Trois jours après les incidents de Casablanca, le mouvement du 20 février annonce sa version de ce qui s'est passé dimanche 13 mars devant le siège du PSU. Les jeunes du mouvement du 20 févier de Casablanca ont tenu une conférence de presse, mercredi 16 mars, dans les locaux du siège du Parti socialiste unifié. Le but est d'annoncer l'organisation d'une marche dimanche 20 mars et de donner, trois jours après, leur version des faits des incidents du 13 mars marqués par une confrontation entre des manifestants du mouvement voulant organiser un sit-in et les forces de l'ordre. La conférence a débuté à 10h30 avec l'arrivée des victimes des incidents venues témoigner . Une projection fait défiler les photos de leurs blessures et leurs séquelles. «Alors que nous nous apprêtions à organiser un rassemblement pacifique dans la Place Mohammed V durant la matinée du dimanche 13 mars, les forces de l'ordre ont commencé à dissuader les passants et bloquer toutes les issues vers la Place. Ils ont commencé par arrêter plusieurs individus, avant de s'attaquer à des groupes de militants usant de violences verbales et physiques et arguant que ce sit-in est non autorisé», a indiqué Amine Mkadem, membre du mouvement lisant un récit chronologique des incidents qu'il qualifie «de sanglants». Selon ce membre, «les sit-in n'ont pas lieu d'être autorisés préalablement». «Les responsables des forces de l'ordre ont répondu à cette affirmation par des coups, des gifles et des insultes et un déchirement de pancartes... Ils avaient pour ordre de casser les manifestants. Ils ne distinguaient plus entre femmes, enfants, ou vieillards, passants ou manifestants. Ils ont réquisitionné appareils-photos, téléphones portables et subtilisé portefeuilles et argent», a-t-on poursuivi. Les témoignages sont venus étayer la même version, soulignant «un usage surdimensionné et arbitraire de la force et des arrestations par centaines», notamment lors du regroupement des manifestants devant le siège du PSU qui a été, selon eux, encerclé puis envahi par les forces de l'ordre. Les membres ont avancé le chiffre de 120 blessés et présenté la liste des noms d'une quarantaine de blessés graves (coups de matraque sur la tête, coudes, épaules, bras, jambes et vertèbres cassés, hématomes dans le dos...). Toujours selon les membres du mouvement, «également 123 personnes ont été arrêtées et forcées par la violence à signer un PV avant d'être relâchées grâce à l'intervention des responsables du PSU Moujahid et Ben Said Ait Idder». Par ailleurs, la version des responsables des forces de l'ordre est tout autre. Le préfet de police de Casablanca, Mustapha Mouzouni, avait affirmé que les manifestants, réunis dimanche devant le siège du PSU, «prévoyaient de faire une marche, et non un sit-in». Dans une déclaration à la première chaîne de télévision nationale «Al Oula» diffusée dans son journal du soir, le préfet a souligné que «les personnes concernées sont venues aujourd'hui avec des instructions portant sur l'organisation d'une marche et la provocation des services de sécurité». Il a rappelé que les services de sécurité avaient réagi «d'une manière civilisée» lors de précédentes marches. Rappelons que plusieurs personnes prenant part à cette manifestation ont été interpellées dimanche à Casablanca, avant d'être relaxées, apprend-on auprès des autorités. La plupart de ces personnes appartiennent à l'association non reconnue Jamaa Al Adl Wal Ihssane, indiquent les mêmes sources. Dimanche matin, quelque deux cents éléments de cette association ont tenté d'organiser une marche non autorisée, mais les forces de l'ordre les ont dispersés, ajoutent les mêmes sources, précisant qu'ils se sont ensuite rendus devant le siège du Parti socialiste unifié (PSU) où ils ont tenté de tenir un sit-in. Les manifestants ont refusé d'obtempérer à l'ordre de la police d'évacuer la voie publique, multipliant les actes de provocation envers les forces de l'ordre, ajoutent les mêmes sources, précisant que plusieurs personnes, la plupart appartenant à Jamaa Al Adl Wal Ihssane, ont été interpellées avant d'être relaxées. Pourquoi les jeunes du 20 février veulent manifester le 20 mars A quelques jours seulement du 20 mars, le mouvement des jeunes du 20 février a explicité, dans un document en arabe dialectal, contenant 17 points, les raisons qui motivent l'organisation d'une marche dimanche prochain. «Nous allons manifester ce jour-là parce qu'il y a un problème d'emploi. Dans ce pays, tout le monde est au chômage, ceux qui ont un diplôme et ceux qui ne l'ont pas. Les gens travaillent chaque jour durant 12 heures avec un salaire médiocre. Les hôpitaux et les écoles sont devenus payants en dépit du fait que les gens payent leurs impôts. Aussi, nous voulons manifester parce qu'il n'existe pas d'allocations de chômage», précise le mouvement du 20 février dans ce document rendu public lors de la conférence de presse au siège du PSU à Casablanca. «Parce que la corruption et le clientélisme persistent toujours, nous allons manifester le 20 mars. Aussi, les 3500 kilomètres de littoral, Maroc Telecom, les terres agricoles fertiles, les sources d'eau ont été tous cédés sans nous consulter au préalable. Pire encore, l'opération de vente se poursuit toujours. Les prix d'acquisition des logements flambent et les salaires stagnent alors que les prix sont en hausse. Nous et nos enfants payons des crédits dont on n'a pas profité», indique la même source. Et d'ajouter que «les manifestations du 20 mars s'expliquent aussi par le fait que les biens publics sont détournés et sont renvoyés vers les banques à l'étranger». En plus de ces motifs d'ordre socio-économique, le mouvement du 20 février a mis également des motifs d'ordre politique. «Plusieurs militants sont détenus parce qu'ils militent pour un Maroc meilleur. Ceux qui militent pour faire valoir leurs droits passent à tabac et sont réprimés. Dans ce pays, la «hogra» et l'injustice dominent toujours et nous ne pouvons pas dire ce qu'on veut. Aussi, la justice reste dominée par le clientélisme et les richards», souligne le document. «Nous voulons que l'exercice de toute responsabilité soit lié à l'impératif de reddition de comptes, comme nous voulons mettre fin à l'impunité. Nous revendiquons une Constitution démocratique appartenant au peuple. Parce que nous aimons ce pays et que nous voulons que les générations futures vivent dans de meilleures conditions, nous allons manifester ce jour-là», note le document du mouvement du 20 février. La même source précise, en dernier lieu, que les jeunes se donnent rendez-vous, dimanche 20 mars à 10 heures du matin, à la Place Annasr à Derb Omar, à Casablanca pour faire entendre leurs revendications.