Les ennuis d'Ehoud Olmert ouvrent la voie au retour au pouvoir de Benyamin Netanyahou. Cette situation pourrait avoir de graves conséquences sur l'avenir des rapports israélo-palestiniens alors que la campagne électorale américaine empêche Washington de faire pression pour éviter l'escalade de la violence. Les jours d'Ehoud Olmert à la tête du gouvernement israélien paraissent être comptés. Soupçonné d'avoir reçu d'importantes sommes d'argent d'un richissime homme d'affaires américain, Morris Talansky, et d'escroquerie au remboursement de ses billets d'avion, le Premier ministre israélien a été abandonné par ses partisans. Les instances dirigeantes de son parti, Kadima, se sont finalement résignées à accepter la tenue, avant le 25 septembre prochain, d'élections primaires anticipées pour désigner leur nouveau chef. Hostile à l'avancement de ce scrutin, Ehoud Olmert a dû l'accepter pour éviter la dissolution de la Knesset, le Parlement israélien. En effet, son principal partenaire au sein de sa coalition gouvernementale, le ministre travailliste de la Défense Ehoud Barak, faisait savoir que, faute de primaires au sein de Kadima, sa formation voterait la motion de censure contre le gouvernement déposée par le Likoud. Celle-ci était assurée d'obtenir une large majorité à la Knesset, le Shass et le Parti des retraités s'étant ralliés à cette initiative. L'accord intervenu in extremis entre Ehoud Olmert et Ehoud Barak a permis d'éviter la chute du gouvernement, la dissolution du Parlement et la tenue d'élections législatives anticipées. Pour l'heure, l'opinion publique israélienne doit se contenter d'un scrutin interne à l'issue duquel les militants de Kadima auront à choisir, pour occuper les fonctions de Premier ministre, entre la ministre des Affaires étrangères Tsippi Livni et le ministre des Transports Shaül Mofaz. La première est donnée largement favorite par les sondages et pourrait donc succéder dès l'automne à Ehoud Olmert. Rien ne permet d'affirmer que ce changement de personne à la tête du gouvernement suffira à mettre un terme à la crise politique israélienne. Plébiscité par les électeurs en mars 2 006, Kadima n'a pas tenu les espoirs placés en lui par de nombreux observateurs, celui de voir une formation centriste mettre un terme à la bipolarisation de la vie politique entre le Likoud et le Parti travailliste. Kadima n'est pas devenu un parti politique de masse et subit aujourd'hui de plein fouet les contrecoups du discrédit jeté sur lui par la gestion catastrophique des affaires publiques par Ehoud Olmert. Tsippi Livni ne peut espérer pouvoir créer un sursaut salutaire. Pas plus que les Travaillistes israéliens dont la cote de popularité n'a jamais été aussi basse. Le refus d'Ehoud Barak d'aller à des élections législatives anticipées s'explique par sa crainte de voir sa formation être littéralement laminée par le résultat du scrutin. Les sondages prédisent en effet une large victoire du chef du Likoud, Benyamin Netanyahou. L'ancien Premier ministre est crédité d'au moins quarante sièges et est assuré de pouvoir constituer un gouvernement de coalition en s'alliant aux partis religieux et au parti russophone Israël Beïtenou dirigé par Avigdor Lieberman. La perspective d'un retour au pouvoir de Benyamin Netanyahou, soit à la faveur d'élections anticipées, soit lors de la fin de l'actuelle législature en mars 2 010, suffit d'ores et déjà à faire planer un doute sérieux sur le succès du processus de paix mis en œuvre au lendemain de la Conférence d'Annapolis. Les Palestiniens n'ont aucun intérêt à faire des concessions drastiques en échange d'un accord qui sera remis en question – Benyamin Netanyahou l'a d'ores et déjà annoncé – en cas de changement de la majorité parlementaire en Israël. Les discussions entre Israël et l'Autorité palestinienne ne sont pas les seules à être menacées par l'actuelle crise politique israélienne. C'est aussi le cas de la très provisoire trêve ( tahadiyeh) qui règne à la frontière entre Israël et la bande de Gaza depuis le mois de juin. Benyamin Netanyahou n'a pas fait mystère de son intention de déclencher, sitôt revenu au pouvoir, une offensive terrestre d'envergure pour chasser le Hamas de Gaza. Tous redoutent une escalade de la violence au Proche-Orient et ce d'autant plus que les Etats-Unis paraissent être dans l'incapacité de faire pression sur les uns et les autres pour prévenir un tel scénario. Les USA ne prendront aucune initiative majeure avant l'issue du scrutin présidentiel de novembre prochain appelé à trancher entre le sénateur républicain Jo Mc Cain et le sénateur démocrate Barak Obama. Il se pourrait bien que ce dernier, donné grand favori, hérite, en plus du dossier irakien, d'une situation très conflictuelle au Proche-Orient pour laquelle il ne semble guère être préparé !