Depuis que Carla Bruni fréquente Nicolas Sarkozy, la seule posture qu'elle avait adoptée était mutique derrière des lunettes de soleil sur les images de vacances et figée avec des poses câlines sur des photos sur papier glacé. La boucle est bouclée. C'est Christophe Barbier, le directeur de la rédaction de «L'Express» qui s'était littéralement jeté sur les radios et les télévisions pour annoncer que le magazine people «Gala» allait publier les premières photos de Nicolas Sarkozy flânant ostensiblement avec son amoureuse Carla Bruni dans les allées animées de Disney land. C'est encore «L'Express» qui a publié en janvier à sa Une «Une enquête sur la femme qui dérange». Et c'est toujours Christophe Barbier, se prévalant d'une amitié avec la première dame de France, qui a réussi le joli coup médiatique de décrocher sa première interview. Depuis que Carla Bruni fréquente Nicolas Sarkozy, la seule posture qu'elle avait adoptée était mutique derrière des lunettes de soleil sur les images de vacances et figée avec des poses câlines des photos sur papier glacé. Pour avoir une idée sur ce qu'elle pense réellement, les journalistes étaient condamnés à se jeter sur les interviews et documents d'archives où elle lui arrivait de décliner goulûment sa préférence pour «les hommes de pouvoir » et de dénoncer, au nom d'une liberté jouissive, le statut restrictif de la monogamie. C'est dire à quel point sa première interview de première dame de France était attendue. Dans ce texte ciselé, savamment construit, Carla Bruni commence d'abord par reconnaître les erreurs pour tenter de se faire pardonner les maladresses. D'abord l'erreur flagrante : «Mon erreur la plus grande, bien sûr, a été d'emmener mon fils dans cette visite à Petra. Cela a donné une image choquante, violente, obscène, qui m'a procurée de la honte en tant que mère». L'image d'Aurélien, 6 ans, juché sur les épaules de Nicolas Sarkozy et qui tentait de se cacher le visage pour éviter les photographes avait fait le tour du monde et suscité des haut-le-cœur même chez les professionnels de l'exhibition. C'est parce que l'effet désastreux de ce cliché sur la baisse du crédit présidentiel est indéniable que Carla Bruni a tenu à apporter la démonstration de remords la plus sincère. Autre aveu dans l'air du temps. Carla Bruni reconnaît : «je ne pense pas que le bonheur d'un homme nuise à son efficacité (…) je pense que c'est l'exhibition de ce bonheur en tant que président qui nuit à son image». Un coup dur pour tous les communicateurs de l'Elysée qui avaient misé leur fortune sur le nombre de Une qu'ils monopolisaient pour leur champion. Une grande partie de l'interview était manifestement destinée à redorer le blason de Nicolas Sarkozy en ces temps de turbulences dans sa cote de popularité. Dans la bouche de Carla Bruni, les Français découvrent que leur président est peut-être un homme de gauche. «Ce qui est sûr c'est qu'il n'est pas conventionnel. C'est un point qu'il partage avec François Mitterrand. Et il est incorruptible, ce qu'il a en commun avec Mendès France». Et à tous ceux qui, pour cause de rapidité et de précipitation, soupçonnent un manque de sincérité, Carla Bruni monte les enchères : «On me dit que tout cela est trop rapide. C'est faux: entre Nicolas et moi, ce ne fut pas rapide, ce fut immédiat. Donc, pour nous, ce fut en somme assez lent». Cette première interview contient une bourde gigantesque qui risque d'avoir de nombreuses répercussions. Commentant la publication par le «Nouvel Observateur» d'une SMS que Nicolas Sarkozy aurait envoyé à Cécilia huit jours avant son mariage lui annonçant «Si tu reviens, j'annule tout », Carla Bruni a sorti la grosse artillerie pour exécuter le journal de Jean Daniel : «Le Nouvel Observateur a fait son entrée dans la presse people. Si ce genre de sites avait existé pendant la guerre, qu'en aurait-il été des dénonciations de juifs?». Réaction immédiate du directeur de la rédaction du «Nouvel Observateur» Michel Labro : «On ne joue pas avec ce genre d'affirmation». Pour lui cette interrogation est «parfaitement hallucinante, assez incroyable et pathétique (…) parfaitement imbécile». Carla Bruni a tout de suite senti l'ampleur de la gaffe. Elle s'est fendue d'une petite mise au point publiée sur le site de «L'Express» : «Si j'ai pu blesser quelqu'un, j'en suis extrêmement désolée. J'ai juste voulu dire tout le mal que je pense de ces attaques ad hominem, qui dégradent l'information. Et le danger potentiel qu'elles représentent». Pour sa première sortie de première dame de France, l'exercice fut périlleux, avec une seule leçon de morale : Il n'est pas certain que le couple présidentiel quitte de sitôt le rayon polémique des médias. ------------------------------------------------------------------------ Extraits de l'entretien accordé par Carla Bruni à l'Express Pourquoi un mariage si discret, presque secret, le 2 février ? Parce que tout ce qui n'est pas caché est considéré comme « mis en scène ». J'avais envie d'épouser l'homme que j'aime au moment que nous avions choisi. Peu importe le décorum, ce fut un vrai mariage, un mariage à nous (…) Mon voyage de noces fut une promenade de vingt minutes dans le parc du château de Versailles... Merveilleux voyage de noces tout de même. (...) Vous qui ne vous êtes jamais mariée, vous n'avez pas hésité... Je n'ai pas hésité. J'ai tout de suite eu envie de l'épouser. Il me semble qu'avec lui, rien de grave ne peut arriver. Nicolas n'est pas accroché à son pouvoir et c'est ce qui le rend courageux. J'aime être avec lui plus que tout. Auprès de lui a disparu une inquiétude que je ressentais depuis mon enfance. On me dit que tout cela est trop rapide. C'est faux: entre Nicolas et moi, ce ne fut pas rapide, ce fut immédiat. (...) Quel sera le style que vous chercherez à installer ? Je suis assez travailleuse, je ne suis pas particulièrement courageuse. Je ne cherche pas à installer de style particulier. Nicolas est courageux pour deux, il est très protecteur, très paternel. J'aime l'aventure. Or, c'est une grande aventure que d'accompagner un homme qui dirige la France. Ce serait dommage de ne pas la partager avec lui. Je voudrais, en premier lieu, écouter Nicolas, écouter les gens, écouter tous ceux qui savent, car je ne sais rien. J'aime comprendre, j'aime découvrir ce monde et observer le métier de mon mari. J'aime aussi observer les réactions que son action suscite chez les gens, ainsi que dans les médias. J'aime suivre tout ce qui se passe, j'aime lire tout ce qui s'écrit, même lorsque cela me fait mal. Je ne sais pas encore ce que je peux faire en tant que première dame, mais je sais comment je veux le faire : sérieusement (...).