Mohamed Moujahid est un ancien détenu sahraoui qui a passé 17 ans de sa vie dans les geôles, lors des années de plomb. Il est devenu un membre très actif au sein du CCDH et du CORCAS. ALM : Vous avez été victime des années de plomb, que pensez-vous de la situation des droits de l'homme dans les provinces du Sud ? Mohamed Moujahid : Un grand pas a été réalisé en matière des droits de l'Homme dans les provinces du Sud durant la dernière décennie. Des débats sur ce sujet se sont tenus récemment à Laâyoune. Il faut aussi noter l'installation du bureau régional du Conseil consultatif des droits de l'Homme. Aujourd'hui, la région ouvre ses portes à toutes les personnes qui se sentent concernées par les droits de l'Homme. Nous avons notre propre expérience qui diffère de celle de l'Afrique du Sud, et des autres pays, comme c'est le cas pour le Sahara qui a abrité une audience régionale sur les droits de l'Homme. Celle-ci a permis d'ouvrir de nouvelles perspectives Comment se manifeste aujourd'hui cette évolution ? Le débat public qui s'est ouvert récemment à Laâyoune a connu une grande participation. Ce fut l'occasion d'ouvrir le débat sur toutes les questions épineuses. Cette initiative est venue contredire les rapports des ONG internationales. Ces ONG ont boycotté le débat public sur les droits de l'Homme à Laâyoune. Quelle lecture en faites-vous ? Le débat public de Laâyoune a démasqué ces ONG. Celles-ci ont été invitées au débat un mois au préalable, mais elles ont fini par décliner l'offre. Ce qui laisse poser beaucoup de questions sur les volontés réelles de ces ONG. Je pense que les droits de l'Homme ne doivent pas être utilisés pour mettre la pression sur certains pays. Et si les attitudes de ces ONG sont crédibles, pourquoi alors ont-elles refusé de se rendre à Laâyoune pour assister au débat. Elles auraient dû y assister et vérifier si toutes les questions épineuses ont été posées en toute liberté. Quelle comparaison faites- vous entre le Maroc d'hier et celui d'aujourd'hui ? Je pense que beaucoup de choses ont changé. L'arme et la violence ont cédé la place au dialogue. Malheureusement, les ONG internationales qui prétendent être des défenseurs des droits de l'Homme ont souvent, des références politiques. Et je le répète haut et fort, elles auraient dû venir et voir ce se qui se passe réellement sur le terrain. Et quelle est la place des provinces du Sud dans tous ces changements ? Le simple fait que vous me posiez des questions montre qu'il y a un débat franc et serein et prouve qu'il y a un changement. Il faut juste continuer à doubler des efforts pour ancrer ces acquis.