Le refus du parti ultra-orthodoxe séfarade Shass de participer au gouvernement de Tzipi Livni a pour conséquence la tenue d'élections législatives anticipées qui devraient se tenir fin janvier, début février 2009. En dépit de son indéniable popularité au sein de l'opinion publique israélienne, la «Dame de fer» de Kadima, Tzipi Livni, n'a pas réussi à mettre sur pied une coalition, fut-elle restreinte, lui permettant de succéder à Ehoud Olmert comme Premier ministre. L'actuelle ministre des Affaires étrangères s'est heurtée au refus du Shass, le parti ultra-orthodoxe séfarade, de participer à son gouvernement, faute d'avoir obtenu satisfaction sur ses deux exigences : une revalorisation substantielle des allocations familiales et l'engagement du futur Premier ministre de ne pas évoquer la question de Jérusalem lors des discussions de paix avec les Palestiniens. Pour de nombreux analystes, l'intransigeance dont a fait preuve Elie Yichaï, le dirigeant du Shass, en dépit de la position divergente de son rival, Aryeh Déry, est la conséquence d'un accord secret que celui-ci aurait passé avec le chef du Likoud, Benyamin Netanyahou, donné grand favori des prochaines élections.. Il se serait engagé à accorder satisfaction au Shass bien qu'il ait été à l'origine de la réduction drastique, en 2003, du montant des allocations familiales. Benyamin Netanyahou aurait également promis à Gil, le petit Parti des retraités (7 députés) de faire une large place à ses élus sur la liste du Likoud, poussant ainsi cette formation à refuser de participer à une éventuelle coalition restreinte dont Tzipi Livni n'avait pas écarté l'éventualité. Dans ces conditions, Tzipi Livni n'a eu d'autre solution que de reconnaître son échec, un échec auquel ne sont pas étrangères les manœuvres dirigées contre elle par deux de ses rivaux au sein de la formation centriste, le Premier ministre sortant Ehoud Olmert et le très droitier ministre des Transports Shaul Mofaz, que Tzipi Livni a battu de 500 voix aux primaires de Kadima. Compte tenu des délais impartis par la loi fondamentale israélienne, les élections législatives anticipées devraient se tenir soit le 27 janvier, soit le 17 février 2 009, et elles pourraient se traduire par une modification en profondeur de l'échiquier politique israélien. Pour de nombreux observateurs, le principal perdant de ce scrutin pourrait être le Parti travailliste qui passerait de 19 à 12 voire 10 élus et cesserait dès lors de jouer un rôle déterminant au sein de la vie politique israélienne. Si les urnes confirmaient ce verdict des principaux instituts de sondage, c'en serait fini du retour sur la scène politique de l'actuel chef du Parti travailliste, le ministre de la Défense et ancien Premier ministre, Ehoud Barak. La victoire attendue de Benyamin Netanyahou se traduira par un virage à droite de la diplomatie israélienne et par l'interruption des négociations de paix menées actuellement avec l'Autorité palestinienne et avec la Syrie. Cette perspective suscite de nombreuses inquiétudes en Israël. Car la tenue des élections législatives anticipées coïncidera avec l'expiration du mandat de Mahmoud Abbas à la tête de l'Autorité palestinienne. Or, Abou Mazen espérait profiter d'avancées significatives dans les discussions israélo-palestiniennes pour briguer un nouveau mandat et pour enrayer la popularité croissante en Cisjordanie du Hamas, déjà maître de Gaza. De nombreux spécialistes des questions sécuritaires estiment que l'échec du processus de paix, combiné avec la détérioration constante de la situation économique dans les Territoires palestiniens, pourrait se traduire par le déclenchement d'une troisième Intifada à laquelle les Arabes israéliens pourraient être tentés de participer. Deux autres facteurs pèseront lourdement sur la prochaine campagne électorale israélienne : l'arrivée probable à la Maison-Blanche du démocrate Barak Obama, réputé être moins favorable à Israël que George Bush Jr, et la menace de récession économique qui pourrait se traduire par de nombreux licenciements en Israël et dans d'autres pays de la région, notamment l'Egypte et la Jordanie. A nouveau, le spectre de la déstabilisation et de l'insécurité plane sur le Proche-Orient, réduisant à néant les espoirs nés de la tenue, en novembre 2007, de la Conférence de paix d'Annapolis, ou de la Conférence des donateurs qui s'était tenue à Paris en décembre 2 007.