Le Likoud ( Droite) et Kadima ( Centre) dans un mouchoir de poche, le Parti travailliste subissant un revers sans précédent, telles sont les prédictions des premiers sondages publiés après l'annonce de la tenue, le 10 février prochain, d'élections législatives anticipées. En se résignant à ne pas former une coalition restreinte, la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, pressentie pour succéder à Ehoud Olmert, a fait un choix périlleux mais qui pourrait s'avérer à la longue bénéfique. Les premiers sondages publiés par les différents quotidiens israéliens laissent entendre que sa formation, le parti centriste Kadima, pacifiste, devancerait de deux à trois sièges le Likoud, hostile à toute négociation de paix, ou serait à stricte égalité avec lui. Kadima se voit ainsi crédié de 31 sièges contre 29 au Likoud alors que le Parti travailliste dirigé par le ministre de la Défense, Ehoud Barak, passerait de 19 à 10 sièges. Cet effondrement du Parti travailliste est sans doute la principale information qu'il faut tirer de ces sondages qui seront progressivement affinés au fur et à mesure que l'on s'approchera de la date du scrutin, le 10 février 2009. Le Parti travailliste israélien pâtit indéniablement du manque de crédibilité des différents partis de gauche dans les démocraties occidentales. Son recul ressemble à celui du Labor britannique ou du Parti socialiste française : absence de leaders charismatiques, manque de programme et oubli des préoccupations sociales de leurs électeurs. Dans le cas israélien, ce recul constitue surtout un véritable camouflet pour le ministre de la Défense Ehoud Barak. Après avoir annoncé en 2 001 son retrait définitif de la vie politique, l'ancien Premier ministre avait repris les rênes du Parti travailliste, en juillet 2 007. Il s'était fixé pour objectif de concurrencer Kadima et de profiter de son image de « Monsieur Sécurité » pour rétablir la confiance des électeurs dans le Parti travailliste. Les observateurs remarquent que Ehoud Barak a échoué sur ces deux terrains. Les scandales financiers qui ont conduit à la démission d'Ehoud Olmert, l'actuel Premier ministre, de la tête de Kadima ne se traduisent pas par une chute de sa formation. Celle-ci demeure le premier parti politique israélien qui manque cruellement de militants. Mais l'opinion publique veut voir se développer un courant centriste, alliant attachement à l'économie de marché et volonté de faire progresser le processus de paix. C'est désormais Kadima qui incarne ce processus et non plus le Parti travailliste, une situation qui explique en partie la baisse spectaculaire des intentions de vote en sa faveur. Aujourd'hui, l'échec travailliste pousse vers la droite des électeurs travaillistes traditionnels qui se rallient au Likoud, cependant que la gauche, furieuse des atermoiements de Ehoud Barak, vis-à-vis du processus de paix qu'il a soutenu du bout des lèvres, préfère voter en faveur de Tzipi Livni, chef de la délégation israélienne lors des discussions israélo-palestiniennes entamées au lendemain de la Conférence d'Annapolis. L'autre enseignement de ces premiers sondages est que le parti ultra-orthodoxe séfarade Shass est loin de tirer avantage d'avoir été à l'origine de la crise politique ayant abouti à l'organisation d'élections législatives anticipées. Le très net recul du Parti travailliste et la marginalisation des partis ultra-religieux, si ils se confirmaient, pourraient bien se traduire par une modification en profondeur de l'échiquier politique israélien. En espérant que ces modifications verront, aussi, une large majorité se prononcer en faveur de la paix.