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Ereutophobie: Visages écarlates et une peur bleue d'affronter les autres
Publié dans MAP le 02 - 03 - 2010

Il y a plus de trois mois que Yassine (21 ans) n'a pas mis les pieds à l'université. Et pour cause, il souffre d'éreutophobie, une phobie sociale dont les principaux symptômes sont une crainte obsessionnelle de rougir en public et une peur paralysante d'affronter les autres.
Abdellatif Abi-Kacem
Ce jeune casablancais, parvenu à grande peine en deuxième année de droit, a commencé à s'isoler progressivement avant de décider, cette année, de suspendre les études jusqu'à ce qu'il guérisse de sa maladie et vaincu sa peur de prendre la parole en classe.
Les encyclopédies médicales définissent la maladie de Yassine comme l'éreutophobie, un mot d'origine grecque qui signifie peur de rougir en public.
Ereutophobie: le diagnostic
Selon le Dr Mehdi Paes, psychiatre-psychothérapeute et ancien médecin-chef de l'hôpital universitaire Arrazi de Salé, l'éreutophobie s'explique par deux facteurs: héréditaire et socio-éducatif. Les personnes atteintes perdent généralement la faculté de communication avec les autres à cause de dysfonctionnements au niveau de leur environnement ou de leur éducation.
Dans un entretien à la MAP, Dr Paes a expliqué que le rougissement du visage devient maladif lorsqu'il est accompagné d'une crainte d'affronter les autres, soulignant que l'éreutophobie n'est pas une maladie en soi, mais un symptôme de cette phobie sociale qui touche un million de personnes au Maroc, selon la première enquête nationale sur la santé mentale.
Le rougissement, qui touche généralement les enfants et les adolescents en raison de la grande sensibilité qui caractérise leur état affectif, est une réaction biologique à l'inquiétude du patient d'être au centre de l'attention des autres. Le patient, qui se trouve par exemple attablé dans un restaurant, pense que tous les regards sont braqués sur lui que tout le monde juge son attitude.
Bien que ceci soit une situation imaginaire, ajoute Dr Paes, la crainte de rougir en public affecte durement le patient, freine son intégration naturelle dans la société et le pousse à s'isoler.
Ereutophobe: tranches de vie
Yassine a confessé avoir eu parfois un "désir de mort" pour mettre fin à cet "enfer insupportable" dans lequel il se trouve cloîtré. Autant il est incapable de dissimuler son rougissement en public et de s'intégrer dans la société, autant il ne supporte pas les railleries de ses amis lorsque son visage vire au rouge.
Le Dr Paes souligne que la souffrance endurée est telle que ''les moments de joie s'en trouvent perpétuellement reportés'', rappelant à ce propos l'exemple d'une doctorante française qui, à la veille de la soutenance de sa thèse, a été envahie par une peur incommensurable et a demandé que son passage devant le jury soit reporté à une date ultérieure.
Latifa (24 ans), licenciée en économie et titulaire d'un diplôme en informatique, est un autre exemple de ce déni involontaire de vivre sereinement. Au moment d'entamer un entretien d'embauche, son visage est envahi, malgré elle, par une érubescence paralysante et elle finit par fuir en se demandant si elle pourra un jour guérir de ce mal.
Ereutophobie: y a-t-il une solution?
Aux yeux du Dr Paes, l'éreutophobie peut être soignée de deux manières : le traitement psychique ou médical ou la conjugaison des deux.
Le traitement psychique ou comportemental est basé sur le renforcement de la confiance en soi pour que le patient puisse affronter progressivement les situations gênantes. Ce traitement peut s'étaler sur 15 à 30 séances avec un spécialiste.
Quant au traitement médical, qui pourrait durer 6 mois, il consiste à prendre des médicaments prescrits contre l'éreutophobie.
Par ailleurs, le Dr Paes est totalement opposé aux prescriptions de certains praticiens qui proposent d'en finir avec cette maladie à travers une chirurgie, mettant en garde contre les effets secondaires de ce genre d'opération connue sous le nom de ''sympathectomie thoracique haute''.
Dans le long processus de guérison, le patient peut s'aider de moyens technologiques d'expression pour cheminer progressivement vers la guérison. Il s'est fait également l'écho d'appels pour créer une association chargée de soutenir les personnes atteintes.
Internet: le refuge provisoire
Khaled Ahrichen, créateur du site web www.ereutophobie.webhosting-for-free.com http://www.ereutophobie.webhosting-for-free.com/ , ambitionne de sensibiliser le public sur cette maladie et sur la souffrance des patients, d'autant que l'éreutophobie est un tabou que peu de personnes osent aborder.
Ce site web comprend trois grands axes: Le premier tente de faire ''comprendre la maladie'', en donnant un aperçu sur l'histoire, l'origine et les facteurs qui déclenchent du mal ainsi que ses conséquences sur la vie du patient.
Le deuxième axe aborde différents types de traitement : psychique, médial et chirurgical, alors que le troisième se propose d'ouvrir un débat qui permettrait aux patients de témoigner.
M. Ahrichen, acteur de la société civile et étudiant en psychologie à Paris VIII (France), explique que l'intérêt de ce site en particulier, et de l'Internet en général, est qu'il permet au patient de s'exprimer de manière anonyme, sans peur de rougir, ce qui est en soi une solution provisoire.
Ce site se veut un forum virtuel des éreutophobes et constitue un premier pas vers des rencontres réelles, a ajouté Ahrichen, appelant les praticiens spécialisés et les familles des malades à réfléchir à la constitution d'une association propre qui apportera le soutien psychique et facilitera la guérison.
L'adhésion des malades à une association qui s'occupe exclusivement de leur mal serait un pas important vers la guérison et leur permettrait d'affronter les défis de la vie sans hésitation, sans défaitisme et sans appréhension du regard et du jugement d'autrui.


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