La sortie de Carla Bruni et le désaveu public qu'elle apporte au premier cercle de Nicolas Sarkozy ont eu pour conséquences immédiates de donner du crédit à la posture de Rachida Dati. Que se passe-t-il réellement à l'Elysée pour que la première Dame, Carla Bruni Sarkozy s'invite brusquement chez la radio du groupe par lequel le scandale de la rumeur est arrivé, Europe 1, pour asséner de vérités en totale contradiction avec la stratégie présidentielle officielle ? Alors qu'aussi bien Pierre Charon conseiller de Communication de Nicolas Sarkozy qui avait parlé de complot international destiné à déstabiliser le sommet de l'Etat, que Me Thierry Herzog, son avocat attitré, qui avait évoqué la machination souterraine, sans oublier le secrétaire général de l'Elysée qui avait affirmé qu'une des sources identifiées comme coupable de ces ragots, Rachida Dati, était interdite d'Elysée, après avoir été subitement privée de voiture de fonction et d'escorte policière, Carla Bruni a pris tout le monde à contre-courant. Il n'y a ni complot, ni vengeance, préconise la première Dame de France dans une des ses plus fracassantes interviews. Avec ce message particulier : «Je suis venue pour éviter qu'une affaire qui n'a aucune importance prenne des proportions que je trouve ridicules». Elle se permet même l'audace de dire de l'ancienne ministre de la Justice, Rachida Dati, qui vient d'être pendue à un croc médiatique à cause du faisceau de soupçon qui pèse sur elle dans la propagation de ces commérages sur les infidélités du couple présidentiel «Elle reste tout à fait notre amie». Et comme pour clouer davantage son auditeur sur son siège, paralysé par l'incompréhension et l'interrogation, elle rajoute que tout cela «n'a aucune importance pour nous». La sortie de Carla Bruni et le désaveu public qu'elle apporte au premier cercle de Nicolas Sarkozy qui n'a pas hésité à partir en vrille sur une théorie de complot international destiné à affaiblir le président de la République à la veille de sa présidence du G20, ont eu pour conséquences collatérales immédiates de donner du crédit à la posture de Rachida Dati. Cette dernière n'a pas hésité, depuis le début, de pointer sa mise à mort comme l'œuvre d'un entourage présidentiel malveillant plus préoccupé à régler des comptes qu'à mettre en lumière et à relativiser l'importance de ces ragots. Mais la sortie de Carla Bruni pose d'autres questions. Il est inimaginable que des hommes aussi proches du locataire de l'Elysée comme Pierre Charon, Thierry Herzog ou Jean-Claude Guéant puissent prendre leurs libertés sur un sujet aussi explosif sans en référer directement à leur patron. Nicolas Sarkozy devait, de toutes les manières, être au courant et de la stratégie de communication mise en œuvre pour faire monter la mayonnaise sur cette histoire de rumeur et sur les mots et les termes choisis pour la vendre. Belle âme, Carla Bruni leur trouve des excuses mais qui ne trompent personne : «Pierre Charon a parlé avec l'emportement de l'amitié (…) Quant à Thierry Herzog, je pense qu'il a répondu à une question que lui posait un journaliste en donnant son opinion». Alors qu'il est sous pression de remanier son gouvernement, cette affaire des rumeurs et la marche arrière opérée en grande pompe va obliger, sans aucun doute, Nicolas Sarkozy, à remanier son propre cabinet, histoire de donner davantage de cohérence à ses positions.