Le déclenchement d'un nouveau scandale politico-financier, «l'affaire des enveloppes», dans lequel est impliqué l'actuel Premier ministre Ehoud Olmert, risque fort de pousser ce dernier à la démission. Soupçonné d'avoir reçu des centaines de milliers de dollars d'un homme d'affaires juif américain, Morris Talansky, le Premier ministre israélien Ehoud Olmert a tout tenté pour contrer les appels à sa démission émanant de larges secteurs de la classe politique et de l'opinion politique israéliennes. Le chef du gouvernement a ainsi profité d'un voyage aux Etats-Unis pour réaffirmer au président américain George Bush sa volonté de parvenir à un accord de paix avec les Palestiniens avant la fin 2 008. Il a également annoncé la reprise, sous l'égide de la Turquie, de pourparlers avec la Syrie. Enfin, avocat de formation, Ehoud Olmert a déployé sa parfaite connaissance de la procédure judiciaire pour entraver l'enquête ouverte contre lui par le parquet israélien, à la demande du conseiller juridique du gouvernement, Menny Mazuz. Rien n'y est fait. La contestation a gagné jusqu'aux rangs de son propre parti, Kadima, dont plusieurs dirigeants, en particulier la ministre des Affaires étrangères Tsippi Livni et le ministre de la Sécurité intérieure Avi Dichter, ont réclamé et obtenu la tenue d'élections primaires anticipées. Après s'y être opposé, le chef du gouvernement s'est résigné à donner son accord à l'organisation de ce scrutin. Il n'avait pas d'autre choix puisque ses partenaires au sein de la coalition au pouvoir, le Parti travailliste, le parti ultra-orthodoxe séfarade Shass et le Parti des retraités ont annoncé leur intention de voter en faveur d'un projet de loi déposé par le député Likoud Sylvan Shalom. Ce texte, qui devrait être discuté en première lecture le 25 juin, porte dissolution de la Knesset, du Parlement israélien. S'il est adopté, des élections législatives anticipées seront organisées et pourraient se tenir le 11 novembre 2 008, au lendemain des grandes fêtes juives d'automne. Cette crise politique n'a rien d'exceptionnel. Depuis l'assassinat, le 5 novembre 1995, du Premier ministre Yitzhak Rabin, aucun gouvernement israélien et aucun Parlement n'ont réussi à aller jusqu'au bout de leur mandat de quatre ans. Tour à tour, Shimon Peres, Benyamin Netanyahou, Ehoud Barak ont dû, pour des raisons différentes, soit dissoudre le Parlement, soit démissionner. Quant à Ariel Sharon, la maladie l'a éloigné définitivement du pouvoir mais il avait, auparavant, annoncé la tenue d'élections anticipées rendues nécessaires par le départ de sa coalition du Parti travailliste alors dirigé par le député d'origine marocaine Amir Peretz. Dans l'hypothèse d'élections législatives anticipées, le Likoud de Benyamin Netanyahou est donné comme grand vainqueur et pourrait prendre la tête d'une coalition regroupant, outre le Likoud, le Parti travailliste, le Shass et le parti russophone d'extrême droite Israël Beïtenou dirigé par Avigdor Lieberman. Cette alliance de «la carpe et du lapin » se solderait inévitablement par un échec et par une nouvelle crise politique. C'est la raison pour laquelle certains observateurs estiment plus judicieuse une autre solution, à savoir la démission immédiate de Ehoud Olmert et la désignation d'un nouveau Premier ministre issu des rangs de Kadima. Trois candidats sont en lice : Tsippi Livni, la ministre des Affaires étrangères, Avi Dichter, le ministre des Transports, et Méir Shetrit, le ministre de l'Intérieur. La désignation de ce dernier constituerait un véritable bouleversement politique. Né à Ksar es Souk, Méir Shetrit deviendrait ainsi le premier chef de gouvernement séfarade depuis la création de l'Etat d'Israël il y a soixante ans. Quoi qu'il en soit, les jours de Ehoud Olmert à la tête du gouvernement paraissent comptés et Israël devrait prochainement changer de Premier ministre.