La tomate marocaine devra faire face, dans les prochains jours, à une guerre ardue de la part des agriculteurs espagnols. Quatre régions autonomes espagnoles se sont réunies lundi 2 mars à Almeria pour signer, solennellement, une déclaration de guerre au Maroc. L'événement a été largement médiatisé en Espagne. Et, au lendemain de l'acte, les signataires ont reçu des messages de félicitation et de soutien émanant de toutes les régions de l'Espagne. Il faut dire que l'initiative était tant espérée et il fallait bien que quelqu'un ait le courage de faire le premier pas pour déclarer la guerre à l'ennemi public numéro un des agriculteurs espagnols : la tomate marocaine. En fait, le problème n'est pas nouveau. Cela fait des années que ce produit pose problème à des dizaines de milliers d'Espagnols qui s'estiment lésés par les avantages que l'accord de partenariat maroco-européen accorde aux exportations marocaines de tomate. Mais, aujourd'hui, ce qui semble avoir incité les Espagnols à sortir l'artillerie lourde, à monter toute une stratégie d'attaque et à signer une alliance de guerre, c'est le Statut avancé. «Un accord éventuel entre l'Union européenne et le Royaume du Maroc pourrait menacer nos intérêts comme pays, comme producteurs de tomate fraîche et comme agriculteurs», a indiqué Martin Soler, conseiller andalou de l'Agriculture lors d'un point de presse au terme de la cérémonie de signature de la déclaration conjointe. Appelée «Défense du secteur espagnol producteur et exportateur de tomate fraîche», cette déclaration a été cosignée par les représentants des gouvernements autonomes d'Andalousie, de Murcie, des Iles Canaries et de Valencia. Selon cet accord, lesdits gouvernements se chargeront de faire pression sur la Commission européenne pour empêcher cette instance d'accorder des avantages à la tomate marocaine et la pousser à réduire le quota accordé aux exportations marocaines de ce produit vers les pays de l'UE. Pour ce faire, ils ont convenu de monter tout un dossier pour démontrer aux instances européennes le bien-fondé de leur requête. Les arguments qui y sont soulevés vont d'un prétendu dépassement par le Maroc du quota qui lui est réservé, à savoir 185.000 tonnes, à une accusation d'usage de produits chimiques interdits dans l'espace européen. Le dossier qui sera bientôt remis aux autorités européennes compétentes sera suivi, évidemment, d'actes de protestations à l'espagnole. Côté marocain, il faudrait peut-être préparer déjà ses contre-arguments pour faire face aux accusations contenues dans le dossier espagnol.