Rachida Dati devait composer avec la pression de tous ceux qui veulent absolument savoir l'identité du père de la petite Zohra, devenu un secret commercial juteux pour celui qui parvient à en percer le mystère. Cela fleure bon le plan de com. mûrement réfléchi, la stratégie de reconquête savamment dosée, la tentative de séduction finement ciselée. Une grande interview-vérité dans le «Journal du dimanche» paru samedi, le vingt-heures d'une grande chaîne de télévision du service public, (France 2) le même jour et la matinale d'une des incontournables périphériques qui font et défont les réputations, (Europe 1) le lundi. Rachida Dati ne pouvait imaginer meilleur casting pour donner à sa parole une aussi forte amplification. Cela avait quand même donné une impression d'embouteillage, une boulimie de paroles et d'explications subitement retrouvées pour une femme ministre qui a passé le plus clair de ces dernières semaines à fuir les objectifs des caméras, à bouder les micros et à snober les journalistes. La parfaite illustration de cette volonté de se dérober des lumières des médias fut incarnée par le récent dîner annuel du CRIF (Conseil représentatif des institution juives de France). Alors que l'écrasante majorité des participants faisait une pause appuyée pour souligner sa présence à cette rencontre très courue par le gotha parisien, Rachida Dati y est rentrée furtivement comme si elle accédait à une réunion semi-clandestine d'association ou à une ennuyante rencontre du syndic d'immeuble. Le choix du timing de retour de Rachida Dati dans les médias ne fut pas choisi au hasard. Ce fut le 8 mars, date à laquelle le monde des hommes célèbre la Journée internationale de la femme. Et pour une femme ministre qui avoue avec une indéniable conviction que (son) «seul échec aurait de ne pas avoir d'enfant», cette con joncture se voulait chargée de tous les symboles. En sortant de son silence, Rachida Dati répondait aux plus violentes attaques jamais formulées contre une femme ministre. Un livre à charge de deux journalistes, Michael Darmon et Ives Derai, à la dent acérée, «Belle-amie» dans lequel de nombreux témoignages profitent du confort que procure l'anonymat pour déverser un fiel destructeur sur l'icône Dati, un portrait sur «Dati, l'ambitieuse» diffusé sur la chaîne culturelle franco-allemande «Arte» et dans lequel les enquêteurs sont partis fouiller dans la genèse qui a fabriqué la démarche de Rachida Dati et l'a aidée à assouvir son ambition, démystifiant au passage le conte de la petite Cosette déguenillée repérée incidemment par le grand seigneur de la sarkozie, un certain Nicolas, en pleine ascension vers les cimes du pouvoir. Rachida Dati devait aussi composer avec la pression de tous ceux qui veulent absolument savoir l'identité du père de la petite Zohra, devenu un secret commercial juteux pour celui qui parvient à en percer le mystère. Les enquêteurs mondains partagent toujours leurs murmures entre l'ancien Premier ministre espagnol José Maria Aznar, le procureur de la ville de Doha, capitale du Qatar et… le frère du président Nicolas Sarkozy. D'ailleurs, dans sa sortie, Rachida Dati a voulu mettre fin à cette croyance largement répandue selon laquelle elle serait en disgrâce à l'Elysée. Voilà comment elle explique simplement dans quelles conditions son passage s'est fait entre la prestigieuse place Vendôme au Parlement de Bruxelles : «En sortant de la maternité, j'ai rencontré Nicolas Sarkozy et nous avons parlé ensemble de mon avenir. Il m'a convaincue que l'engagement politique se vivait sous différentes formes. Cela tombait bien, je voulais diversifier mon parcours (et) avec la crise les enjeux européens changent totalement de dimension». Alors la disgrâce ! Quelle disgrâce? Sous le vernis d'un sourire de circonstance bouillonne un tempérament trempé dans l'acier que Rachida Dati tente d'évacuer en utilisant le canal de l'humour : «Depuis le temps qu'on annonce ma disgrâce, je devrais être à la cave. Tous les matins pendant ma grossesse, dans les journaux, je lisais le récit de ma chute, de ma double chute, de mon triple salto arrière. Tout cela on l'aura oublié dans trois mois». Et puis Rachida Dati qui avoue ne pas être une mondaine, se drape d'une certaine originalité du terroir. A la question du journaliste : «on retrouve souvent pour vous designer trois qualificatifs ; ambitieuse, colérique, intrigante…» elle répond: «ce sont des qualificatifs que l'on retrouve souvent pour des femmes… ce sont des commentaires parisiens…les polémiques ne m'atteignent pas»