milliards DH au Maroc Le Royal Ranches Marrakech n'est pas le seul projet de Gulf Finance House au Maroc. A Tanger, GFH a réalisé un autre projet dénommé Royal Resort Cap Malabata. Selon des banquiers qui ont participé au financement, le projet de Tanger est presque finalisé et s'est nettement mieux déroulé que celui de Marrakech. Le projet de Tanger, qui a nécessité un investissement de 600 millions de dollars (5 milliards DH environ) s'étend sur 127 hectares et comprend plusieurs unités hôtelières totalisant une capacité de 2.500 lits ainsi qu'une composante résidentielle en plus de parcours de golf, de centres de shopping, d'installations de thalassothérapie… Il faut rappeler que le conglomérat bahreïni avait signé avec le gouvernement en juillet 2006, sous la présidence effective du Souverain, un accord cadre portant sur l'ensemble de ses projets au Maroc. Le « Gateway To Morocco», comme l'avaient baptisé les responsables de GFH, portait sur un investissement global au Maroc de l'ordre de 1,4 milliard de dollars (environ 11 milliards DH).