Les mécontents du parti «Mouvement populaire» organiseront, le 8 mars courant, un sit-in devant le siège du parti à Rabat. Objectif : dénoncer «l'unilatéralisme» de la direction du parti. Les mécontents du Mouvement populaire (MP) veulent manier les symboles pour marquer leur ras-le-bol. Ils ont choisi le 8 mars, Journée mondiale de la Femme, pour tenir un sit-in devant le siège de leur parti à Rabat. C'est ce qui ressort d'un communiqué, qui porte la signature des courants appelés «Courant du redressement démocratique», dirigé par Mohamed Soukrat, «le Comité élargi pour la bonne gouvernance», présidé par Mohamed Mansouri, et « le Collectif des anciens parlementaires », dont le chef de file est Mohamed Boulahcen. Dans le même communiqué, dont une copie a été adressée au ministère de l'Intérieur, les initiateurs du mouvement, auquel se sont joints près de 2247 militants, organisés dans différentes structures du parti, dont le secteur de la femme harakie, évoquent «des violations flagrantes» de la loi sur les partis, par la direction actuelle du MP, jugée «formelle» et «illégitime». «Ce sit-in est le résultat d'un processus patient de combat pour la moralisation de la vie politique au sein du Mouvement populaire. Passer à cette forme de manifestation, n'est pas le fruit du hasard. Il intervient alors que la direction du parti continue de fuir en avant, au point de s'être totalement coupée de la base pour n'en faire qu'à sa tête», explique Mohamed Soukrat, qui souligne que l'enthousiasme avec lequel a été accueillie l'initiative du sit-in, révèle «le profond désaccord entre la direction et cette base». «D'autres courants et structures du parti viennent d'adhérer à notre mouvement. Je citerai en exemple le courant «Redressement du parcours», initié par Mohamed Akhtar, la Ligue des syndicats populaires, et … le Comité national de la femme harakie, présidée par Zahra Rachik, également présidente de l'Association «Femmes Action ». Et ce n'est pas tout … «Nous sommes en train de nouer des contacts avec des dirigeants au sein de la Jeunesse harakie, en vue de les associer à la manifestation», renchérit M. Soukrat. «Cette initiative intervient en raison du refus opposé par la direction du MP d'ouvrir un débat avec les bases sur le fonctionnement du parti», indique pour sa part le dirigeant du «Comité élargi pour la bonne gouvernance», Mohamed Mansouri, qui fait état de «nombreuses violations» de la loi sur les partis. L'ancien conseiller MP en veut pour exemple (et preuve) «le manque de transparence financière », «la mise en veilleuse de toutes les structures du parti », notamment le secteur féminin, la Jeunesse MP, et « la gestion arbitraire » des affaires du parti par sa direction « illégitime ». Pour les mécontents du parti haraki, le choix de « l'escalade » s'explique par « l'unilatéralisme » de cette direction, « qui continue de fuir en avant », au lieu de remédier à cette situation qui « empêche le parti de jouer le rôle qui lui échoit dans la transition du pays vers la démocratie. La même direction a procédé, début décembre 2007, au licenciement de nombre des cadres du parti, dont MM. Mansouri, et Soukrat, accusé d'être « un gauchiste ». « Tout militant qui revendique la moralisation de la vie politique au sen du MP, ou appelle à l'application de la méthodologie démocratique, se voit attribuer l'accusation d'être gauchiste », proteste M. Soukrat, qui appelle la direction du MP à assumer sa responsabilité dans la réforme du parti. Autrement, « nous allons envisager d'autres recours que le sit-in pour faire valoir nos revendications », met en garde M. Soukrat, qui évoque l'hypothèse d'organiser une marche, et constituer éventuellement un « Forum national pour la moralisation de la vie politique au MP, et le champ partisan en général ». Du côté de la direction du M, la tendance est plutôt à l'apaisement. Des contacts auront déjà été entrepris pour ouvrir un débat avec les mécontents. Mais du côté du « cap de la fronde », les jeux semblent avoir été faits. Il s'agit d'aller jusqu'au bout du combat.