Aux deux CHU de Rabat et Casablanca, il est connu par le Dr. Touzan Mohamed Najib. Alors qu'en fait, il n'est qu'un escroc qui a arnaqué plusieurs patients et causé la mort d'une avocate. Vêtu d'une blouse blanche et portant un stéthoscope, le Dr. Touzan Mohamed Najib se déplaçait avec confiance dans les couloirs des hôpitaux Avicenne à Rabat et Ibn Rochd à Casablanca. Il parcourait librement les services de cardiologie. Il s'adressait aux malades, les examinait, les soignait et leur prescrivait des médicaments. Il demandait même à certains d'entre eux de faire des analyses et des radiographies. Il croisait d'autres patients dans les couloirs, leur demandait de se préparer pour les interventions chirurgicales, leur fixait des rendez-vous et empochait l'argent pour disparaître ensuite et réapparaître après s'être assuré que sa victime ne le cherche plus à l'hôpital. Est-il vraiment un médecin ? En fait, les éléments de la police judiciaire de Rabat n'ont pas cru, quand ils ont reçu la première plainte, qu'un vrai médecin peut «se jouer» de la santé d'êtres humains pour le seul objectif de récolter de l'argent. Ce qui compte pour un médecin, ayant prêté le serment d'Hippocrate, est de dispenser des «soins gratuits à l'indigent» et de «ne jamais demander salaire en contrepartie de son travail». Or, le Dr. Touzan Mohamed Najib exigeait d'abord le versement des frais des interventions chirurgicales qu'il devait faire aux patients. Le cas d'une avocate stagiaire au barreau de Khenifra était le plus scandaleux. Cardiaque, l'avocate a été conduite par sa famille à l'hôpital Avicenne à Rabat. Sauf que son destin l'a conduite entre les mains du Dr. Touzan Mohamed Najib, qui disposait de cartes visite signalant qu'il est cardiologue, chirurgien agrégé et professeur à la Faculté de médecine de Rabat. Celui-ci lui a promis de l'opérer. Il lui a fixé un rendez-vous après avoir empoché la bagatelle de 70 mille dirhams. Le jour «J», l'avocate stagiaire, soutenue par sa famille, est arrivée pour être opérée. Malheureusement, le faux médecin n'a pas donné signe de vie. Quand la femme s'est rendue compte qu'elle était victime d'un escroc, elle était choquée. Le choc lui a provoqué un arrêt cardiaque fatal. Certes, la jeune avocate était la seule à rendre l'âme des suites des mensonges du faux médecin. Mais elle n'était pas sa seule victime. Il a déplumé plusieurs autres patients. Pour ces raisons, les limiers de la PJ de la capitale ont diligenté une enquête minutieuse. Celle-ci s'est soldée, mardi dernier, par l'arrestation du mis en cause à l'hôpital universitaire Ibn Rochd à Casablanca. Ce faux médecin, âgé de 51 ans, qui ne dispose que d'un niveau de 2ème année à la Faculté des sciences à Casablanca, a reconnu ses actes criminels. Il a avoué avoir lu plusieurs livres de médecine avant de se faire passer pour médecin. Ce qui lui a permis d'induire également en erreur les médecins des deux hôpitaux avec lesquels il discutait de sujets relatifs à la médecine. Le faux médecin a été traduit, vendredi dernier, devant la justice.