Que s'est-il passé pour que Rachida Dati lâche en plein milieu d'une fulgurante ascension ? Même si aucun fait avéré ne vient le prouver, cet abandon est le fruit immédiat de l'apparente détérioration des relations entre Rachida Dati et le palais de l'Elysée. Les amateurs de frissons politiques forts auront raison d'exprimer quelques regrets : «La bataille des dames» dont les actes héroïques pour prendre le contrôle de la puissante fédération UMP de Paris, forte de ces quelques trente mille adhérents, étaient prévus en décembre prochain, n'aura finalement pas lieu. Annoncée à couteaux tirés entre la ministre de la Justice et maire du VIIème arrondissement, Rachida Dati, et la ministre de l'Economie et des finances Christine Lagarde, cette grande confrontation qui promettait de grandes fissures au sein de la droite parisienne a tout simplement été annulée. Et c'est Rachida Dati qui jette l'éponge. Par le biais de son entourage, elle effectue une marche arrière de circonstances pour sauver la face. Cet entourage est loquace : «Certains lui ont prêté cette intention, mais Rachida Dati n'a jamais fait état de la volonté de briguer la présidence de la fédération, et n'a jamais fait de déclaration dans ce sens (…) Au contraire, elle souhaitait que le député-maire du XVème arrondissement Philippe Goujon soit candidat, et l'a assuré de son soutien». Cet abandon de la bataille est bien loin des déclarations euphoriques lancées par Rachida Dati au faîte de sa popularité et de sa gloire médiatique. Au journal «Le Parisien» qui l'interrogeait sur ses ambitions, Rachida Dati était ferme et volontaire : «Je suis maire du VIIème arrondissement et conseiller de Paris. Il est donc normal que je prenne toute ma part dans le nouveau projet parisien de la majorité présidentielle». On la voyait déjà, croisant le fer, pour tenter de prendre le contrôle de cette fédération parisienne de l'UMP. Que s'est-il passé pour que Rachida Dati lâche en plein milieu d'une fulgurante ascension ? Même si aucun fait avéré ne vient le prouver, cet abandon est le fruit immédiat de l'apparente détérioration des relations entre Rachida Dati et le palais de l'Elysée, surtout depuis l'arrivée de Carla Bruni comme première dame. De nombreux livres sortis sur le couple présidentiel avaient leurs chapitres de petites révélations sur la mauvaise alchimie qui s'était installée entre Carla Bruni et Rachida Dati, célèbre pour avoir entretenu un temps une amitié fusionnelle avec l'ancienne et éphémère première dame de France, Cécilia Sarkozy. Des coups de fils matinaux de Rachida Dati à Nicolas Sarkozy, sèchement interdits par Carla Bruni, au lit présidentiel conjugal montré par Carla à Rachida avec le dédain des vainqueurs : «Tu aurais bien aimé l'occuper, n'est-ce pas?», jusqu'à l'hésitation humiliante publiquement exprimée de l'inviter à l'anniversaire du président de la République organisé en douce par Carla Bruni avec la complicité de premier cercle des amis. Cette mauvaise grâce avait trouvé sa traduction politique dans l'éloignement de Rachida Dati de la «Task force» gouvernementale qui se réunit de manière régulière autour du président de la République composée de quelques ministres connus pour bénéficier de la confiance totale de Nicolas Sarkozy. L'autre raison qui explique ce retrait de Rachida Dati de la bataille UMP de Paris tient au rejet exprimé par les barons parisiens à une telle perspective. Dans de nombreux articles, la presse française s'est faite l'écho de la mauvaise humeur de ses cercles parisiens de devoir subir un parachutage de cette nature. Tous ces facteurs combinés aux critiques balladuriennes des performances de Rachida Dati notamment sur le projet de réforme des institutions ont fait perdre à Rachida Dati et son éclat personnel et sa proximité avec le chef de l'Etat. A titre d'exemple, les voyages présidentiels auxquels Rachida Dati ne participe plus ne se comptent plus. Nicolas Sarkozy semble avoir fait son choix et tranché : «La bataille des dames» à Paris n'aura pas lieu et cela semble se passer au détriment de Rachida Dati. La Garde des Sceaux pourra toujours se consoler d'avoir été la première citée par Nicolas Sarkozy dans sa conférence de presse événement avec Barack Obama : «On veut faire que l'aventure politique du sénateur Obama ne soit pas simplement réservée à ce grand pays (…) C'est pour cela que dans le gouvernement de la France, il y a Rachida Dati, Fadela Amara, Rama Yade, pour que chacun ait sa chance».