Repéré dans un premier temps dans le périmètre irrigué de Bouague, l'insecte déprédateur des tomates est en train de se propager dans les provinces de Berkane et Taourirt. Des dégâts importants et non habituels ont été constatés sur la tomate sous serre et de plein champ dès le mois de mai 2008. Ces dégâts se présentent en galeries sur feuilles présentant des formes de mines blanchâtres renfermant des petites larves de couleur crémeuse ou verdâtres. Les fruits sont également attaqués par les larves montrant des galeries et des nécroses sur les calices. Cela risque de réduire considérablement la production nationale en tomate et d'endommager les plantations C'est ce qui ressort d'une note généralisée par les services de la production agricole de l'Office régional de mise en valeur agricole de la Moulouya. Elle fait écho à l'apparition d'un nouveau ravageur de tomates qui a déjà endommagé le périmètre irrigué de Bouargue (province de Nador) et qui est en train de se propager dans les plantations de Berkane et de Taourirt. On estime la superficie menacée en plein champ de 526 hectares (Nador 275 Ha, Berkane 216 Ha et Taourirt 35 Ha), en plus des 65 Ha sous serre. Une grande partie est déjà ravagée par une chenille au nom de la Tuta absoluta. Ce qui représente un danger éminent pour la récolte de l'année prochaine. Pour faire face à ce fléau, les services de la production agricole de l'ORMVAM ont entamé une série de mesures au niveau de la sensibilisation et de la mise en garde afin de stopper la propagation de la chenille qui a déjà ravagé des centaines d'hectares. «Il faut tout mettre en place pour limiter les dégâts dans un premier temps et d'éradiquer le ravageur là où il est repéré ; tout en essayant d'éviter qu'il se propage et d'atteindre la région d'Agadir», a expliqué à ALM Yahia Ghoumari, chef du service de la production agricole à l'ORMVAM de Berkane. Les résultats des prospections réalisées par l'ORMVAM, la DPA de Nador, la DPVCTRF (Rabat) et la Chambre d'agriculture de Nador ont montré que le ravageur responsable des dégâts en question est le Tuta absoluta (Meyrick) qui est un micro lépidoptère de la famille des Gelechiidiae. Cet insecte déprédateur des cultures maraîchères a été signalé en 2007 en Espagne et en 2008 en Algérie. Originaire d'Amérique latine, il fait partie des espèces invasives qui s'accommodent aux conditions climatiques de l'Afrique du Nord et de l'Europe du Sud. Les enquêtes menées auprès des agriculteurs de la plaine de Bouargue ont laissé prédire que l'insecte a été attiré à Nador par la lumière des bateaux qui assurent la liaison Almeria Béni Nsar. D'autres agriculteurs avancent que son introduction dans la région a été préméditée pour nuire à la tomate marocaine. Ils avancent à cet effet que la tomate espagnole est très critiquée en Europe notamment en Hollande à cause de sa forte teneur en pesticides. Le Maroc qui bénéficie d'une large expérience dans le domaine de lutte contre ce type de chenilles est en mesure de contrôler sa propagation avant de la neutraliser et l'éradiquer pour de bon, rapporte-t-on auprès des services concernés. La technique la plus adoptée réside dans la combinaison d'un ensemble de traitements sous forme de lutte intégrée conciliant le biologique, le chimique et le culturale. Seul inconvénient : il faut attendre au moins deux ans pour décimer ce ravageur et que les fellahs maîtrisent la technique et la généralisent en pleins champs. Une procédure qui recourt à des triangles de piégeage contenant des phéromones à glue pour attirer le mâle. Ces pièges sont disponibles au Maroc et la technique est déjà appliquée dans une serre de Nador. Par ailleurs un prédateur de lutte biologique est déjà expérimenté dans une autre serre à Bouargue. Il s'agit de la propagation d'un autre insecte utile, qui se nourrit des Tuta absoluta. Les résultats seraient probants. Dans le but de maîtriser l'ensemble de ces techniques, l'ORMVAM en collaboration avec le service de la protection des végétaux de Nador et la chambre d'agriculture de Nador, a organisé deux journées de sensibilisation au profit de 70 agriculteurs.